Le monde se rapproche de plusieurs points de basculement « désastreux » et en a peut-être déjà franchi cinq.

Le monde se rapproche de plusieurs points de basculement « désastreux » et en a peut-être déjà franchi cinq. (Photo: Hubert Neufeld via Unsplash)

Mettons de côté pour un instant les faits que notre utilisation prodigue du charbon, du pétrole et du gaz ainsi que la destruction effrénée des espaces verts sont en train de réchauffer la planète à un point tel que la vie humaine deviendra de plus en plus inconfortable, voire impossible. Faisons aussi abstraction du coût du changement climatique qui augmente, sans compter la pollution, la destruction des habitats et le consumérisme qui ont une profonde incidence sur la santé et la survie de l’humanité.

Hormis la peur du changement ou du bouleversement du statu quo, il n’y a aucune raison rationnelle à la lenteur à laquelle le monde s’attaque à l’urgence climatique. Nous serions tous en meilleure santé, plus heureux et avantagés économiquement en tirant rapidement parti des nombreuses solutions disponibles et émergentes, et en travaillant sur de nouvelles.

Une étude coordonnée par l’Organisation météorologique mondiale illustre la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons et la manière dont nous pourrions nous en sortir, mais nous n’avons pas de temps à perdre. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a déclaré que le rapport « United in Science 2022 » montre que « nous entrons en territoire inconnu de destruction » au fil des répercussions climatiques grandissantes.

Hormis la peur du changement ou du bouleversement du statu quo, il n’y a aucune raison rationnelle à la lenteur à laquelle le monde s’attaque à l’urgence climatique.

Bien que les gouvernements du monde entier aient convenu de tenter d’empêcher la planète de se réchauffer de plus de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, le rapport conclut que cela est de plus en plus improbable, d’autant plus que les engagements et les actions sont loin d’être à la hauteur des besoins. Selon le rapport, il y a 48 % de chances que « pendant au moins une année au cours des cinq prochaines, la température annuelle moyenne soit temporairement supérieure de 1,5 °C par rapport à celle de 1850-1900 ».

Il fait également remarquer que les émissions continuent d’augmenter et qu’elles « sont revenues aux niveaux prépandémiques de 2019 après une baisse absolue importante, mais temporaire, des émissions grâce aux confinements généralisés ». De plus, ce rapport précise le danger des « points de basculement » climatiques qui « pourraient avoir de graves conséquences aux échelles mondiale et régionale ».

« On parle de point de basculement lorsqu’un seuil de température est franchi, entraînant un changement inévitable dans un système climatique, même si le réchauffement planétaire prend fin », explique le Guardian, qui rend compte d’une autre étude majeure selon laquelle le monde se rapproche de plusieurs points de basculement « désastreux » et en a peut-être déjà franchi cinq.

Bien que les gouvernements du monde entier aient convenu de tenter d’empêcher la planète de se réchauffer de plus de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, le rapport conclut que cela est de plus en plus improbable.

Cette étude cible neuf points de basculement mondiaux et sept régionaux, dont l’effondrement des calottes glaciaires du Groenland, de l’Antarctique occidental et de deux parties de l’Antarctique oriental, l’effondrement partiel ou total de la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (y compris le Gulf Stream), le dépérissement de la forêt amazonienne, l’effondrement du pergélisol, et la perte de la glace de mer hivernale de l’Arctique.

L’effondrement de la calotte glaciaire du Groenland pourrait provoquer une énorme élévation du niveau de la mer, l’effondrement du Gulf Stream pourrait perturber les précipitations dont des milliards de personnes dépendent pour se nourrir, et la fonte brutale du pergélisol pourrait libérer du méthane dans l’atmosphère, rapporte le Guardian.

Le dérèglement climatique fait déjà des ravages dans le monde entier et il s’accélérera si nous ne renforçons pas nos actions au niveau mondial. Un tiers du Pakistan est submergé par les eaux, l’Europe subit des vagues de chaleur accablantes, la Chine et les États-Unis sont frappés par la sécheresse, et certaines régions d’Afrique sont confrontées à la famine.

Le dérèglement climatique fait déjà des ravages dans le monde entier et il s’accélérera si nous ne renforçons pas nos actions au niveau mondial.

Selon le rapport « United in Science », « d’ici les années 2050, plus de 1,6 milliard de personnes vivant dans 97 villes seront régulièrement exposées à des températures moyennes sur trois mois atteignant au moins 35 °C. »

« Le tableau terrifiant peint par le rapport United in Science est déjà une réalité vécue par des millions de personnes confrontées à des catastrophes climatiques récurrentes », a déclaré Tasneem Essop, directrice générale du Réseau Action Climat au Guardian. « La science est claire, et pourtant la dépendance aux combustibles fossiles des sociétés avides et des pays riches entraîne des pertes et des dommages pour les collectivités qui en ont fait le moins pour causer la crise climatique actuelle. »

Des scientifiques, des militants et d’autres personnes appellent les dirigeants mondiaux à s’engager à redoubler d’efforts lorsqu’ils se réuniront pour la conférence COP27 sur le changement climatique en Égypte au mois de novembre, notamment en ce qui concerne le financement des personnes qui souffrent déjà des effets du changement climatique.

Des scientifiques, des militants et d’autres personnes appellent les dirigeants mondiaux à s’engager à redoubler d’efforts lorsqu’ils se réuniront pour la conférence COP27 sur le changement climatique en Égypte au mois de novembre.

Bien que le coût n’ait jamais été une excuse pour ignorer ou minimiser le changement climatique, il est de plus en plus clair que la lutte contre la crise est un avantage économique. Des chercheurs de l’université d’Oxford ont découvert que l’abandon des carburants à forte intensité de carbone pourrait permettre au monde d’économiser 12 000 trillions de dollars d’ici 2050.

Et, comme le déclare « United in Science », « les catastrophes liées au climat entraînent des pertes économiques de 200 millions de dollars par jour ». Alors que la volatilité des prix du gaz, les conflits mondiaux et l’urgence climatique illustrent la position précaire des pays dont l’économie repose sur les combustibles fossiles, les coûts des énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire continuent de baisser plus vite que prévu.

Il est essentiel d’agir maintenant pour sauver des vies et faire des économies. Un monde meilleur est possible, mais nous devons nous unir sans tarder.