Les chances paraissent minces pour les personnes qui défendent les systèmes essentiels au maintien de la vie sur notre planète – lesquels sont tous interconnectés. Nous ne possédons pas la richesse des millionnaires, des oligarques et des industriels, ni celle de leurs armées de lobbyistes. Nous ne disposons pas non plus d’autant de ressources, de contacts et d’influence sur les médias d’information, la classe politique et les gouvernements.
Nous sommes dépassé.e.s par l’apathie ambiante – alimentée par la désinformation et la mésinformation, la distraction et la peur.
Beaucoup vont pointer du doigt les campagnes de relations publiques incessantes de l’industrie des combustibles fossiles – et c’est compréhensible. Pendant des dizaines d’années, le secteur a menti au sujet de faits pourtant confirmés par ses propres scientifiques : la combustion de pétrole, de gaz et de charbon piège la radiation solaire sous une couverture d’émissions, réchauffant ainsi la planète à un rythme effréné.
L’industrie a également alimenté les craintes comme quoi la transition nécessaire vers des énergies plus propres entraînerait des pertes d’emploi et des problèmes économiques.
Comme prévu, les répercussions se font sentir, et ce, souvent plus rapidement qu’on l’espérait. Les phénomènes météorologiques sont devenus plus imprévisibles et extrêmes, accompagnés d’une aggravation et d’une augmentation de la fréquence des tempêtes et des ondes de tempêtes, des sécheresses, des inondations et des dômes de chaleur. Ce contexte est lourd de conséquences : énormes feux de forêt, dommages à l’agriculture, déplacements de personnes et d’animaux, pressions sur les infrastructures, hausse du niveau de la mer, destruction de maisons et d’édifices, fonte des glaciers, assèchement de cours d’eau, pénuries d’eau. Si nous continuons de réchauffer la planète à ce rythme, nous risquons de détraquer ou d’anéantir d’importants systèmes atmosphériques et océaniques, comme la circulation méridienne de retournement atlantique (source en anglais) et les courants-jets (article en anglais). Les conséquences seraient désastreuses.
Par ailleurs, l’industrie a également alimenté les craintes comme quoi la transition nécessaire vers des énergies plus propres entraînerait des pertes d’emploi et des problèmes économiques. Alors que les énergies renouvelables et les technologies de stockage évoluent à un rythme accéléré et que leurs prix chutent (source en anglais), l’industrie dépense des millions pour nous convaincre que les combustibles fossiles sont essentiels et les solutions de rechange, irréalistes. Pour les cadres d’entreprises et les investisseurs, le profit prime avant tout, même la survie.
Exposer la vérité représente donc tout un défi (article en anglais). Dans les faits, la conservation, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables non seulement créent des emplois, de meilleures conditions de travail et des possibilités économiques, mais elles favorisent aussi l’assainissement de l’air, de l’eau et de la terre ainsi que la santé humaine. Elles permettent également d’éviter la surchauffe de la planète!
Tout cela permet de donner le pouvoir à une poignée de personnes, aux dépens du reste, pour que les mêmes puissent continuer de s’enrichir et d’enrichir leur famille et leurs proches.
Une grande partie de la population ne pense que très peu à l’industrie des combustibles fossiles, à la politique, à l’économie ou aux crises du climat et de la biodiversité. Comment lui en vouloir? Les temps sont durs avec la polarisation croissante, les troubles politiques et les guerres. De plus, beaucoup ont de la difficulté à joindre les deux bouts. C’est donc sans surprise que plusieurs personnes cherchent à s’évader dans les distractions : drogues et alcool, défilement sans fin sur les écrans, surconsommation.
Tout cela permet de donner le pouvoir à une poignée de personnes, aux dépens du reste, pour que les mêmes puissent continuer de s’enrichir et d’enrichir leur famille et leurs proches. Le gouvernement – que cette élite instrumentalise pour maintenir le statu quo et imposer des lois et des règles qui l’avantagent – devrait représenter la population et ses intérêts, et non pas nous décevoir ou nous pousser à la complaisance pour favoriser les ploutocrates et les industries polluantes.
Même dans des pays démocratiques où la liberté d’opinion et le droit à la manifestation ont longtemps été d’importants attributs de la société, les gouvernements adoptent des lois pour limiter les protestations non violentes et pour réprimer les personnes qui s’opposent aux industries destructives pour la santé planétaire et pour le futur de l’humanité.
Un exemple perturbant, mais malheureusement pas unique, est celui d’un policier britannique infiltré qui a séduit une activiste environnementale et eu un enfant avec elle, pour ensuite se volatiliser à la fin de son mandat. Il s’est par la suite vu décerner le titre de MBE (Membre de l’Ordre le plus excellent de l’Empire britannique) et a occupé un certain nombre de postes prestigieux (article en anglais). Quant aux protestataires pacifiques, que ce soit en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou ailleurs, ces personnes risquent de longues peines de prison pour avoir tenté de freiner la destruction. Selon des personnes défenseuses des droits de la personne, ces poursuites pourraient constituer une violation du droit international.
C’est le peuple qui détient le pouvoir. Il ne nous reste qu’à choisir de l’utiliser. L’apathie est notre ennemie.
Au Canada, le gouvernement a envoyé des soldats et des forces policières militarisées pour s’attaquer aux personnes défenseuses de la terre, du territoire Wet’suwet’en en Colombie-Britannique à Kanehsatà:ke et Kahnawà:ke au Québec.
Comme on peut le lire dans le Guardian : « La répression contre les activistes s’est intensifiée, alors que la chaleur extrême, les inondations, la sécheresse et la hausse du niveau de la mer causent toujours plus de morts et de destruction et que se multiplient les preuves de collusion entre lobbyistes d’entreprise, législateurs et forces de sécurité de l’État. »
La situation est encore plus grave lorsque des régimes ouvertement répressifs sont au pouvoir : des activistes y sont souvent assassiné.e.s (source en anglais).
Malgré tout, c’est le peuple qui détient le pouvoir. Il ne nous reste qu’à choisir de l’utiliser. L’apathie est notre ennemie. Nous pouvons soutenir les personnes défenseuses du territoire, manifester avec les personnes en grève pour le climat, rédiger des lettres, signer des pétitions, assister à des rencontres des administrations locales, participer activement à la vie politique, apprendre, voter, danser, discuter avec nos proches, notre voisinage et nos collègues, opérer des changements positifs dans notre propre vie et dégager une bonne énergie.
Bien que les personnes résolues à détruire la nature détiennent la richesse et le pouvoir, nous avons la force du nombre et nous détenons la vérité et l’amour, les forces les plus précieuses!