Les pétrolières et gazières se réjouissent des sommes colossales qu'ils accumulent, alors que la plupart des gens ressentent les effets de la hausse des prix des carburants.

Les pétrolières et gazières se réjouissent des sommes colossales qu'ils accumulent, alors que la plupart des gens ressentent les effets de la hausse des prix des carburants. (Photo : Ulises Castillo sur Pexels)

La lignée de l’espèce humaine a survécu pendant plusieurs millions d’années grâce à une évolution merveilleuse et interconnectée de facteurs produisant de l’air à respirer, de l’eau à boire et des plantes, des champignons, des animaux et des minéraux pour se nourrir, s’abriter, se doter d’outils et se vêtir.

Pendant la plus grande partie de cette période, nos ancêtres ont vécu en relative harmonie avec la nature qu’ils partageaient. La vie n’était pas toujours facile, mais les gens vivaient dans les limites de ce que la planète et ses cycles stables d’eau, d’oxygène, de carbone, d’azote et d’autres éléments pouvaient permettre.

De nos jours, du fait de notre population croissante, de notre appétit et de notre orgueil, nous avons rompu l’équilibre, mettant en danger notre vie et la plupart des autres. Nous avons perdu notre chemin, notre place dans la nature.

Pendant de nombreuses années, aveuglés par la rapidité des avancées et des retombées technologiques, on aurait peut-être pu nous pardonner notre incapacité à voir la réalité en face, malgré les avertissements de ceux dont les analyses ont mis en évidence les failles de nos méthodes et de notre façon de penser.

Mais les crises environnementales croissantes d’aujourd’hui auraient pu être en grande partie évitées. Le concept de l’« effet de serre » est connu depuis au moins 1824, lorsque le mathématicien français Joseph Fourier a décrit la façon dont les gaz présents dans notre atmosphère retiennent la chaleur qui serait autrement rejetée dans l’espace, maintenant ainsi des conditions relativement stables pour la vie.

De nos jours, du fait de notre population croissante, de notre appétit et de notre orgueil, nous avons rompu l’équilibre, mettant en danger notre vie et la plupart des autres.

Depuis lors, de nombreux scientifiques ont démontré que le fait de pomper des quantités croissantes de gaz comme le dioxyde de carbone et le méthane – principalement par la combustion de charbon, de pétrole et de gaz – piègerait encore plus de rayonnement, réchauffant ainsi l’atmosphère et la planète.

Le consommateurisme axé sur le profit dans les régions les plus riches du monde, en particulier en Amérique du Nord, a favorisé un mode de vie centré sur la voiture, qui a amené à consommer des quantités toujours plus importantes de précieux carbone stocké dans le charbon, le pétrole et le gaz, au moment même où les scientifiques s’inquiétaient de plus en plus. En 1977, l’Office of Science and Technology Policy des États-Unis a envoyé une note de service au président Jimmy Carter intitulée « Release of Fossil CO2 and the Possibility of a Catastrophic Climate Change » (Le rejet de CO2 fossile et la possibilité d’un changement climatique catastrophique).

Précisant que « la concentration atmosphérique de CO2 est maintenant de 12 % supérieure au niveau d’avant la révolution industrielle et pourrait atteindre 1,5 à 2,0 fois ce niveau d’ici 60 ans », la note avertissait que cela « provoquerait un réchauffement climatique mondial de 0,5 à 5 °C », ce qui « pourrait être catastrophique et nécessiter une évaluation des impacts d’une importance et d’une difficulté sans précédent ».

Nous avons perdu notre chemin, notre place dans la nature.

Cette note s’appuyait en partie sur des recherches spatiales, atmosphériques et océaniques réalisées pour le président Lyndon Johnson en 1965, qui ont révélé que la combustion de combustibles fossiles ajoutait des milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

La solution, toujours selon la note, consistait à élaborer une stratégie énergétique à long terme qui comprenait des mesures de conservation de l’énergie, l’énergie nucléaire et, pour éviter de trop dépendre de l’économie de l’énergie nucléaire, la recherche sur l’énergie solaire, la biomasse et d’autres sources renouvelables.

Y voyant une menace pour leurs activités extrêmement lucratives, les dirigeants du secteur ont lancé une campagne à grande échelle pour nier ou minimiser les preuves de plus en plus nombreuses que leurs actions menacent notre survie, ou pour semer la confusion à ce sujet. C’est une campagne qui se poursuit encore aujourd’hui.

Maintenant que les niveaux de CO2 dans l’atmosphère sont plus de 50 % plus élevés et que la température moyenne mondiale est supérieure d’au moins 1,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle, nous en voyons les conséquences : dômes de chaleur, conditions météorologiques extrêmes, sécheresses, inondations, élévation du niveau des mers, crises de réfugiés, extinction d’espèces… la liste est longue, et la situation va empirer à moins que nous cessions de brûler des combustibles fossiles.

Maintenant que les niveaux de CO2 dans l’atmosphère sont plus de 50 % plus élevés et que la température moyenne mondiale est supérieure d’au moins 1,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle, nous en voyons les conséquences.

Pourtant, une enquête du Guardian nous apprend que, avec la complicité des gouvernements, les plus grandes sociétés de combustibles fossiles du monde planifient des dizaines de grands projets pétroliers et gaziers qui feraient dépasser les limites de température convenues à l’échelle internationale avec des répercussions mondiales catastrophiques. Le Canada est l’un des pays qui ont les plus grands plans d’expansion et le plus grand nombre de bombes à émission de carbone et dont les subventions aux sociétés de combustibles fossiles sont parmi les plus élevées.

Pendant ce temps, les dirigeants du secteur des combustibles fossiles se réjouissent des sommes considérables qu’ils accumulent, même si la plupart des gens ressentent les effets de la hausse des prix du carburant. Le PDG de BP, Bernard Looney, dont le salaire a plus que doublé de 2020 à 2021 pour atteindre près de 6 millions de dollars américains en raison de la hausse des prix du pétrole et du gaz, a décrit son entreprise comme une « vache à lait ». De son côté, le directeur des finances de l’entreprise, Murray Auchincloss, a déclaré dans un discours en février : « Bien sûr, il est possible que nous obtenions plus d’argent que nous ne savons quoi en faire. »

Nous avons encore le temps, et des solutions, pour ralentir les conséquences du dérèglement climatique et résoudre la crise, mais notre créneau se rétrécit de jour en jour. Nous devons mettre fin à la cupidité et aux excès et trouver la voie vers un avenir meilleur et plus sûr pour tous.