De 1970 à aujourd’hui, la population mondiale a plus que doublé en passant de 3,7 milliards à 8 milliards de personnes. Pendant ce temps, la population animale, elle, a chuté de 69 %!
Ce déclin catastrophique figure dans le « Rapport Planète Vivante 2022 » du Fonds mondial pour la nature (WWF), qui examine l’état de la biodiversité de la Terre selon les tendances des populations de mammifères, d’oiseaux, de poissons, de reptiles et d’amphibiens.
L’environnementaliste et auteur Bill McKibben mentionne sur son site Web (en anglais) que « la majorité du déclin survenu au cours des cinquante dernières années peut s’expliquer par la destruction des habitats : le désir des humains à l’échelle planétaire de toujours en vouloir plus, une acre à la fois ». Le dérèglement climatique causé par les activités humaines deviendra sous peu la cause principale de ce déclin, indique le rapport du WWF.
Le dérèglement climatique causé par les activités humaines deviendra sous peu la cause principale de ce déclin, indique le rapport du WWF.
La Convention sur la diversité biologique des Nations Unies a adopté l’Indice Planète Vivante du WWF en tant qu’« indicateur de la progression de ses objectifs 2011-2020 » et pour son « rôle important dans la surveillance de la progression des objectifs et des cibles après 2020 qui seront négociés à la COP15 en décembre ». Cela est essentiel puisque nous avons encore du temps – même si beaucoup moins qu’avant – pour changer les choses.
La Convention sur la diversité biologique des Nations Unies qui se tiendra à Montréal en décembre (COP15) offre une chance d’améliorer et d’approuver le nouveau Cadre mondial de la biodiversité, un plan qui vise à protéger et restaurer la nature au cours des prochaines décennies. Cependant, compte tenu de la COP15 et du Sommet sur le climat des Nations Unies (COP27) en Égypte au mois de novembre, nous devons reconnaître que le climat et la biodiversité sont reliés.
Comme le rapport du WWF l’indique : « La preuve est irréfutable – nous vivons deux crises, l’une est le déclin de la biodiversité et l’autre provient des changements climatiques; toutes deux sont causées par l’utilisation non durable des ressources de notre planète. Les scientifiques sont clairs, si nous continuons de traiter ces deux problèmes séparément, aucun des deux ne sera réglé efficacement. »
Stabiliser et renverser cette tendance alarmante nécessitera « plus d’efforts de conservation, ainsi qu’une production et une consommation plus durables, indique le rapport en ajoutant que toutes ces actions sont nécessaires. Nous observerons un renversement du déclin, et ce, à la vitesse dont nous avons besoin, seulement si ces trois mesures sont prises ».
La Convention sur la diversité biologique des Nations Unies qui se tiendra à Montréal en décembre (COP15) offre une chance d’améliorer et d’approuver le nouveau Cadre mondial de la biodiversité.
Le WWF montre comment les lois peuvent être efficaces pour inverser les dommages. Il indique que l’ONU a reconnu en 2021 que « tous les habitants de la planète ont droit à un environnement propre, sain et durable », et que les pays à l’avant-garde de ce mouvement y voient déjà des avantages : « Le Costa Rica a ajouté le droit à un environnement sain dans sa constitution en 1994. Son électricité est dorénavant composée à 99 % d’énergie renouvelable. Des lois interdisent les mines à ciel ouvert et l’exploitation du pétrole et du gaz. L’impôt sur les émissions carboniques est remis aux communautés autochtones et aux fermiers pour la restauration des forêts. Leur capacité est aujourd’hui doublée. » (Par ailleurs, le Canada ne reconnaît toujours pas le droit à un environnement sain dans sa législation.)
Le rapport mentionne plusieurs solutions et exemples de réussites dans le renversement du déclin de la nature, comme démanteler des barrages ou utiliser des infrastructures naturelles. (Dans son article, McKibben mentionne les résultats d’une étude : « lorsque quelques petits barrages désuets en Nouvelle-Angleterre ont été démantelés, les populations de harengs sont passées de quelques milliers à quelques millions, ce qui a sans doute beaucoup aidé les espèces qui mangent le hareng ».)
Les conséquences de ces deux crises ne sont pas réparties en parts égales. « Les changements climatiques et la perte de biodiversité sont non seulement des enjeux environnementaux, mais constituent également des problèmes pour l’économie, le développement et la sécurité, ainsi que pour l’aspect social, moral et éthique », dit l’étude du WWF, qui note que même si les pays industrialisés sont en grande partie responsables des dommages environnementaux à l’échelle de la planète, ce sont les pays en développement qui sont les grandes victimes de la perte de biodiversité. Nous n’avons qu’à comparer la baisse de 20 % de la biodiversité en Amérique du Nord à celle de 94 % en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Les changements climatiques et la perte de biodiversité sont non seulement des enjeux environnementaux, mais constituent également des problèmes pour l’économie, le développement et la sécurité, ainsi que pour l’aspect social, moral et éthique.
La plupart des gens sont tellement déconnectés de la nature qu’ils ont de la difficulté à comprendre les conséquences du déclin des animaux. Mais tout est interrelié. Lorsque des écosystèmes perdent des éléments, ils peuvent changer drastiquement ou même disparaître. À force de détruire des habitats, nous rencontrons de plus en plus souvent des micro-organismes pouvant créer des pandémies. Du réseau alimentaire aux systèmes naturels, lorsque des formes de vies disparaissent – que ce soit des plantes, des champignons, des invertébrés ou des vertébrés – tout ce dont nous avons besoin pour survivre est touché.
À travers le monde, des organismes environnementaux, dont le WWF, demandent aux négociateurs de la COP15 que la mission du Cadre mondial de la biodiversité pour les dix prochaines années soit d’arrêter et d’inverser le déclin de la nature d’ici 2030 et d’obtenir une restauration complète d’ici 2050, de même que « d’accepter des objectifs clairs et fondés sur la science, ainsi que de tenir les gouvernements responsables de leurs engagements ».
Nous avons toutes et tous un rôle à jouer.