chèque de retoru de taxes du gouvernement du Canada

Pour s’assurer que la redevance carbone du Canada (qui, par définition, n’est pas une taxe) ne fasse pas grimper le coût de la vie, le gouvernement verse une remise trimestrielle, récemment renommée « Remise canadienne sur le carbone ».

Mettre un prix sur les émissions de carbone issues de la combustion de charbon, de pétrole et de gaz est une solution qui a fait ses preuves pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles, économiser de l’énergie et faire la transition vers les sources et les technologies renouvelables.

Certain.e.s politicien.ne.s se sont saisi de la taxe carbone pour en faire leur épouvantail populiste. Leur discours empeste la désinformation, à un moment où les politiques salutaires et l’information crédible manquent cruellement (article en anglais).

Pour s’assurer que la redevance carbone du Canada (qui, par définition, n’est pas une taxe) ne fasse pas grimper le coût de la vie, le gouvernement verse une remise trimestrielle, récemment renommée « Remise canadienne sur le carbone ». Par ce moyen, on redonne 90 % de l’argent prélevé aux ménages, plus de huit fois sur dix le montant payé pour la redevance, particulièrement aux familles à revenu faible et moyen. Les personnes qui habitent en zone rurale obtiennent une remise supplémentaire. Réduire l’utilisation des énergies fossiles donne une longueur d’avance aux ménages. Plusieurs ressentent de l’inquiétude à l’idée de perdre ces remises, et à juste titre.

Grâce aux efforts de l’industrie des combustibles fossiles et à ses appuis gouvernementaux et médiatiques, l’exploitation du charbon, du pétrole et du gaz continue d’augmenter, entraînant une hausse des émissions, du réchauffement mondial et du coût de la vie.

Le coût de la vie est certainement en hausse, mais pas à cause de la taxe carbone qui, selon la Banque du Canada, contribue à un minuscule 0,15 % de l’inflation (article en anglais). L’appât du gain de l’industrie de l’énergie fossile et les marchés pétroliers volatils pèsent beaucoup plus lourd dans la balance, surtout depuis que les grandes pétrolières tirent parti de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

La transition vers l’énergie renouvelable – désormais moins coûteuse que l’énergie fossile – diminue la facture des ménages et favorise la stabilité des prix. Les thermopompes, les véhicules électriques et le transport en commun efficace font aussi économiser des coûts.

Nous devons employer tous les outils à notre disposition pour empêcher la planète d’atteindre des températures catastrophiques. La taxe carbone, qui compte parmi ces nombreux outils, s’avère efficace, en plus d’être moins coûteuse économiquement que les autres politiques. Comme mentionné dans une lettre ouverte (en anglais) signée par plus d’une centaine d’économistes, « la taxe carbone est l’approche la plus économique parce qu’elle donne à chaque personne et entreprise la souplesse de choisir la meilleure façon de réduire son empreinte carbone ».

Il est important de ne pas reculer. L’année dernière, la planète a fracassé un autre record de chaleur. À 1,48 °C de plus que la moyenne préindustrielle, nous nous rapprochons dangereusement de la limite de 1,5 °C à ne pas dépasser, convenue par les pays au sommet sur le climat en 2015 à Paris (COP21). Or, c’est peut-être déjà trop tard pour cette année.

« La taxe carbone est l’approche la plus économique parce qu’elle donne à chaque personne et entreprise la souplesse de choisir la meilleure façon de réduire son empreinte carbone ».

Nous sommes désormais témoins des conséquences dévastatrices et coûteuses du réchauffement : feux de forêt en hausse, dômes de chaleur, sécheresses, pénuries d’eau, ouragans et inondations intenses, extinctions et perte de biodiversité, problèmes de santé et mortalités attribuables à la pollution et à la chaleur, migrations croissantes de personnes fuyant les régions inhabitables.

Grâce aux efforts de l’industrie des combustibles fossiles et à ses appuis gouvernementaux et médiatiques, l’exploitation du charbon, du pétrole et du gaz continue d’augmenter, entraînant une hausse des émissions, du réchauffement mondial et du coût de la vie.

En plus d’augmenter régulièrement le prix des combustibles à l’origine de ces résultats désastreux, il nous faut également freiner l’industrie, par exemple en taxant les profits faramineux et en arrêtant les subventions, qui se sont élevées à 18,6 milliards de dollars au Canada l’année dernière. (La taxe canadienne sur le carbone a commencé à 20 $ la tonne en 2019 et devrait augmenter de 15 $ la tonne par an jusqu’en 2030. Elle est passée à 80 $ la tonne le 1er avril.)

Pour que la planète reste habitable pour les êtres humains et les autres formes de vie, nous devons cesser de brûler des combustibles fossiles, qui deviennent rares et coûteux, d’autant plus que nous dépendons de plus en plus de combustibles sales, plus difficiles à exploiter et à traiter, tels que le bitume des sables bitumineux.

Ce n’est pas le moment de se défaire de politiques efficaces, ou encore, de les édulcorer. Les personnes qui s’en prennent à la taxe carbone avec des informations fausses et trompeuses ne proposent pas d’autres solutions, et encore moins des solutions aussi rentables que la tarification du carbone.

Du simple point de vue du coût de la vie, il est également absurde de continuer à remplir les poches des patron.ne.s des grandes compagnies pétrolières engrangeant des profits obscènes et bénéficiant de subventions massives (article en anglais). Alors que les technologies liées aux énergies renouvelables font des avancées rapides et que les coûts baissent à vue d’œil, les prix des combustibles fossiles continuent de monter en flèche, augmentant par le fait même les coûts de nombreux biens et services de première nécessité, comme le transport et le chauffage domestique. Les dommages causés par le climat à tous les secteurs, de l’agriculture à la santé humaine, font également grimper les coûts pour tout le monde.

Les économistes estiment avec prudence que les conséquences des changements climatiques coûteront à l’économie canadienne « au moins 35 milliards de dollars d’ici 2030, et beaucoup plus dans les décennies à venir » (source en anglais).

Nous sommes indéniablement au cœur d’une crise climatique. Ce n’est pas le moment de se défaire de politiques efficaces, ou encore, de les édulcorer. Les personnes qui s’en prennent à la taxe carbone avec des informations fausses et trompeuses ne proposent pas d’autres solutions, et encore moins des solutions aussi rentables que la tarification du carbone.

Nous devons faire beaucoup plus, et non pas moins, pour le bien de la population actuelle et des générations à venir. Notre avenir dépend des choix que nous faisons aujourd’hui. Faisons en sorte qu’il soit plus radieux.