Engagements et transmission : plein feu sur les mentor.e.s du programme de « Mentorat par et pour les jeunes Noir.e.s de Montréal »

Mentorat par et pour les jeunes Noir.e.s de Montréal

À l’occasion du Mois de l’histoire des Noir.e.s, la Fondation David Suzuki donne la parole aux mentor.e.s du programme « Mentorat par et pour les jeunes Noir.e.s de Montréal », qui a été initié par l’organisme Éduconnexion. (Photo : Ambre Giovanni)

À l’occasion du Mois de l’histoire des Noir.e.s, la Fondation David Suzuki (FDS) donne la parole aux mentor.e.s du programme « Mentorat par et pour les jeunes Noir.e.s de Montréal », qui a été initié par Éduconnexion. L’organisme fait partie du Réseau Demain le Québec, qui a été lancé par la FDS et regroupe à ce jour plus de 300 acteur.trice.s à travers la province.

L’objectif du programme de mentorat est d’accompagner durant deux ans 30 jeunes afrodescendant.e.s âgé.e.s de 16 à 25 ans dans la réalisation d’une exposition artistique. L’objectif? Valoriser des personnalités noires qui ont contribué à la société québécoise et qui sont rarement mises de l’avant.

Stéphanie Germain

Je souhaite que les jeunes développent leur plein potentiel et leur génie noir à travers des projets qui sont portés par elleux et soutenus par nous, les mentor.e.s

soutient l’instigatrice et l’idéatrice du programme de mentorat ainsi que la directrice générale d’Éduconnexion, Stéphanie Germain

Elle ajoute qu’afin qu’iels participent activement à construire le Québec de demain, la connaissance de leur histoire et de celle de leurs ancêtres est nécessaire. « Je souhaite que les participant.e.s en soient fièr.e.s et qu’iels portent leur identité avec honneur et dignité », affirme-t-elle.

Une fois qu’elle sera sur pieds, l’exposition visera non seulement à transmettre un message fort de la jeunesse noire québécoise dans la lutte contre le racisme et la promotion des droits, des libertés et des réalités des communautés noires, mais aussi à souligner ce qu’elle apporte dans les sphères artistiques, sociales et politiques.

Expertises et transmission

Plusieurs ateliers sont offerts afin d’épauler les jeunes dans cette démarche collective et engagée. En plus de renforcer leurs aptitudes créatives, ce projet vise également à accroître leurs compétences entrepreneuriales et civiques.

« Les ateliers abordent différentes thématiques et sujets entourant l’histoire des Noir.e.s, ainsi que des enjeux sociaux d’hier à aujourd’hui, tels que la justice climatique, l’écocitoyenneté ou l’identité », explique S. Germain.

Ainsi, Svens N. Telemaque propose des ateliers sur le Mois de l’histoire des Noirs, la résilience, l’écriture thérapeutique et la poésie. Selon lui, les jeunes ont peu de points de référence accessibles pour réussir. Le fait d’être soutenu.e par un.e mentor.e fait donc une différence.

Svens T. Telemaque

Il s’agit de leur donner les moyens d’affronter, d’embrasser et de surmonter l’adversité avec espoir

déclare Svens N. Telemaque

Sophia Sahrane, organisatrice communautaire et archiviste, accompagne et soutient quant à elle les participant.e.s à travers des ateliers de renforcement des capacités et d’exploration de leurs intérêts.

Sophia Sahrane

Il faut toujours continuer à développer, maintenir, soutenir et prendre soins de ses communautés

pense Sophia Sahrane

Par ailleurs, des mentor.e.s expert.e.s donnent des ateliers d’initiation à divers médiums d’arts tels que la photographie, le dessin, le collage ou la peinture. Ils visent à offrir aux jeunes les outils et les connaissances nécessaires à la réalisation d’œuvres visuelles.

L’organisme Nigra Iuventa, par exemple, transmet son savoir en matière de conception d’une exposition. Sa fondatrice et directrice générale, Diane Gistal souhaite démocratiser l’art et susciter des nouvelles vocations chez les jeunes.

Diane Gistal

Je souhaite contribuer à démocratiser l’art et susciter des nouvelles vocations chez les jeunes

explique la fondatrice et directrice générale, Diane Gistal

La photographe Noire Mouliom donne quant à elle des ateliers d’introduction à la photographie. Son aspiration? Transmettre aux jeunes sa passion pour la créativité, l’importance de la pratique, la curiosité pour le monde extérieur et la considération d’autrui.

Elle désire les encourager à être créatif.ive.s à travers l’objectif et les inciter à prendre des photographies régulièrement afin qu’iels apprennent de leurs erreurs. Elle souhaite les pousser à s’interroger, à explorer leur environnement, à saisir les détails qui les inspirent et à penser à la façon dont leurs clichés peuvent impacter les autres.

Enjeux sociétaux et engagement

Les mentor.e.s sont tous.tes impliqué.e.s dans la lutte contre le racisme ainsi que la promotion des droits, libertés et réalités des personnes noires afin de construire une société plus juste et équitable.

Noire Mouliom

C’est important non seulement pour les personnes noires, mais aussi pour la société dans son ensemble, qui peut bénéficier d’une plus grande diversité et d’une plus grande compréhension mutuelle

pense Noire Mouliom

Alors que le racisme est l’une des racines de l’exclusion et des inégalités sociales, il entache le bien-être des individus qui le subissent. La discrimination raciale est systémique et plurielle, notamment quant à l’accès à l’emploi, à la santé, à l’éducation ou à la justice pénale. Le profilage social dans les magasins et les barrières d’accès à des postes clés dans la sphère médiatique n’en sont que deux exemples parmi d’autres.

Ainsi, S. Sahrane mentionne qu’elle est confrontée à un manque d’accessibilité à des services sociaux et médicaux, ainsi qu’à une expérience de vie non-violente où le respect et la dignité sont les maîtres mots. En tant qu’homme noir, S. N. Telemaque évoque quant à lui un risque plus élevé d’être arrêté par la police.

« La lutte contre le racisme est l’affaire de tous.tes, pas juste de celleux qui la subissent. C’est important de porter ce message afin que la société dans son ensemble puisse prendre sa part de responsabilité. M’impliquer activement dans la lutte contre le racisme est un devoir et une responsabilité que je porte pour les générations futures », témoigne S. Germain.

En ce sens, l’art est un vecteur de changement social et politique, puisqu’il permet à tous.tes de s’exprimer et s’adresse à une large audience. « L’art peut être un outil puissant pour la lutte contre le racisme, en offrant une voix aux personnes de couleur, en sensibilisant les gens à la réalité des injustices systémiques, en défiant les stéréotypes et en inspirant l’action pour la justice et l’égalité », pense N. Mouliom.

Le prochain article de blogue portera sur les jeunes participant à ce programme de mentorat. À suivre…