Cet été, un kiosque de Fortis BC dans un marché fermier de Vancouver affichait le slogan « Le gaz naturel est bon pour votre maison ».
Fortis et les autres entreprises de gaz fossiles décrivent leur produit comme étant un « luxe abordable » – « une source d’énergie sécuritaire et fiable facile d’utilisation autant à la maison qu’au travail. » Fortis avance même qu’elle aide à atteindre les objectifs climatiques puisque son produit « est le combustible fossile le plus propre et qu’il est une source d’énergie abondante et locale ».
Sécuritaire, abondant, naturel, local et bon pour l’environnement! Que demander de plus? Bien sûr, exploiter du gaz extrait principalement par fracturation détruit une grande partie du paysage, consomme d’énormes volumes d’eau, émet un nombre important de gaz à effet de serre (provenant surtout du méthane) et cause des problèmes de santé dans les foyers où il est utilisé, mais au moins, l’entreprise augmente son mélange de « gaz naturel réutilisable » (qui n’est pas à la hauteur des attentes) « et explore les possibilités d’ajouter du gaz d’hydrogène à notre système ».
Les publicités de Fortis ne semblent pas extrêmement flagrantes à la lumière des efforts de longue haleine, menés par l’industrie des combustibles fossiles, pour manipuler l’information et les discours portant sur le dérèglement climatique – ce que Geoff Dembicki illustre avec brio dans son nouveau livre essentiel The Petroleum Papers – mais l’entreprise montre qu’il n’y a pas de fin aux innombrables tentatives de continuer à faire fonctionner l’industrie des combustibles fossiles.
Avons-nous réellement besoin de preuves supplémentaires pour que soit pris au sérieux le fait que la combustion du charbon, du pétrole et du gaz réchauffe la planète et que nous devons rapidement abandonner tous les combustibles fossiles? Malheureusement, l’industrie et ses partisans continuent de répondre à la montagne grandissante de preuves (dont certaines proviennent d’eux-mêmes!) notamment avec de l’écoblanchiment, du détournement cognitif et de la dissimulation, ce qui immobilise la transition nécessaire vers l’énergie renouvelable.
Récemment, pendant une audience au Congrès à Washington, D.C. à propos du rôle des combustibles fossiles dans la crise climatique, une panoplie de documents a dévoilé que « les entreprises ont tenté de se distancer des objectifs climatiques établis, ont admis avoir manipulé le public à propos de leurs efforts écologiques » et ont dénigré les activistes.
Avons-nous réellement besoin de preuves supplémentaires pour prendre au sérieux le fait que la combustion du charbon, du pétrole et du gaz réchauffe la planète et que nous devons rapidement abandonner tous les combustibles fossiles?
Le membre du House Committee on Oversight and Reform, Ro Khanna, a dit que les documents ont révélé que les entreprises pétrolières ont « pris un engagement climatique basé sur une technologie non prouvée, des stratagèmes comptables et du vocabulaire trompeur pour cacher la réalité ».
Les avantages des combustibles fossiles se partagent surtout entre les dirigeants et les actionnaires de l’industrie, pendant que tous les autres en payent le prix. Les travailleurs se font remplacer par l’automatisation, les conditions du marché et les réalités mondiales. L’économie et les gens tremblent sous le poids des marchés volatils mondiaux des combustibles fossiles. Les communautés autochtones et rurales se font déraciner ou voient leurs territoires se dégrader en raison de l’exploitation et du développement des combustibles fossiles. Les gens souffrent et meurent de la pollution.
Le climat mondial réagit à notre combustion excessive d’énergie fossile augmentant les conséquences coûteuses qui mettent la santé et la vie des humains – et d’autres formes de vie sur cette petite planète – à risque.
Dans le passé, les politiciens et d’autres personnes ont avancé de façon absurde que de s’occuper des problèmes comme les changements climatiques serait trop coûteux. Cela a assuré l’augmentation constante des coûts de la crise alors que nous délaissons les avantages d’une transition massive et juste. Cela serait beaucoup plus avantageux pour nous – meilleure santé, bonheur et stabilité économique – si les gouvernements et l’industrie traitaient la crise climatique avec la gravité nécessaire.
Le climat mondial réagit à notre combustion excessive de l’énergie fossile en augmentant les conséquences coûteuses qui mettent la santé et la vie des humains – et d’autres formes de vie sur cette petite planète – à risque.
Au-delà de la réduction des émissions, nous devons également réagir aux conséquences déjà présentes. Une analyse de l’Institut climatique du Canada a découvert que l’investissement en adaptation pourrait couper d’au moins 75 % de nombreux coûts liés aux changements climatiques si nous réduisons également les émissions conformément aux engagements internationaux. Elle avance aussi que chaque dollar investi dans des mesures d’adaptation proactives « peut rapporter entre 13 et 15 $ en bénéfices directs et indirects ».
Le rapport « Limiter les dégâts » note que le climat sévère a coûté 2,1 milliards de dollars en dommages assurés en 2021, sans compter les coûts liés aux infrastructures publiques ou aux pertes de biens privés non assurés. Il estime que les frais de restauration coûteront 5 milliards de dollars annuellement au Canada d’ici 2025 et 17 milliards de dollars d’ici 2050.
La crise climatique est réelle et s’accélère. Elle est causée par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz et par la destruction des « puits de carbone » comme les forêts et les milieux humides. De nombreuses solutions sont disponibles. Nous ne pouvons continuer de laisser l’industrie des combustibles fossiles nous manipuler en disant que la réalité est différente.
L’Association canadienne des médecins pour l’environnement demande une « interdiction exhaustive des publicités pour l’industrie, les produits et les services des combustibles fossiles (comme l’essence et les services de gaz) et des véhicules dotés d’un moteur à combustion interne », une « réponse réglementaire robuste afin d’adresser les fausses prétentions environnementales faites par les entreprises de combustibles fossiles » et une réglementation « obligeant à divulguer les risques pour la santé et l’environnement liés à la production et l’utilisation des combustibles fossiles ». C’est un bon début.