Ces citoyen.ne.s qui récoltent les fruits de la transition

Les-Fruits-Defendus

L’histoire des Fruits Défendus – membre du Réseau Demain le Québec – commence il y a 11 ans grâce à quelques ami-e-s qui voyaient les fruits tomber et pourrir dans les rues de Montréal. (Photo : Nicolas Le Berre)

Rendez-vous à 11h près de l’entrée du Jardin des Hospitalières, à deux pas du centre-ville de Montréal. Cet été, sous les radiations caniculaires du soleil, une vingtaine de bénévoles discutent en rigolant, armé.e.s d’eau et de bonne humeur. Je retrouve Élizabeth Harvey, membre rayonnante du noyau de coordination des Fruits Défendus. Elle m’explique qu’elle travaille en arboriculture, et que c’est donc tout naturellement que sa passion pour les arbres s’est étendue au domaine de l’action communautaire.

Un fascinant système de solidarité fruitière

Une fois posé-e-s sur un banc à l’ombre de grandes épinettes, elle me détaille la riche histoire des Fruits Défendus, pour qui tout a commencé grâce à « une gang de quelques ami.e.s qui voyaient les fruits tomber et pourrir dans les rues et ruelles de Montréal, et qui ont décidé de partir le collectif Les fruits Défendus en 2010, en se basant sur une initiative similaire à Toronto ».

Pour remédier à ce constat, ils et elles ont élaboré un fascinant système de solidarité fruitière : « on contacte des propriétaires d’arbres fruitiers, puis, on leur propose de les aider à récolter leurs fruits, en échange de leur en redonner un tiers. On redonne un tiers aux cueilleurs bénévoles, et un tiers à des organismes bénéficiaires qui luttent contre le gaspillage alimentaire. Plusieurs organismes font ça au Québec, mais notre particularité, c’est qu’on fait toutes nos cueillettes en vélo. Donc on a plusieurs points d’équipement dans différents quartiers où il y a des vélos, des remorques, des échelles, auxquels les bénévoles ont accès pour partir faire leur cueillette et aller en livrer une partie aux organismes ».

En plus de l’équipe de coordination qui contacte chaque année les propriétaires d’arbres à l’approche de la saison des pommes, prunes, raisins, poires ou autres griottes, chaque récolte est supervisée par un.e chef.fe de récolte formé.e. Ce système collaboratif a manifestement porté ses fruits (sans mauvais jeu de mots) : « Depuis 2016, nous avons fait à ce jour 321 cueillettes réussies, eu l’aide de 315 bénévoles et récolté 17 026 livres de fruits. Nous avons 27 organisations bénéficiaires et environ 250 propriétés actives cette année. En 2020, ça a été 75 cueillettes réussies et 4 633 livres de fruits récoltés ».

En 2020, ça a été 75 cueillettes réussies et 4 633 livres de fruits récoltés. Peu importe dans quelles sphères on s’implique, l’essentiel, c’est la rencontre des gens. Ne serait-ce que de parler à son voisin, de créer une communauté. La solution, je la vois dans le fait de planter plus d’arbres fruitiers et de faire se rencontrer les gens.

Plus que des fruits

Se joindre aux activités des Fruits Défendus, c’est non seulement récolter de quoi faire moults compotes, tartes, coulis et confitures, mais surtout s’approvisionner en énergie positive, faire le plein de nouvelles amitiés, tout en redonnant à sa communauté. Lorsqu’on demande à Élizabeth comment elle aime faire une différence autour d’elle, elle répond que finalement, c’est surtout en tricotant du tissu social. « Peu importe dans quelles sphères on s’implique, l’essentiel, c’est la rencontre des gens. Ne serait-ce que de parler à son voisin, de créer une communauté. Des organismes comme ça, c’est facilitateur, c’est surtout ça que je trouve super important. », nous confie-t-elle.

Sa vision d’avenir a de quoi séduire! « D’un point de vue vraiment personnel, vu que je travaille dans les arbres, je trouve que c’est tellement une solution d’avenir dans la ville : lutter contre les îlots de chaleur, planter plus d’arbres, mettre plus d’argent dans l’entretien des arbres, avoir des solutions plus vertes… Parallèlement, une de nos missions est aussi de favoriser l’accès à une ressource de nourriture à un plus grand nombre de personnes. La solution, je la vois dans le fait de planter plus d’arbres fruitiers et de faire se rencontrer les gens ».

Des arbres, des fruits et un lien social fort, voilà qui ressemble au meilleur des mondes! Ce qui est sûr, c’est qu’en respirant l’odeur de la tarte aux pommes que j’ai enfournée une fois chez moi, je peux dire qu’elle sent bon la transition.

Les Fruits Défendus sont un collectif membre du Réseau Demain le Québec de la Fondation.

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