David visite les terres ancestrales des Haïdas

Lorsque je lui ai demandé ce qui se passerait si l’exploitation forestière se poursuivait et que les arbres étaient abattus, il a répondu simplement : « S’ils sont abattus, nous perdrons notre identité propre, je suppose ». (Photo: Wendy Ord)

Ce qui suit est adapté du prologue de l’édition du 25e anniversaire de The Sacred Balance: Rediscovering Our Place in Nature (L’Équilibre sacré : Redécouvrir sa place dans la nature (Greystone Books), paru en décembre.

En tant qu’animateur de la longue série télévisée The Nature of Things, j’ai appris dans les années 1970 l’existence de la lutte contre les coupes à blanc à Haida Gwaii, au large des côtes de la Colombie-Britannique. Depuis des milliers d’années, les Haïdas vivent sur ces îles. Les compagnies forestières ont dénudé une grande partie des îles par des coupes à blanc, ce qui avait suscité une opposition croissante.

Au début des années 1980, je me suis rendu à Haida Gwaii pour interviewer des bûcherons, des responsables de l’exploitation forestière, des bureaucrates du gouvernement, des environnementalistes et des personnes autochtones. L’une des personnes que j’ai interviewées était un jeune artiste Haïda nommé Guujaaw, qui avait mené l’opposition à l’exploitation forestière pendant des années.

Le chômage était élevé dans les communautés haïdas, et l’exploitation forestière générait des emplois dont on avait désespérément besoin. J’ai donc demandé à Guujaaw pourquoi il s’opposait à l’exploitation forestière. Il a répondu : « Notre peuple a déterminé que Windy Bay et d’autres régions doivent être laissées dans leur état naturel afin que nous puissions conserver notre identité et la transmettre aux générations suivantes. Les forêts, ces océans, voilà ce qui nous maintient encore aujourd’hui comme peuple haïda ».

Lorsque je lui ai demandé ce qui se passerait si l’exploitation forestière se poursuivait et que les arbres étaient abattus, il a répondu simplement : « S’ils sont abattus, nous perdrons notre identité propre, je suppose ».

C’était une simple déclaration dont les implications m’ont échappé à l’époque. Mais après réflexion, j’ai réalisé qu’il m’avait donné un aperçu d’une façon profondément différente de voir le monde. La déclaration de Guujaaw suggérait que pour son peuple, les arbres, les oiseaux, les poissons, l’eau et le vent font tous partie de l’identité haïda.

Mais après réflexion, j’ai réalisé qu’il m’avait donné un aperçu d’une façon profondément différente de voir le monde.

Depuis cet entretien, je suis un étudiant qui apprend des rencontres avec les peuples autochtones dans de nombreuses régions du monde. Du Japon à l’Australie, en passant par la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Bornéo, le Kalahari, l’Amazonie et l’Arctique, les peuples autochtones m’ont fait part de leur besoin vital d’être connectés à la terre. Ils considèrent la Terre comme leur Mère, qui, selon eux, nous donne naissance. De plus, la peau enveloppe notre corps mais ne définit pas nos limites car l’eau, les gaz et la chaleur qui se dissipent de notre corps rayonnent vers l’extérieur, nous reliant au monde qui nous entoure. Ce que j’ai appris, c’est une perspective selon laquelle nous sommes une partie inséparable d’une communauté d’organismes qui nous sont irrémédiablement liés.

Cette prise de conscience m’a également permis de constater que les environnementalistes comme moi avaient mal formulé le problème. Il n’y a pas d’environnement « là dehors » qui est séparé de nous. Nous ne pouvons pas gérer notre impact sur l’environnement si nous sommes notre environnement. Les peuples autochtones ont tout à fait raison : nous sommes né.e.s de la Terre et construit.e.s à partir des quatre éléments sacrés que sont la terre, l’air, le feu et l’eau. (Les hindou.e.s ajoutent un cinquième élément, l’espace).

Lorsque j’ai enfin compris la vérité de ces connaissances ancestrales, j’ai également réalisé que nous sommes intimement lié.e.s à notre environnement et que la notion de séparation ou d’isolement est une illusion. En lisant, j’ai compris que la science réaffirme encore et encore la profondeur de ces vérités ancestrales.

Les peuples autochtones ont tout à fait raison : nous sommes né.e.s de la Terre et construit.e.s à partir des quatre éléments sacrés que sont la terre, l’air, le feu et l’eau.

Nous ne sommes pas plus éloigné.e.s de la nature que toute autre créature, même au milieu d’une grande ville. Notre nature animale nous dicte nos besoins essentiels : air pur, eau propre, sol propre, énergie propre. Cela m’a conduit à une autre idée, à savoir que ces quatre « éléments sacrés » sont créés, nettoyés et renouvelés par la toile de la vie elle-même. S’il doit y avoir un cinquième élément sacré, c’est la biodiversité elle-même. Et tout ce que nous faisons à ces éléments, nous le faisons directement à nous-mêmes.

Au niveau le plus élémentaire, nous avons besoin des cinq éléments sacrés pour vivre une vie riche et pleine. Mais lorsque ces besoins fondamentaux sont satisfaits, une nouvelle série de besoins apparaît. Nous sommes des animaux sociaux, et la force la plus profonde qui façonne notre humanité est l’amour. Et lorsque cette exigence sociale vitale est satisfaite, alors un nouveau niveau de besoins spirituels apparaît comme une priorité urgente. C’est ainsi que je suis parvenu au réexamen fondamental de notre relation avec la Terre qui a conduit à The Sacred Balance (L’équilibre sacré).

Le défi de ce millénaire consiste à reconnaître ce dont nous avons besoin pour vivre des vies riches et gratifiantes, sans pour autant compromettre les éléments mêmes qui les assurent.