Il faut changer de cap et transformer non seulement nos systèmes énergétiques et économiques, mais aussi nos modes de pensée. C’est la grande majorité de la population mondiale qui en profitera. (Photo : Kourosh Qaffari via Pexels)

Pour résoudre la crise climatique, il faut que tout le monde y mette du sien. Mais pour véritablement renverser la vapeur, nous avons besoin d’une transformation qui nous affranchisse d’un consumérisme motivé par l’appât du gain. Chaque geste individuel compte : conduire moins, réduire sa consommation de viande, chauffer la maison avec une thermopompe plutôt que les combustibles fossiles.

Mais le plus grand obstacle à la sortie de la crise climatique et d’autres crises réside dans la puissance et la richesse démesurées que les grandes entreprises et les personnes très fortunées – ainsi que les entités contrôlées par l’État – ont accumulées grâce au système économique mondial.

Selon une étude récente réalisée par une équipe de recherche de renommée mondiale pour la base de données Carbon Majors, seulement 57 entreprises pétrolières, gazières, charbonnières et cimentières – privées et publiques – seraient responsables de pas moins de 80 % des émissions de dioxyde de carbone d’origine fossile générées mondialement depuis l’accord de Paris sur le climat de 2016. Malgré les engagements internationaux pris pour réduire les émissions, au cours des sept années suivantes, on a constaté que 65 % des entreprises publiques et 55 % des entreprises privées avaient augmenté leur production – principalement les investisseurs Exxon, Shell, BP, Chevron et Total Energies (article en anglais). Des sociétés d’État telles que Saudi Aramco, Gazprom et la société nationale iranienne de pétrole ont également augmenté leur production.

À voir tout ce qui se passe dans le monde, du dérèglement climatique croissant aux écarts de richesse grandissants, en passant par de graves conflits mondiaux, en grande partie liés aux « ressources », il est clair que nous nous dirigeons vers un mur.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, « arriver à la carboneutralité d’ici 2050 n’exigera rien de moins que la refonte complète du système énergétique mondial ». Ou, dans les mots de Fatih Birol, directeur général de l’Agence et économiste de l’énergie mondialement reconnu, « l’arrêt des investissements dans le pétrole, le gaz et le charbon » (source en anglais).

L’Agence internationale de l’énergie ajoute : « Le chemin est étroit, mais praticable. Et il promet d’immenses retombées positives pour la prospérité et le bien-être de l’humanité. »

Évidemment, c’est ce que veulent la plupart des gens. Hélas, dans notre système économique mondial, seule une poignée de personnes détiennent les rênes du pouvoir, même dans les démocraties. Le système encourage une accumulation et une concentration massives de la richesse et de la puissance. C’est absurde.

Un rapport d’Oxfam (en anglais) révèle que les cinq hommes les plus riches du monde ont plus que doublé leur richesse depuis 2020, au rythme de 14 millions de dollars par heure! Entre-temps, au moins cinq milliards de personnes se sont appauvries sur la planète. Le simple fait que des milliardaires existent – et qu’on pourrait bientôt voir apparaître des billionnaires si on ne change pas de cap rapidement – est une preuve accablante des terribles lacunes de notre système économique. Surtout alors que tant de gens sont aux prises avec la hausse du coût de la vie, de longues heures de travail, des emplois précaires et souvent dangereux et les effets grandissants des changements climatiques.

C’est pourquoi il faut changer de cap et transformer non seulement nos systèmes énergétiques et économiques, mais aussi nos modes de pensée. C’est la grande majorité de la population mondiale qui en profitera, sans parler de toutes les autres formes de vie qui partagent cette petite planète bleue.

Personne n’a besoin d’un milliard de dollars, ni de jets privés, d’immenses yachts et de manoirs énergivores. Si vous pensez que certaines personnes doivent bien mériter leur fortune si elle a été gagnée à la sueur de leur front et grâce à leurs idées brillantes, dites-vous que « l’ensemble des milliardaires de moins de 30 ans dans le monde entier ont hérité de leur richesse », comme on peut le lire dans The Guardian. Et que le transfert massif de richesse s’accélère.

La plupart des gens prêtent peu attention à tout ce qui se passe autour d’eux parce qu’ils sont en mode survie, trop occupés à essayer de joindre les deux bouts, alors que le coût de la vie grimpe et que le travail devient plus difficile. Les personnes qui amassent des richesses obscènes veulent qu’il en demeure ainsi, en particulier celles qui sont impliquées dans des entreprises aux activités mortelles, comme l’exploitation des combustibles fossiles. Elles achètent des politicien.ne.s et des médias pour promouvoir leurs intérêts et trompent la population en prétendant que tout va bien et que tout le monde peut améliorer son sort à condition d’essayer plus fort.

À voir tout ce qui se passe dans le monde, du dérèglement climatique croissant aux écarts de richesse grandissants, en passant par de graves conflits mondiaux, en grande partie liés aux « ressources », il est clair que nous nous dirigeons vers un mur. Les seules personnes qui en profitent réellement sont les plus riches, mais même elles ne prospéreront pas sur une planète moribonde.

La plupart des gens prêtent peu attention à tout ce qui se passe autour d’eux parce qu’ils sont en mode survie, trop occupés à essayer de joindre les deux bouts, alors que le coût de la vie grimpe et que le travail devient plus difficile.

C’est pourquoi il faut changer de cap et transformer non seulement nos systèmes énergétiques et économiques, mais aussi nos modes de pensée. C’est la grande majorité de la population mondiale qui en profitera, sans parler de toutes les autres formes de vie qui partagent cette petite planète bleue.

En réformant nos systèmes énergétiques mondiaux de manière à traiter équitablement la main-d’œuvre et les personnes marginalisées et à reconnaître notre place dans la nature, nous pourrions impulser la grande transformation qui s’impose. Mais même si tout le monde doit contribuer à réduire la consommation et l’utilisation d’énergie ainsi que la production de déchets, le plus important est de s’impliquer, de s’informer et faire pression pour de meilleures solutions, que ce soit en votant, en manifestant ou en dialoguant.

Nous, le peuple, devons reprendre le pouvoir. Et vite. Le temps presse.