Et si on adoptait un mode de vie zéro déchet… pour économiser?

Lorsqu’on jase zéro déchet, un mythe a la couenne dure: on accuse les habitudes écoresponsables de coûter plus cher. Comme pour toutes questions liées à l’environnement, la réalité est beaucoup plus nuancée et… loin des préjugés! Aujourd’hui, on parle de cash!

Déconstruction du mythe

Mon hypothèse expliquant la survie de ce mythe est que deux aspects du mode de vie zéro déchet peuvent coûter plus cher et prennent toute la place dans l’espace public.

S’équiper

Dans un monde de surconsommation comme le nôtre, une habitude inconsciente nous habite: lorsqu’on se découvre une nouvelle passion, on se rend tout de suite au magasin pour s’équiper! Le zéro déchet n’y échappe pas. Plusieurs d’entre nous (dont je fais partie!) avons acheté une panoplie de gugus zéro déchet pour se lancer dans l’aventure: ustensiles de bambou, sacs de vrac, multiples adaptateurs à pots Mason et la championne d’entre tou.te.s: la paille en inox!

Deux problèmes ici: ça coûte très cher ET c’est contre-productif d’un point de vue environnemental. Mais, c’est un problème vite réglé. Ne partez pas en peur en achetant plein de gugus zéro déchet! Commencez par vivre l’aventure avec ce que vous avez déjà à la maison (contenants hermétiques, ustensiles en métal, gourdes d’eau, thermos, etc.) et si vraiment vous avez besoin d’un objet dit zéro déchet et que vous allez l’utiliser: allez-y pour celui-là!

L’épicerie

La fameuse. Celle qui, soi-disant, coûte BEAUCOUP plus cher que l’épicerie régulière. J’aime beaucoup ce sujet puisqu’il démontre toutes les nuances et les possibilités du zéro déchet.

Pourquoi est-ce que le vrac peut coûter plus cher?

  1. Parce que très souvent (mais pas toujours) les épiceries zéro déchet ont aussi une tendance locale et biologique. Sans aller dans les détails, pour cause de certification, le biologique peut coûter plus cher que le traditionnel (malheureusement).
  2. Parce que le vrac nécessite beaucoup de manutention (nettoyage, remplissage et gestion des contenants de distribution) et donc, plus de temps d’employé.e.s. Ça a un prix. Cela dit, lorsqu’on peut se le permettre, j’aime mieux investir dans le salaire d’un.e concitoyen.ne que dans des emballages à usage unique! 😉

Reconstruction… des économies!

Maintenant qu’on sait que le zéro déchet peut coûter plus cher, voici tous les trucs pour un mode de vie écono et écolo! Parce que les deux vont plus souvent de pair qu’on le pense! 😉

À l’épicerie

  • Manger moins de viande. C’est à la fois plus économique, meilleur pour l’environnement ET (en prime!) meilleur pour notre santé! Vous n’êtes pas prêt.e pour une alimentation végétalienne? Aucun stress! Vous pouvez simplement réduire votre consommation de viande (surtout la viande rouge): ce sera déjà un grand pas de fait!
  • Manger des invendus (ma passion). Saviez-vous que plusieurs épiceries proposent leurs produits invendus au rabais plutôt que de les jeter? Les petites épiceries de quartiers ont souvent une section dédiée alors que les grandes chaînes utilisent des applications mobiles pour vendre ces derniers: Flash Food, Food Hero, Too good to go, etc.
  • Acheter les produits moins cher en vrac. Revenons au vrac! Dire que tout est plus cher serait un mensonge. Je vous invite à visiter votre épicerie zéro déchet pour faire le calcul vous-même. De mon expérience, certains produits peuvent revenir moins chers! Un exemple? Les épices. Ridiculement moins cher! Un autre truc? Si vous avez la place d’entreposage, plusieurs épiceries zéro déchet proposent de vous vendre les gros sacs d’origine dans lesquels elles reçoivent les produits… au rabais! Moins de manutention pour elles, plus d’économies pour vous! 🙂
  • Moins gaspiller. Ça peut sembler évident, mais nous avons tou.te.s tendance à ne pas voir notre gaspillage alimentaire (et de tout genre de produits d’ailleurs) et ainsi, on invisibilise une grande perte d’argent.
  • Manger moins transformé. Saviez-vous que les produits de base ne sont pas taxés? J’ai conscientisé l’ampleur de ces économies quand j’ai regardé de plus près ma facture suite à une épicerie en vrac: sur 100 $ d’achats, j’avais environ 1 $ de taxes. Les coupables? Mes amandes enrobées de chocolat! 😛 Aucune taxe sur les autres produits! En bonus: c’est meilleur pour la santé!
  • Manger local. Tout comme le mythe du zéro déchet plus dispendieux, le mythe du local plus cher persiste! Pourtant, l’émission L’épicerie a fait la démonstration, recherche à l’appui, que ‘faire le choix d’acheter localement ne coûtera pas plus cher au consommateur québécois la majorité du temps’.
  • Manger de saison. Lorsqu’un produit est en saison, c’est le moment de le manger à toutes les sauces et, si possible, d’en faire des réserves! Visitez vos marchés locaux!
  • Jardiner. Ici, qu’on parle d’un jardin à perte de vue ou de quelques petites jardinières de fines herbes sur votre balcon, les économies sont au rendez-vous! L’aventure vous intéresse pour économiser? Priorisez les aliments plus dispendieux à l’épicerie: fines herbes, verdures, petits fruits et légumes frais!

