Au Canada, nous jetons tous les jours environ 57 millions de pailles de plastique. Dans ma ville de Vancouver, 2,6 millions de gobelets jetables se retrouvent toutes les semaines au rebut. Le problème est mondial. Les produits de plastique engorgent les sites d’enfouissement et les cours d’eau et détruisent les océans. En 2014, des scientifiques ont même découvert à Hawaï une nouvelle sorte de pierre composée de sable, de coquillages, de roche volcanique et de plastique.

C’est pourquoi Vancouver entend se joindre aux villes et pays du monde qui bannissent les articles à usage unique faits de plastique ou d’autres matières. Cette interdiction, qui entrera en vigueur cet automne, porte sur les sacs d’épicerie en plastique et en papier, les contenants de mousse de polystyrène, les gobelets jetables pour boissons chaudes ou froides, les contenants de plats à emporter et les pailles et ustensiles jetables de tous les restaurants et vendeurs titulaires d’un permis de la ville.

La ville évalue qu’il lui en coûte environ 2,5 millions $ pour ramasser les articles à usage unique dans les poubelles, parcs, rues et espaces verts publics.

Les plastiques sont durables, ce qui constitue à la fois un avantage et un problème. Les produits faits de plastique peuvent durer longtemps, mais la plupart d’entre eux sont jetés rapidement ou après un seul usage, alors qu’ils prennent longtemps à se décomposer. Lorsqu’ils se décomposent, ils ne se biodégradent pas ; ils se défont plutôt en morceaux de plus en plus petits, dont bon nombre se retrouvent dans les océans sous la forme de microbilles nuisibles à la vie aquatique et aux oiseaux.

De leur fabrication jusqu’à leur mise au rebut, ces articles causent des ravages dans l’environnement. Près de la moitié des articles de plastique sont composés de produits chimiques à base de combustibles fossiles. Leur fabrication nécessite une grande quantité de ressources et de produits chimiques toxiques qui polluent l’air et l’eau. Leur élimination répand des détritus dans l’environnement et engorge les sites d’enfouissement. Souvent, le vent et les cours d’eau les emportent vers les océans où on les retrouve partout, notamment dans d’immenses tourbillons, les gyres, ainsi que dans l’organisme de la plupart des animaux qui vivent en milieu marin. Les plastiques contiennent également des additifs nocifs pour la santé, qui s’infiltrent dans les aliments et boissons.

Lorsqu’ils se décomposent, les plastiques ne se biodégradent pas ; ils se défont plutôt en morceaux de plus en plus petits, dont bon nombre se retrouvent dans les océans sous la forme de microbilles nuisibles à la vie aquatique et aux oiseaux. 

L’invention du plastique est récente, et son emploi ne s’est généralisé qu’après la Seconde Guerre mondiale, au rythme de la montée en flèche de l’utilisation des combustibles fossiles. En effet, selon une étude publiée dans Science Advances, il s’est produit plus de neuf milliards de tonnes de plastique en moins de 70 ans, dont plus de la moitié au cours des treize dernières années. Or, neuf pour cent seulement du plastique est recyclé, un chiffre plus élevé dans des pays comme la Chine, qui produit le plus de plastique, mais en recycle environ 25 pour cent. Plus de la moitié du plastique jeté provient des emballages.

Pourtant, on ne note aucun signe de ralentissement. Selon une étude américaine du Center for International Environmental Law, l’augmentation de l’exploitation peu coûteuse du gaz de schiste alimente « aux États-Unis et ailleurs une vague massive de nouveaux investissements dans des usines de plastique. Aux États-Unis uniquement, on prévoit investir 164 milliards $ dans 264 projets de création ou d’expansion d’installations, ce qui stimulera les investissements en Europe et dans d’autres pays. »  Les entreprises ont entrepris de commercialiser les emballages et autres produits de plastique dans des pays moins dépendants de cette matière et qui ne sont pas toujours conscients des problèmes qu’elle entraîne, ce qui pourrait contribuer à faire augmenter la production du tiers.

Steven Feit, avocat au sein du Center, remarque que « les combustibles fossiles et les plastiques ne sont pas seulement issus de la même matière, ils sont aussi faits par les mêmes entreprises. Exxon produit aussi bien l’essence de votre voiture que le plastique de votre bouteille d’eau ». Il ajoute que si la tendance se maintient, d’ici 2050, le plastique comptera pour 20 pour cent de la consommation de pétrole.

Les combustibles fossiles et les plastiques sont issus de la même matière et sont aussi faits par les mêmes entreprises. Exxon produit aussi bien l’essence de votre voiture que le plastique de votre bouteille d’eau.

Steven Feit, Center for International Environmental Law

Le plastique peut être (et a déjà été) produit à partir d’autres matières, notamment de molécules d’origine végétale, de fibres et d’amidon, mais les combustibles fossiles sont encore relativement abondants et abordables. Par ailleurs, les produits d’origine végétale ne sont pas sans effet sur l’environnement.

La meilleure façon d’éviter les dommages considérables causés par les plastiques et les combustibles fossiles est d’en réduire la consommation. Nous pouvons écarter les produits suremballés, apporter au magasin et au café des sacs et contenants réutilisables, et utiliser des produits de remplacement. Par exemple, les personnes qui doivent utiliser une paille en raison d’une incapacité peuvent se munir de pailles en papier biodégradable ou de versions réutilisables en métal, en bambou ou en verre.

Les villes comme Vancouver et les 60 pays qui ont choisi de bannir ou de taxer les articles de plastique à usage unique empruntent la bonne voie.

 

Traduction : Monique Joly et Michel Lopez