Au cœur de la sauvegarde des pollinisateurs et de la biodiversité

Chaque année, des passionné.e.s de la faune et de la flore se mobilisent afin de créer des espaces verts propices pour accueillir les pollinisateurs.

Leurs actions sont multiples et prennent différentes formes : sensibiliser aux pratiques écologiques, espacer les tontes, planter des asclépiades, sauver des œufs de monarques, lutter pour changer des réglementations qui mettent en péril la biodiversité, ou encore repenser l’approche de l’aménagement paysager.

Ils et elles sont nombreux.euses à s’impliquer aux quatre coins du Québec et à faire leur part, chacun.e à leur façon.

Avec son projet l’Effet papillon, la Fondation David Suzuki permet de mener des initiatives locales, par et pour les bénévoles, afin de créer et multiplier les jardins florissants et les refuges pour les pollinisateurs partout à travers le Canada.

Voici trois histoires inspirantes qui illustrent à quel point agir localement est essentiel pour protéger la nature qui est plus que jamais menacée aujourd’hui.

Roger présente sa pouponnière d’œufs de papillons monarques.

Roger, fidèle défenseur des papillons monarques

Roger Giraldeau, ancien banquier et photographe passionné, est l’un des tout premiers bénévoles de l’Effet papillon. Depuis plus de 10 ans, il s’est donné comme mission de lutter contre le déclin de la biodiversité en protégeant les plantes indigènes et les pollinisateurs au Québec, en particulier les papillons monarques et l’asclépiade.

Photo : Roger présente sa pouponnière d’œufs de papillons monarques.

Chaque année, un nouveau cycle commence pour le retraité : Roger identifie les lieux susceptibles d’être fauchés ou tondus et il récupère les œufs pour s’assurer de leur survie. Cette tâche est ardue puisque les plants en danger se retrouvent souvent à des endroits plus difficiles d’accès, notamment en bordure d’autoroute. Il récupère les œufs des plantes qui ont été fauchés et les amène dans sa pouponnière pour permettre aux œufs d’éclore. Ultimement, les chenilles se nourriront des feuilles et se transformeront en papillons, pour leur permettre de continuer leur long voyage, à des milliers de kilomètres d’ici.

Roger, accompagné de deux autres patrouilleuses de l’Effet papillon, dans un espace rempli d’asclépiades aménagé pour attirer les papillons monarques.

Roger fait également partie de celles et ceux qui travaillent fort à inciter les villes à jouer un rôle actif dans la protection des papillons monarques. Au fil des ans, il a collaboré avec des dizaines de municipalités à travers le Québec afin de sensibiliser à l’importance de planter des asclépiades.

Il souhaite démontrer également l’importance d’éviter toute coupe durant la période critique, soit de mai à septembre, particulièrement dans les endroits qui regorgent de plantes indigènes et d’asclépiades.

Pourquoi l’asclépiade?

Vous l’avez peut-être aperçue en bordure de trottoir ou d’autoroute (un de ses endroits préférés pour pousser!), sur des terre-pleins ou dans les jardins – l’asclépiade pousse partout. Malheureusement, elle traîne encore aujourd’hui une réputation de « mauvaise herbe assez envahissante ». Pourtant, l’asclépiade est essentielle à la survie des papillons monarques. Trop souvent tondue, fauchée ou arrachée, elle disparaît avant même que les papillons aient pu pondre leurs œufs sur la tige ou les feuilles, compromettant ainsi le cycle de reproduction.

Flora et les papillons : une lutte qui n’a pas d’âge

Stéphanie, jeune maman de quatre enfants, fait partie de l’Effet papillon depuis maintenant quatre ans. Son intérêt envers les papillons a tout d’abord germé en elle grâce à sa fascination pour la grande transformation de la chenille en papillon. En se renseignant davantage, Stéphanie s’est rendu compte de l’importance des pollinisateurs et des papillons monarques, gravement menacés. Elle a donc transmis indirectement cet engouement à ses enfants.

