
D'un océan à l'autre du Canada, des centaines de patrouilleurs et de patrouilleuses se rassemblent et collaborent pour créer de nouveaux habitats pour les pollinisateurs. (Photo : Butterflyway Hamilton)
Les pollinisateurs sont de petits superhéros qui bourdonnent, dans des costumes d’abeille, de papillon et d’autres créatures ailées. Grâce à leur travail pour le maintien de la biodiversité et de la santé des écosystèmes, ils assurent la vie sur la planète. Malgré leurs efforts herculéens, ces petites bêtes doivent trouver leur chemin dans une course à obstacles semée d’embûches : perte d’habitat, pollution toxique, paysages morcelés et conséquences grandissantes causées par les changements climatiques.
Heureusement, le projet l’Effet papillon offre une lueur d’espoir. Les bénévoles, appelé.e.s patrouilleur.euse.s, équipé.e.s de fleurs sauvages et de bonnes intentions, construisent de véritables autoroutes d’habitats pour les pollinisateurs, et ce, un jardin à la fois. Ces corridors de plantes indigènes sont minutieusement conçus pour le butinage de nos vaillants petits insectes.
Véritables architectes de projet, les patrouilleurs et les patrouilleuses transforment leur milieu pour en faire des paradis de la pollinisation : à l’aide de douze jardins ou plus, les bénévoles s’assurent que chaque espace dédié soient assez proches les uns des autres. Quelle est l’importance de la proximité entre ces espaces? Elle s’explique par le fait que nos amis ailés ne voyagent pas sur de grandes distances.
Les bénévoles, appelé.e.s patrouilleur.euse.s, équipé.e.s de fleurs sauvages et de bonnes intentions, construisent de véritables autoroutes d’habitats pour les pollinisateurs, et ce, un jardin à la fois.
Prenons par exemple le bourdon commun de l’est (Bombus impatiens). Bien qu’il puisse techniquement parcourir plus de deux kilomètres, son rayon de butinage s’en tient normalement à 300 à 500 mètres. Même la plus déterminée des abeilles ne gaspillera pas sa précieuse énergie pour s’engager dans une randonnée de longue haleine, à la recherche de nectar. Les jardins de pollinisateurs constituent une véritable chaîne de restaurants locaux où ils peuvent s’enfiler quelques bouchées, sans épuiser toutes leurs forces.
Selon des études (en anglais), même le plus modeste habitat peut jouer un grand rôle dans la sauvegarde des pollinisateurs et de la biodiversité. Ainsi, il offre à ceux dont le rayon de butinage est limité des haltes vitales de nourriture et d’abri. Tisser des jardins entre eux, si petits soient-ils, entraîne des effets importants sur la protection des populations de ces créatures et des écosystèmes en général.
Cependant, l’ingrédient secret ne réside pas dans la plantation de n’importe quelle verdure. Ce sont les plantes indigènes qui constituent la clé. En effet, ces dernières répondent à tous les besoins des pollinisateurs : nectar, pollen, et habitat en accord avec leur cycle de vie. Les plantes natives de la région, alliées essentielles dans la protection de la biodiversité, ont aussi l’avantage de fleurir au moment opportun pour nos amis butineurs.
Leurs bénéfices dépassent toutefois le bien-être des abeilles. En effet, elles sont endurantes, requièrent peu d’entretien et constituent une avenue écologique. Elles ne nécessitent aucun fertilisant chimique ni arrosage incessant. Voilà donc une solution sans tracas pour les amateur.trice.s de jardinage qui ont à cœur le bien-être de la planète.
Cependant, l’ingrédient secret ne réside pas dans la plantation de n’importe quelle verdure. Ce sont les plantes indigènes qui constituent la clé.
La monarde fistuleuse (Monarda fistulosa) en est un bel exemple. Connue aussi sous le nom de « baume des abeilles », elle s’épanouit dans une grande diversité de climat, des Prairies aux Maritimes. Sa résilience et son adaptabilité font d’elle une vedette parmi les pollinisateurs et les jardinier.ère.s.
Toutefois, même une plante aussi polyvalente que la monarde affiche certaines limites. Notamment, elle pourrait ne pas se plaire dans les conditions alpines ou arctiques. D’où l’importance de connaître l’écozone de votre région. On compte au Canada quinze écorégions distinctes, qui possèdent leur sol, leur climat et leur végétation propres. Le choix de plantes adaptées à votre écorégion assurera une parcelle bénéfique à vos insectes locaux et préservera l’équilibre naturel des écosystèmes. Des outils comme Find Your Roots, du Pollinator Partnership, permettent de trouver facilement les espèces qui s’épanouiront dans votre milieu de vie.
Lorsque les pros du butinage se déplacent de jardin en jardin, ils transfèrent du pollen, ce qui mélange les ingrédients génétiques dont les plantes ont besoin pour se renforcer et améliorer leur résilience. Voyez-les comme des applications de rencontre pour les fleurs (n’y en a-t-il pas une d’ailleurs qui évoque le bourdon en anglais, Bumble?). Les insectes butineurs servent d’intermédiaires entre les plantes, assurant de futures générations en bonne santé et mieux équipée pour faire face aux difficultés, comme les maladies et les changements environnementaux. Cela renforce ainsi des écosystèmes entiers, œuvre en faveur de pollinisateurs vigoureux et contribue à faire tourner rondement le cycle de la nature.
L’idée de planter une douzaine de jardins d’habitat peut sembler intimidante à première vue. On n’attend pourtant pas des patrouilleur.euse.s qu’elles et ils combattent à eux seuls la perte de biodiversité. Au contraire, le projet l’Effet papillon mise sur le travail d’équipe. Dans certains cas, une seule personne effectuera peut-être le premier pas, mais au fur et à mesure de la participation du voisinage et des liens tissés, les personnes impliquées créeront ensemble un corridor pour les pollinisateurs.
Enfilez vos gants de jardinage pour refleurir notre territoire, créez des habitats dynamiques pour les pollinisateurs, protégez la biodiversité et rappelez ainsi pourquoi il vaut la peine de se battre pour la nature, source de toute vie.
Par exemple, à Hamilton en Ontario, des patrouilleur.euse.s papillon se sont alliés à des groupes, des agences, des entreprises et des écoles de leur localité pour mettre sur pied plus de vingt-cinq jardins d’habitat sur des propriétés publiques et privées. Des ventes de plantes et des évènements communautaires ont été organisés, et leur compte Instagram permet de suivre leurs aventures et de s’en inspirer. Les membres de cette patrouille ont prouvé que la protection de la nature peut être source d’amusement, d’interaction sociale et de beauté.
Si vous souhaitez mettre les mains à la pâte et contribuer à la magie dans votre communauté, le moment est venu. Le recrutement pour le projet l’Effet papillon se déroulera du 5 au 19 février 2025. Aucune expérience en jardinage? Pas de souci! Vous aurez accès à de la formation, à du soutien et à une communauté d’héroïnes et de héros aux valeurs communes, motivé.e.s à transformer leur quartier en petit havre de paix pour les insectes butineurs.
Rejoignez les rangs du projet l’Effet papillon! Vous lutterez alors contre la perte de la biodiversité et en faveur du maintien d’écosystèmes forts. Vous rencontrerez aussi des personnes passionnées, et vous vous mériterez l’éminent titre de patrouilleur.euse.s papillon. De quoi être fier.ère.s! Enfilez vos gants de jardinage pour refleurir notre territoire, créez des habitats dynamiques pour les pollinisateurs, protégez la biodiversité et rappelez ainsi pourquoi il vaut la peine de se battre pour la nature, source de toute vie.