Les scientifiques ont déterminé que les castors actifs améliorent la santé des écosystèmes

Les scientifiques ont déterminé que les castors actifs améliorent la santé des écosystèmes (Photo : Francesco Ungaro sur Unsplash)

Les castors ont longtemps été considérés comme des nuisances. Ils abattent des arbres et bloquent les cours d’eau, inondant souvent les zones où les humains vivent et se rassemblent. Mais des initiatives récentes visant à laisser les castors tranquilles montrent qu’ils peuvent améliorer et restaurer les environnements naturels.

Tout comme d’autres animaux qui créent, modifient et entretiennent leur milieu, les castors sont qualifiés « d’ingénieur d’écosystème ». En effet, on constate que les castors actifs améliorent la santé de l’écosystème, augmentant la richesse en espèces à l’échelle du paysage. D’ailleur étude a découvert que dans le centre des Adirondacks, dans l’État de New York, l’ingénierie de l’écosystème par le castor conduit à la formation d’un vaste habitat humide capable de soutenir des espèces de plantes herbacées que l’on ne trouve pas ailleurs dans la zone riveraine.

En Europe, de nombreuses villes et municipalités réintroduisent des castors là où ils avaient été précédemment exterminés. En Écosse, des castors ont été relâchés dans une zone de 44 kilomètres carrés en 2009, après une absence de 400 ans. Les résultats positifs de cette expérience de cinq ans ont convaincu le gouvernement de laisser les castors en liberté.

Selon Wildlife Trusts, une organisation qui joue un rôle essentiel dans les efforts de réensauvagement en Europe, les castors et les paysages qu’ils façonnent sont bénéfiques pour les êtres humains et la faune en contribuant à réduire les inondations en aval. Les chenaux, les barrages et les habitats humides créés par les castors retiennent l’eau et la relâchent plus lentement après de fortes pluies. Ils réduisent également l’envasement. En outre, les milieux humides séquestrent le carbone, un processus essentiel pour lutter contre la crise climatique.

Les castors et les paysages qu’ils façonnent sont bénéfiques pour les êtres humains et la faune en contribuant à réduire les inondations en aval.

À Vancouver, les castors du parc Stanley ont créé un nouvel habitat humide, ce qui a limité le nombre d’espèces envahissantes comme les nénuphars. (Quelques interventions humaines ont été nécessaires, comme la protection d’un certain nombre d’arbres au moyen de treillis métalliques et la prise de mesures pour assurer le maintien des niveaux d’eau.)

Les castors ne sont pas les seuls animaux à aménager le milieu qui les entoure, le rendant souvent plus viable pour d’autres créatures. Beaucoup le font, ce qui a mené à des efforts à l’échelle mondiale pour réintroduire des espèces afin qu’elles remplissent les rôles qu’elles ont toujours joués dans le maintien d’écosystèmes sains.En fait, on pourrait dire que tous les animaux jouent un rôle actif dans le façonnement des lieux dans lesquels ils vivent, à divers degrés. Certains, comme la moule zébrée envahissante, peuvent remodeler les écosystèmes de façon négative. (L’être humain est, évidemment, l’animal responsable de certains des pires impacts!)

En fait, on pourrait dire que tous les animaux jouent un rôle actif dans le façonnement des lieux dans lesquels ils vivent, à divers degrés.

Selon Janet Marinelli du Yale Environment 360, « au cours des deux ou trois dernières décennies, la recherche a souligné l’importance des grands mammifères comme le bison en tant qu’ingénieurs d’écosystèmes, façonnant et maintenant les processus naturels et séquestrant de grandes quantités de carbone ». Elle fait remarquer que les bisons qui se vautrent sculptent « des dépressions ou des creux dans le sol où l’eau peut s’accumuler et maintenir des étendues d’herbe saines ».

Janet Marinelli ajoute que « leshabitats des récifs coralliens, créés par des espèces de coraux ingénieurs d’écosystèmes, abritent certaines des plus importantes concentrations d’espèces aquatiques au monde » et que « les chiens de prairie sont une autre espèce terrestre d’ingénieurs d’écosystèmes allogéniques, car ils ont la capacité d’effectuer des modifications considérables en creusant et en retournant le sol. » Leur comportement modifie « les sols et la végétation du paysage tout en offrant des couloirs souterrains pour les arthropodes, les oiseaux, d’autres petits mammifères et les reptiles ».

De même, la végétation marine, comme les zostères, est un point d’ancrage pour des écosystèmes marins sains, car les herbiers marins créent et modifient les éléments structurels de la mer. Comme le souligne la scientifique Sarah Berke, « les structures des habitats marins jouent une myriade de rôles bien documentés, fournissant un espace vital pour d’autres organismes et des refuges contre la prédation, augmentant l’hétérogénéité, modifiant les régimes hydrodynamiques et modifiant le dépôt de sédiments et de larves ». Selon une étude de la Fondation David Suzuki, la plantation de zostères et le long des berges et la réalimentation de plage peuvent réduire considérablement l’érosion et créer d’autres avantages pour les gens et la faune.

De même, la végétation marine, comme les zostères, est un point d’ancrage pour des écosystèmes marins sains, car les herbiers marins créent et modifient les éléments structurels de la mer.

L’ingénierie peut prendre diverses formes. La plus évidente est l’ingénierie structurale, dans laquelle les créatures créent ou modifient des éléments de leur habitat. Mais, comme le remarque Sarah Berke, les ingénieurs modifient également les environnements chimiques et même les niveaux de lumière entrant dans un paysage terrestre ou marin. « En modifiant la lumière, le plancton et les organismes filtreurs sont comparables aux organismes terrestres qui font de l’ombre, dont la plupart, sinon tous, sont des ingénieurs de structures. Dans les systèmes terrestres, donc, l’ingénierie de la lumière chevauche entièrement l’ingénierie structurale, tandis que dans les systèmes marins, la lumière est largement contrôlée par des organismes qui ne créent pas destructure. »

Au bout du compte, lorsque des populations d’animaux sauvages disparaissent, nous ne perdons pas seulement les animaux eux-mêmes, nous perdons aussi la version du monde qui a été façonné, en partie, par leur action. Le résultat, comme beaucoup de nos répercussions, est un écosystème moins sain et plus monoculturel, qui ne reflète que l’activité humaine.