Les enfants ne devraient être obligés de descendre dans la rue ou de poursuivre leur propre gouvernement. Mais, en temps de crise, les gens doivent prendre tous les moyens pour que les nombreuses solutions existantes et à venir soient mises en œuvre. (Photo : Robin Loznak)

Les enfants et les adolescents sont désavantagés. Ils ne peuvent pas voter et n’ont pas voix au chapitre dans les nombreuses mesures et politiques qui déterminent leur avenir. Pourtant, les décisions politiques prises aujourd’hui auront des répercussions profondes sur leur vie.

Les scientifiques du monde entier nous rappellent sans cesse qu’il ne nous reste qu’une décennie pour réduire considérablement nos émissions ou pour faire face aux conséquences connues de l’accélération rapide du réchauffement planétaire. Les effets coûteux se font déjà sentir : contamination de l’air et de l’eau, phénomènes météo extrêmes de plus en plus fréquents et dévastateurs, fonte du pergélisol, extinction des espèces…

Comme ils n’ont pas vraiment voix au chapitre dans le processus politique, les enfants et les jeunes du monde entier descendent dans la rue pour exiger que les dirigeants en fassent davantage pour contrer cette crise bien réelle. Le message semble faire son chemin. Les perturbations climatiques et les mesures pour les contrer sont devenues un enjeu clé lors des récentes élections canadiennes.

Pourtant, au lieu de tout mettre en branle pour assurer à ces jeunes un avenir sûr et sain, les gouvernements d’ici et d’ailleurs continuent d’étendre les infrastructures pétrolières et gazières, en prétendant — comme ils le font depuis des décennies — que nous ne pouvons pas nous passer des combustibles fossiles du jour au lendemain. Un peu comme un toxicomane qui n’est pas vraiment prêt à arrêter.

Quinze jeunes de 7 à 19 ans, de l’île de Vancouver aux Territoires du Nord-Ouest en passant par la Nouvelle-Écosse, poursuivent le gouvernement fédéral.

Un groupe de jeunes a décidé que les manifestations dans la rue avaient leurs limites. Ces quinze jeunes de 7 à 19 ans, de l’île de Vancouver aux Territoires du Nord-Ouest en passant par la Nouvelle-Écosse, poursuivent le gouvernement fédéral « pour protéger leurs droits en vertu de la Charte et de la fiducie publique contre les méfaits des changements climatiques. » Ils allèguent que le manque de volonté du gouvernement fédéral à prendre des mesures conformes aux preuves scientifiques viole leurs droits à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne en vertu de l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés et qu’il a manqué à son devoir de protéger les ressources essentielles qui relèvent de la fiducie publique.

Comme les changements climatiques touchent les jeunes de façon disproportionnée, ils allèguent également que le gouvernement viole leur droit à l’égalité en vertu de l’article 15 de la Charte. Les jeunes sont soutenus par la Fondation David Suzuki, le Pacific Centre for Environmental Law and Litigation et Our Children’s Trust. Ils sont représentés par les cabinets Arvay Finlay LLP et Tollefson Law Corporation.

Ils ne réclament pas d’argent. Ils demandent plutôt qu’une ordonnance de la Cour fédérale enjoigne le gouvernement du Canada à se doter d’un plan pour remédier aux violations de la Charte et de la fiducie publique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en prenant les mesures qui s’imposent pour prévenir, atténuer et corriger les conséquences des changements climatiques.

Comme le dit Sáj Starcevich, 13 ans, de la Saskatchewan : « La planète dépérit. Les animaux meurent. Nous mourrons tous si nous ne faisons rien. Je suis une végane autochtone et je me bats pour la Terre et ses habitants. Les jeunes doivent agir parce que personne d’autre ne l’a fait. Nous avons besoin de vous pour mettre fin à cette crise climatique. »

Il aurait été possible de faire une transition progressive des énergies fossiles vers les énergies renouvelables, l’efficacité et la conservation énergétique si nous avions pris la crise climatique au sérieux plus tôt, même dans les années 1980, lorsque des scientifiques comme James Hansen, de la NASA, ont sonné l’alarme. Mais, comme le souligne le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, nous avons maintenant rejeté tellement d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère que nous engendrons déjà de nombreuses conséquences inévitables.

Pour prévenir les effets de serre incontrôlés, nous devons réduire immédiatement les émissions, protéger et restaurer les forêts, les terres humides et les autres systèmes naturels, y compris les océans, qui séquestrent le carbone.

Le dioxyde de carbone reste longtemps dans l’atmosphère. Les gaz comme le méthane y restent moins longtemps, mais ont un effet plus important sur la hausse des températures mondiales. Tout ce que nous rejetons dans l’atmosphère aujourd’hui y restera pendant des décennies et contribuera au réchauffement de la planète pendant des années. Pour prévenir les effets de serre incontrôlés, nous devons réduire immédiatement les émissions, protéger et restaurer les forêts, les terres humides et les autres systèmes naturels, y compris les océans, qui séquestrent le carbone.

Nous, adultes, avons contribué à ce gâchis par notre consommation effrénée et notre négligence face aux conséquences de notre pollution. Nous nous devons d’aider nos enfants à nettoyer les dégâts et d’agir pour que s’opèrent les changements que les preuves scientifiques exigent. Nous ne pouvons pas laisser cela à nos jeunes : quand ils seront grands, la Terre pourrait bien avoir atteint le point de non-retour du dérèglement climatique.

Les enfants ne devraient pas être obligés de descendre dans la rue ou de poursuivre leur propre gouvernement. Mais, en temps de crise — comme c’est le cas aujourd’hui — les gens doivent prendre tous les moyens possibles pour que les nombreuses solutions existantes et à venir soient mises en œuvre.

Écoutons nos enfants et assurons-leur un bel avenir !

Traduction : Monique Joly et Michel Lopez