Les efforts déployés pour faire face à la crise climatique se centrent, en grande partie – et avec raison – sur la réduction des émissions associées à l’utilisation de gaz, de pétrole et de charbon. Cela dit, il est tout aussi essentiel d’arrêter la destruction effrénée du monde naturel et d’aller dans le sens contraire de cette tendance.
Que l’on croie ou pas que le fonctionnement de notre planète et de sa biosphère s’apparente à celui d’un organisme vivant – « Gaïa », comme le nommait le défunt scientifique James Lovelock –, on ne peut nier l’équilibre harmonieux qui caractérise ce système, avec des cycles naturels ayant évolué de manière à soutenir toutes les formes de vie, incluant la vie humaine.
Deux processus étroitement liés maintiennent un équilibre qui facilite notre existence en assurant une certaine stabilité de la température et des forces géologiques : le cycle hydrologique, ou cycle de l’eau (selon lequel l’eau circule continuellement à travers la biosphère par l’évaporation, la photosynthèse et les précipitations) et le cycle du carbone (où le carbone fait des va-et-vient entre l’atmosphère et les organismes terrestres).
Il nous faut trouver des moyens de voir à la satisfaction des besoins de tout le monde, mais sans que cela implique la destruction des systèmes naturels dont dépendent la vie, la santé et le bien-être.
Lorsqu’un cycle se voit perturbé, tous les autres s’en trouvent affectés. Le carbone qui avait été absorbé grâce à l’énergie solaire, compressé et ensuite stocké pendant des millénaires se retrouve libéré par la combustion du gaz, du pétrole et du charbon. S’ensuit alors une augmentation des concentrations de carbone dans l’atmosphère, créant ainsi une espèce de couverture thermique qui retient la chaleur autour de la Terre. Il en résulte une montée rapide de la température mondiale moyenne, qui se répercute à son tour sur des systèmes comme le cycle hydrologique, entraînant une hausse des précipitations et des inondations dans certaines régions et des sécheresses dans d’autres.
Le carbone se retrouve également stocké dans les arbres et d’autres espèces végétales, les océans et les zones humides. La destruction ou l’altération des forêts et autres espaces verts engendre des répercussions sur le cycle du carbone et d’autres cycles – tout comme sur les innombrables espèces qui dépendent de ces habitats.
Tout est interconnecté.
« L’humanité doit agir sur deux plans », a dit Susana Muhamad, présidente de la COP16 des Nations Unies sur la biodiversité, qui se tiendra en octobre prochain à Cali, en Colombie. « D’une part, il faut viser la décarbonisation et entreprendre une transition énergétique juste; d’autre part, il est indispensable de restaurer la nature et de la laisser reprendre le contrôle sur la planète Terre pour que nous parvenions à une véritable stabilisation du climat. » (article en anglais)
Réunies à Montréal pour la COP15 de 2022, les personnes déléguées s’étaient engagées à freiner la perte de la biodiversité en mettant sous protection 30 % des terres, des eaux et des mers d’ici 2030.
Quant à la crise de la biodiversité, l’affronter implique de protéger les zones naturelles restantes et de restaurer celles endommagées ou détruites par nos activités.
Selon un article du Guardian, les activités associées à une population humaine grandissante – actuellement constituée de plus de huit milliards d’individus – ont fait chuter le nombre d’insectes, ont provoqué l’acidification des océans, lesquels ont été envahis par la pollution plastique, et ont accéléré l’épuisement des ressources. Des espèces animales et végétales disparaissent ainsi à un rythme alarmant.
Les scientifiques sonnent l’alarme depuis des années : nous nous approchons d’une sixième extinction de masse, ce qui représenterait le taux d’extinction d’espèces le plus important depuis la disparition des dinosaures.
En d’autres mots, pour remédier à la crise climatique, il faut abandonner les combustibles fossiles et réduire les émissions. Quant à la crise de la biodiversité, l’affronter implique de protéger les zones naturelles restantes et de restaurer celles endommagées ou détruites par nos activités.
Un renversement encore plus important est toutefois nécessaire pour y arriver : une transformation de la conscience collective pour ouvrir la porte à de nouvelles perspectives en matière d’économie et de bien-être humain.
Ce n’est pas avec un système dépassé basé sur une croissance et une consommation sans limites – qui privilégie le profit et mesure le progrès selon l’augmentation du produit intérieur brut (ou PIB) – que nous parviendrons à nous sortir du pétrin que nous avons créé. Il nous faut trouver des moyens de voir à la satisfaction des besoins de tout le monde, mais sans que cela implique la destruction des systèmes naturels dont dépendent la vie, la santé et le bien-être.
Nous devons utiliser tous les moyens à notre disposition pour freiner et inverser les dommages causés à notre planète et à nous-mêmes, mais il nous faut également laisser tomber notre anthropocentrisme.
Nous voilà ainsi face à un dilemme puisqu’à certains égards, le capitalisme prône l’innovation et les progrès technologiques dont nous avons besoin pour résoudre certains de nos problèmes immédiats. Alors, tout comme il faut délaisser les systèmes économiques basés sur les combustibles fossiles pour d’autres davantage orientés vers la conservation et les énergies renouvelables, nous devons également amorcer une transition du capitalisme consumériste axé sur les profits vers des systèmes plus bienfaisants et éventuellement, plus avisés.
Nous devons utiliser tous les moyens à notre disposition pour freiner et inverser les dommages causés à notre planète et à nous-mêmes, mais il nous faut également laisser tomber notre anthropocentrisme. Nous faisons partie de la nature : ce que nous lui faisons subir, nous le subissons également.
Bien que de nombreux peuples autochtones l’aient compris depuis longtemps, l’esprit de domination et d’exploitation qui règne a jusqu’à maintenant fait fi des connaissances issues de l’expérience des personnes vivant sur le territoire et de l’observation des interconnexions présentes dans la nature.
Nous devons amorcer une transition vers une société fondée sur le respect, la responsabilité et la réciprocité.