Ma troisième fille est vraiment celle qui a eu l’appel des papillons. Elle en parle tout le temps! Dès qu’elle voit de l’asclépiade en bordure de route ou dans un champ, elle souhaite qu’on s’arrête pour aller voir s’il y a des œufs et s’assurer qu’ils sont en sécurité.

Stéphanie, maman de Flora et patrouilleuse de l’Effet papillon

Flora, 5 ans, après avoir posé sa pancarte de sensibilisation, qui indique l’importance de ne pas couper les plants d’asclépiades.

Avec l’aide de sa maman, Flora a fabriqué des pancartes pour sensibiliser à la protection de l’asclépiade, seule plante hôte des papillons monarques. Chaque été, elles sillonnent la ville afin d’aller poser des pancartes à des endroits stratégiques afin de sensibiliser à la tonte excessive.

Flora est également une mini porte-parole au sein de son école primaire. Malgré son jeune âge, elle est très bien renseignée sur le cycle de vie des papillons et détient un précieux savoir qu’elle se fait un plaisir de transmettre à ses camarades de classe et à sa professeure. Quoi de mieux pour donner envie aux autres enfants de faire attention à notre belle planète!

Photo : Flora, 5 ans, après avoir posé sa pancarte de sensibilisation, qui indique l’importance de ne pas couper les plants d’asclépiades.

Maxime d’Embranchement, paysagiste écoresponsable

Avant de partir sa petite entreprise de paysagement à Montréal, Maxime St-Denis travaillait au niveau commercial où l’écoblanchiment était omniprésent et par le fait même, très contradictoire avec ses valeurs : remplir des quotas de verdure pour cocher une case, se dépêcher à finir le travail sans se soucier de l’environnement, acheter des matériaux neufs, etc.

Secrètement, il rêvait de quelque chose de plus grand : créer des espaces verts en harmonie avec la nature tout en travaillant avec des gens tout aussi soucieux de l’environnement que lui.

La butte aux odeurs

La butte aux odeurs. (Photo : Embranchement)

C’est donc ce qu’il a fait, il y a quatre ans : créer sa propre entreprise avec une approche écologique. Aujourd’hui, il récupère et réutilise des matériaux, lutte contre les îlots de chaleur en maximisant la végétalisation (le béton, on n’en veut plus!), trouve des moyens pour gérer l’eau sur les sites pour limiter la surcharge des réseaux urbains et surtout, il intègre des plantes indigènes, des cabanes et des bains pour oiseaux dans la planification de ses aménagements paysagers.

Les enfants d'un client accompagnent Maxime dans la plantation de leur nouvel amélanchier avant de partir à la garderie : « Je vis maintenant dans le parc Maisonneuve! », s’est exclamé Gaël, fier de son arbre. (Photo : Instagram @EmbranchementMTL)

L’écologie, ce n’est pas seulement transformer ou créer du neuf : c’est aussi savoir ce qu’il faut laisser tel quel. Le changement que tu ne fais pas, c’est parfois le geste le plus écologique.

Maxime St-Denis, fondateur d’Embranchement

Il se réfère à divers exemples concrets, notamment de garder une partie d’aménagement existant, mais en y ajoutant des plantes indigènes afin de réduire les surfaces minérales ou encore de récupérer une vieille pierre pour la sculpter et en faire un bain pour les oiseaux.

L’éducation et l’accompagnement sont deux variables très importantes auprès de sa clientèle s’il souhaite les encourager à aménager leur terrain en harmonie avec la nature.

Si on leur impose des choix ou qu’on les culpabilise pour leurs préférences comme de vouloir une pelouse verte et uniforme, ils et elles risquent de se fermer. En revanche, si on les accompagne sans jugement, en leur proposant des alternatives (moins de béton et plus de plantes locales par exemple), plusieurs deviennent curieux.euses, enthousiastes et finissent par nous faire confiance.

Aménagement paysager qui a été réalisé en trois mois par Embranchement.

Aménagement paysager qui a été réalisé en trois mois par Embranchement. (Photo : Instagram @EmbranchementMTL)