Vue aérienne du centre-ville de Vancouver

Les bâtiments génèrent une grande part des émissions de gaz à effet de serre d’une ville, soit 55 % dans le cas de Vancouver. (Photo : Aditya Chinchure via Unsplash)

Les thermopompes sont plus efficaces et abordables que le chauffage et la climatisation qui fonctionnent aux combustibles fossiles – et ce, même dans les climats froids. Des études (en anglais) démontrent qu’elles peuvent être deux fois plus efficaces que le chauffage fonctionnant au gaz lors de températures au-dessous de zéro et cinq fois plus efficaces dans des conditions climatiques plus chaudes. Elles réduisent de façon importante les émissions de gaz à effet de serre et les risques pour la santé associés à la combustion de gaz.

Grâce à leur bon rendement, les thermopompes représentent l’option de chauffage et de climatisation la plus abordable. De plus, leur rapport coût-efficacité ne fera probablement que s’améliorer alors que leur prix chute et que celui du gaz augmente. D’autres options de rechange au chauffage au gaz existent aussi, dont l’énergie géothermique et la récupération de la chaleur des eaux usées.

L’adoption, par les gouvernements, de politiques et de règlements promouvant le remplacement des systèmes de chauffage et de climatisation au gaz s’avère donc un choix intelligent. Vancouver l’a fait en 2020, lorsque son conseil a voté en faveur d’un règlement pour interdire l’utilisation de gaz naturel destiné au chauffage et à l’eau chaude dans les immeubles nouvellement construits (sans inclure les cuisinières et les foyers). Cette initiative avait fait de Vancouver une cheffe de file en matière climatique, et de nombreux autres pays à travers le monde ont ensuite adopté des politiques similaires ou planifient de le faire.

L’adoption, par les gouvernements, de politiques et de règlements promouvant le remplacement des systèmes de chauffage et de climatisation au gaz s’avère donc un choix intelligent.

Cédant à la pression exercée par certain.e.s promoteur.rice.s et par la compagnie gazière Fortis BC, un nouveau conseil municipal, élu en 2022 à Vancouver, fait marche arrière, attisant les craintes liées à l’accessibilité financière. Avec peu ou pas de consultation publique, le conseil vote pour l’annulation du règlement, avec six membres en faveur de la décision et cinq s’y opposant. Un vote final est prévu pour le 26 novembre prochain (article en anglais). De nombreuses personnes du secteur de la construction, de la restauration et du commerce appuient toutefois l’interdiction (source en anglais).

Betsy Agar, directrice du programme de bâtiments de l’Institut Pembina, a confié à Corporate Knights que le renversement ou le report de l’interdiction représente un retour en arrière. « Les administrations locales devraient collaborer avec le gouvernement provincial afin de garantir que les nouveaux logements répondent aux normes les plus élevées en matière de rendement et d’électrification », a-t-elle ajouté. « Cette approche permettrait de réduire les émissions ainsi que les coûts énergétiques pour les résident.e.s. »

Certaines critiques prétendent que l’abrogation de l’interdiction constitue une façon efficace d’aider les promoteur.trice.s à réduire la mise de fonds initiale – bien que, sur le long terme, le règlement diminuerait considérablement les coûts énergétiques que doivent assumer les propriétaires de logements (source en anglais).

Les concentrations de méthane dans l’atmosphère ont plus que doublé dans les 200 dernières années et sont responsables d’environ 30 % du réchauffement planétaire.

Les bâtiments génèrent une grande part des émissions de gaz à effet de serre d’une ville, soit 55 % dans le cas de Vancouver (40 % proviennent des véhicules à essence). Avec l’annulation de l’interdiction, il pourrait devenir difficile, voire impossible, pour la métropole d’atteindre ses objectifs climatiques. Comme l’a mentionné au conseil Brad Badelt, le directeur municipal du développement durable, « non seulement cette décision nous ramènerait dans le passé… mais elle générerait potentiellement des dizaines de milliers de tonnes de gaz à effet de serre », en ajoutant qu’elle contribuerait également à créer de la confusion dans l’industrie et à faire reculer l’avancement en matière de normes de construction (article en anglais).

Désigné à tort par « gaz naturel » ou faussement publicisé comme étant du « gaz naturel renouvelable », le gaz naturel fossile – principalement du méthane obtenu par fracturation – n’est pas seulement sujet à l’instabilité des marchés et à la flambée des prix des combustibles fossiles : il est en plus nocif pour la santé humaine, qu’on l’utilise pour chauffer notre logement, cuisiner ou alimenter notre foyer.

L’industrie des combustibles fossiles, appuyée par des gouvernements et des médias sympathiques à la cause, veut continuer d’amasser des profits et expose les combustibles fossiles comme étant une solution climatique. Mais ça n’en est pas une. Le méthane est un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone. Même si sa durée de vie est relativement courte comparativement à celle du CO2, il peut emmagasiner jusqu’à 80 fois plus de chaleur sur quelques dizaines d’années. Les concentrations de méthane dans l’atmosphère ont plus que doublé dans les 200 dernières années et sont responsables d’environ 30 % du réchauffement planétaire.

Alors qu’il existe tant de solutions abordables pour faire face à la crise climatique et aux risques pour la santé qui y sont associés, rien ne justifie que nous continuions à soutenir l’industrie des combustibles fossiles

Des études (en anglais) démontrent également que le gaz utilisé par les cuisinières, les foyers et les systèmes de chauffage génère une pollution excessive de l’air intérieur, composée entre autres de monoxyde de carbone, de dioxyde d’azote, de benzène, de formaldéhyde et de particules de matière. Les problèmes de santé qui y sont associés incluent le cancer, des maladies cardiaques et l’asthme infantile. Selon les recherches (en anglais), un huitième des cas d’asthme infantile aux États-Unis est causé par l’utilisation de cuisinières au gaz – soit autant que pour la fumée secondaire.

Alors qu’il existe tant de solutions abordables pour faire face à la crise climatique et aux risques pour la santé qui y sont associés, rien ne justifie que nous continuions à soutenir l’industrie des combustibles fossiles – surtout si ça ne semble être qu’une manière d’économiser quelques dollars aux promoteurs immobiliers.

Vancouver occupe depuis longtemps un rôle de leader en matière de climat et d’initiatives environnementales. Il est temps que le conseil en fasse encore plus pour la ville et sa population et qu’il montre l’exemple aux autres municipalités. Le vote final sur l’amendement visant à annuler l’interdiction étant prévu pour le 26 novembre, il n’est pas trop tard pour que le conseil revienne sur sa décision.

Faisons pression sur tous les paliers de gouvernement pour qu’ils mettent fin à l’utilisation du gaz, non seulement pour le chauffage, mais aussi pour les poêles et les cheminées!