Comme pour la plupart des activités humaines, nous avons exploité et pollué les océans sans vraiment les comprendre. Nous en savons plus sur la Lune et Mars que sur ce qui se trouve sous les mers.
Nous savons cependant que les océans fournissent de l’oxygène et absorbent le dioxyde de carbone, ce qui les rend essentiels pour ralentir le dérèglement climatique. Ils représentent presque la totalité de l’espace vital de la planète et fournissent une grande partie de l’alimentation mondiale.
Étant donné que les pays ne sont responsables que des zones océaniques situées à une certaine distance de leurs côtes, les deux tiers environ de la superficie des océans qui constituent la haute mer ont été en grande partie laissés à la libre disposition d’activités telles que la pêche, l’exploitation minière et le transport.
Le Traité international de protection de la haute mer de l’ONU est essentiel à la réalisation de cet objectif pour les océans, puisqu’il crée un cadre juridique pour la mise en place d’un réseau de zones marines protégées et inclut des exigences sur les évaluations de l’impact environnemental dans les zones situées au-delà des juridictions nationales.
Cela pourrait bientôt changer. Le 4 mars, 193 nations se sont mises d’accord sur un traité historique pour protéger les eaux internationales. Celui-ci fait suite à la conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15) qui s’est tenue en décembre à Montréal. Les pays y ont convenu de protéger 30 % des terres et des océans d’ici à 2030. Le Traité international de protection de la haute mer de l’ONU est essentiel à la réalisation de cet objectif pour les océans, puisqu’il crée un cadre juridique pour la mise en place d’un réseau de zones marines protégées et inclut des exigences sur les évaluations de l’impact environnemental dans les zones situées au-delà des juridictions nationales.
Comme pour les conférences des parties sur le climat et la biodiversité, le traité établit une nouvelle COP pour garantir que les gouvernements se réunissent régulièrement et rendent compte de la gouvernance des océans et de la protection de la biodiversité.
Bien que ce projet ait été longuement élaboré, il faudra beaucoup d’efforts pour que ces promesses soient concrétisées. Le monde a organisé 27 COP sur le climat depuis 1995 et nous sommes toujours à la traîne pour résoudre cette crise qui s’aggrave rapidement. De plus, la plupart des pays n’ont pas respecté les accords internationaux sur la pêche en haute mer.
Bien que ce projet ait été longuement élaboré, il faudra beaucoup d’efforts pour que ces promesses soient concrétisées.
Le traité vise à assurer l’équité entre les nations et englobe, par exemple, l’égalité d’accès, le partage des avantages, le développement des capacités et le transfert de technologies pour les ressources génétiques marines – le matériel génétique des éponges marines, du krill, des coraux, des algues et des bactéries, qui « attirent de plus en plus l’attention des scientifiques et des entreprises pour leurs utilisations potentielles dans les médicaments et les produits cosmétiques », rapporte le Guardian (en anglais).
Toutefois, des inquiétudes ont été exprimées quant au fait que « les organismes déjà chargés de réglementer des activités telles que la pêche, la navigation et l’exploitation minière en haute mer pourraient continuer à le faire sans devoir procéder aux évaluations d’impact environnemental prévues par le traité ».
Le Canada, qui a accueilli le cinquième Congrès international des aires marines protégées (IMPAC5) en février, s’est engagé à protéger 25 % de ses eaux territoriales d’ici à 2025 puis 30 % d’ici à 2030, et à jouer son rôle en veillant à ce que les protections s’étendent à la haute mer. Le gouvernement fédéral a en effet décrété un moratoire sur l’exploitation minière en haute mer et s’est fixé pour objectif de créer dix nouvelles aires marines nationales de conservation.
Il a aussi travaillé avec le gouvernement de la Colombie-Britannique et les Premières Nations sur un plan destiné à établir un réseau d’aires marines protégées (AMP) dans la mer du Grand Ours, qui s’étend du nord de l’île de Vancouver jusqu’à la frontière de l’Alaska. Ce sera le plus grand réseau d’AMP au monde, dirigé par des personnes autochtones et développé en collaboration.
Le gouvernement fédéral collabore aussi avec les Nations autochtones pour établir une aire marine protégée cogérée, Tang.ɢwan – ḥačxwiqak – Tsig̱is, au large de la côte ouest de l’île de Vancouver, dans laquelle de vastes chaînes de montagnes sous-marines et des écosystèmes uniques en haute mer seront protégés des activités pétrolières et gazières, de l’exploitation minière en eaux profondes, de la pêche au chalut de fond et des déversements.
Mais même si des progrès significatifs ont été réalisés au cours des dernières années, nous ne pouvons pas relâcher notre vigilance.
Le gouvernement soutient aussi la fermeture de la pêche dans la zone autochtone protégée et conservée de Gwaxdlala/Nalaxdlala, créée par la Première Nation Mamalilikulla. Cette zone fera partie du réseau du Grand Ours.
La plupart des aires marines de conservation du Canada reconnaîtront l’importance de la réconciliation et du leadership autochtone. Nous constatons déjà des effets positifs. À la suite d’une action en justice menée par le Fonds mondial pour la nature Canada et la Fondation David Suzuki, représentés par Ecojustice, le groupe ExxonMobil a renoncé en mars à ses permis de prospection pétrolière et gazière sur la côte de la Colombie-Britannique. Le Canada a aussi accepté de cesser progressivement l’élevage de poissons dans des enclos à filet ouvert sur la côte ouest.
Ces accords, plans et actions nationaux et internationaux montrent ce qu’il est possible d’accomplir avec le leadership autochtone et avec la pression et les efforts du public, des scientifiques et des organisations de protection de la nature. Mais même si des progrès significatifs ont été réalisés au cours des dernières années, nous ne pouvons pas relâcher notre vigilance. Le monde prend enfin conscience des crises du climat et de la biodiversité. La protection des océans joue un rôle majeur dans la résolution de ces problèmes. Nous devons toutes et tous veiller à ce que les gouvernements tiennent leurs promesses.
Il n’y a pas de temps à perdre!