 

Mises en garde contre de fausses économies

  1. Faites attention aux produits moins chers… mais dilués ou de moins bonne qualité. Ce peut être le cas d’un savon liquide par exemple. Celui en vrac pourrait être plus cher… mais plus concentré!
  2. Faites attention au piège d’acheter en gros pour économiser et… de gaspiller une partie des achats!
  3. Évaluez votre utilisation! Par exemple, lorsque j’ai opté pour un shampoing et un revitalisant en vrac fait au Québec significativement plus dispendieux, j’ai aussi réduit la fréquence à laquelle je lave mes cheveux. Ces derniers ne s’en portent que mieux (confirmé par ma coiffeuse!) et mon budget n’a pas changé.

Autres trucs et astuces magiques pour économiser!

  • Ne pas acheter. Consommer moins est LA clé pour faire des économies ET pour un mode de vie plus écoresponsable. Comment battre une économie de 100%? 😉
  • Réutiliser et réparer ce qu’on a déjà.
  • Acheter usagé.
  • Lorsque notre budget le permet, acheter de meilleure qualité pour garder nos produits plus longtemps.

Pssssit! Les produits menstruels lavables sont LE secret bien gardé pour faire des économies substantielles! #réutiliser

Pour en savoir plus

Pour résumer toutes les nuances précédentes, je vous dirais ceci: dans un mode de vie zéro déchet, certaines choses coûtent plus cher et d’autres moins. Mais le potentiel d’économies est beaucoup plus grand que celui d’un budget dépassé.

Si vous avez un budget restreint, je vous invite à vous concentrer sur les habitudes écoresponsables qui vous permettront d’économiser. Et si vous avez de la marge de manœuvre, je vous invite à utiliser les leviers d’économies pour vous permettre des habitudes un peu plus dispendieuses. C’est aussi une façon d’encourager certaines initiatives écologiques et de les garder en vie!

Prêt.e.s à plonger dans le zéro déchet pour faire des économies?

Mélissa de La Fontaine

Mélissa a adopté un mode de vie zéro déchet en 2013, et depuis, le sujet la passionne! Conférencière, consultante et autrice du livre Tendre vers le zéro déchet aux Éditions La Presse, elle a eu l’occasion de présenter la simplicité de son mode de vie dans plusieurs médias, dont Radio-Canada, La Presse, Le Devoir et Le Huffington Post. Mélissa a cofondé Incita, une coop-conseil zéro déchet, avec Laure Caillot et Amélie Côté afin d’offrir leurs services de consultation et de formation pour faciliter la transition vers le zéro déchet. À travers plus de 150 conférences et ateliers qui lui ont permis de rejoindre plus de 10 000 personnes, Mélissa a eu la chance de partager ses réflexions et de proposer des solutions concrètes au quotidien pour vivre mieux, avec moins.

Photo : Mathieu Deshayes