Coalition Fjord : protéger les écosystèmes du Saguenay

(Photo : Alain Dumas)

Chaque mois, la Fondation David Suzuki met l’emphase sur un groupe citoyen membre du Réseau Demain le Québec. Plein phare cette fois-ci sur la Coalition Fjord, qui se voue à militer pour la protection de l’équilibre écologique des écosystèmes du fjord du Saguenay, incluant ses forêts, ses affluents, ses bassins versants et les communautés qui y vivent.

Le collectif citoyen a été créé en 2018, à l’époque où trois importants projets industriels étaient envisagés et pouvaient possiblement nuire à la biodiversité du lieu, comme le souligne son porte-parole, Pierre Dostie.

L’organisme contribue à la lutte contre les changements climatiques en sensibilisant la population aux conséquences d’une éventuelle augmentation du trafic maritime sur le fjord et développe des initiatives en faveur de la transition socio-économique, alliant la réduction des énergies fossiles et la résilience des communautés.

Actions entreprises

Mobilisation face au projet gazier de GNL/Gazoduq (Photo : Coalition Fjord)

D’une part, le rejet du projet gazier de GNL/Gazoduq d’implanter une usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay est sans nul doute l’une des plus belles victoires de la Coalition Fjord à souligner. Dans ce cadre, huit manifestations, huit assemblées citoyennes, 17 conférences et six ateliers d’écriture ont été réalisés, entre autres.

Après une lutte collective acharnée de 2018 à 2021 à l’échelle locale et nationale, le groupe citoyen est finalement parvenu à convaincre le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement que le projet envisagé était irréalisable sur le plan économique et inacceptable sur le plan social et environnemental.

Pierre Dostie, porte-parole de la Coalition Fjord (Photo : mbpro.québec)

À ce titre, Pierre Dostie considère que les élu.e.s et les conseiller.ère.s municipaux.ales ont manqué à leur devoir de neutralité au profit de l’industrie, alors qu’iels ignoraient les tenants et les aboutissants du projet. En effet, aucun.e expert.e scientifique indépendant.e n’était présent.e lors des audiences du public.

En plus d’accroître considérablement les émissions de gaz à effet de serre, le projet gazier de GNL/Gazoduq aurait de surcroît doublé le nombre de navires circulant dans le Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, qui est à ce jour le seul refuge protégé pour les bélugas au Québec.

Ce mammifère marin est également menacé par le projet de Métaux BlackRock de construire une fonderie et une usine cryogénique pour l’alimenter, sur lequel la Coalition Fjord se mobilise, et qui engendrerait de la pollution atmosphérique, des rejets gazeux et liquides, ainsi qu’une hausse du nombre de bateaux.

D’autre part, le collectif citoyen s’active face aux enjeux liés à l’industrie minière First Phosphate. Celle-ci prévoit d’extraire du phosphate au nord du Saguenay en vue de développer des batteries pour les véhicules électriques, qui seraient exportées au Québec et ailleurs dans le monde.

Le groupe citoyen pointe ici une logique « d’électrification à tout prix », qui ne bénéficierait qu’aux voitures individuelles et prévaudrait sur les modes de transport actif et en commun, ainsi que sur la densification. De plus, la crainte d’une course aux claims miniers sur le territoire québécois, qui compromettrait les sources d’eau, est aussi relevée.

Coopération et soutien

(Photo : Coalition Fjord)

Dès les débuts de la lutte contre le projet de GNL/Gazoduq, la Coalition Fjord a pris part à la table de concertation sur la navigation durable dans le fjord du Saguenay. Mise en place par le Comité ZIP Saguenay-Charlevoix, son objectif est de mobiliser les chercheur.euse.s scientifiques et de faire se rencontrer les différent.e.s usager.ère.s. La Coalition Fjord y a un siège et peut partager ses préoccupations citoyennes, riveraines et environnementales.

« Des scientifiques viennent régulièrement présenter leurs recherches. Il existe un historique de pollution industrielle au Saguenay, notamment après le déluge qui est survenu en 1996. Il est donc important que tout le monde ait la même information sur l’état du fjord », déclare Pierre Dostie.

Il existe un historique de pollution industrielle au Saguenay, notamment après le déluge qui est survenu en 1996. Il est donc important que tout le monde ait la même information sur l’état du fjord.

Pierre Dostie

Par ailleurs, le groupe citoyen s’est joint à l’Association de protection du Lac Kénogami, qui se mobilise depuis 20 ans pour créer une aire protégée autour du lac du même nom afin de préserver la qualité de son eau.

Toutefois, la forêt Cyriaque qui se trouve sur son pourtour est sujette à la déforestation. Si celle-ci se poursuit, l’érosion des sols et la sédimentation du lac menaceront alors ce réservoir d’eau potable qui abreuve environ 140 000 personnes au Saguenay.

Enfin, la Coalition Fjord a appuyé d’autres acteur.rice.s, tel.le.s que le Comité de sauvegarde de la rivière Péribonka dans sa démarche de création d’une aire protégée, ainsi que les Mères au front lors d’actions et de rencontres communes. Elle collabore aussi avec le Conseil régional de l’environnement et du développement durable du Saguenay, qui lui fournit des informations scientifiques et des données.