L’ère des énergies fossiles doit prendre fin ou elle marquera la fin de l’humanité. La menace n’est pas seulement liée à la pollution et à l’accélération des changements climatiques. L’exploitation incontrôlée de ces précieuses ressources a également amené le monde à étouffer sous le plastique.

Presque tous les plastiques sont faits de carburants fossiles, souvent par les mêmes entreprises qui produisent le pétrole et le gaz.

Notre usage excessif du plastique a provoqué des vortex de déchets dans les gyres océaniques. La situation est pire que nous le pensions. En effet, de nouvelles études ont révélé que la plaque de déchets dans le Pacifique serait 16 fois plus vaste qu’estimée : dans le Pacifique Nord, 79 000 tonnes de plastique tournent sur 1,6 kilomètre carré. Cette surface, plus vaste que le Québec, ne cesse de croître ! Les chercheurs affirment que si nous ne nettoyons pas nos dégâts, d’ici 2050, le poids du plastique dans les océans sera supérieur à celui des poissons.

L’Ocean Cleanup Foundation a commandé une étude, publiée dans Nature, fondée sur une expédition réalisée en 2015 au cours de laquelle 30 navires et un avion Hercule C-130 ont observé la partie est de la masse de déchets.

Selon un article de la CBC, les chercheurs estiment que la masse compte 1,8 billion de morceaux de plastique, dont une grande partie s’est désagrégée en particules de moins d’un demi-centimètre de diamètre. Ils ont également découvert des quantités de « bouteilles, contenants, rubans d’emballage, couvercles, cordages et filets de pêche en plastique », certains datant de la fin des années 1970, ainsi que des années 1980 et 1990. Ils ont aussi relevé de grandes quantités de débris provenant du tsunami de 2011 à Fukushima, au Japon.

Décomposé en petites particules, le plastique devient plus difficile à nettoyer et plus facile à ingérer par les animaux marins, de plus en plus nombreux à en mourir. Les éléments plus volumineux constituent également des risques d’enchevêtrement et d’ingestion pour les gros animaux marins.

La plaque du Pacifique Nord n’est pas unique. Des débris s’accumulent partout où les vents, les conditions océaniques et la rotation de la Terre causent des gyres : Pacifique Nord, Atlantique Nord, Pacifique Sud, Atlantique Sud et océan Indien. On en trouve même une dans l’océan Arctique, bien qu’il ne s’agisse pas d’une gyre, mais plutôt d’une « zone d’accumulation » où l’eau en provenance de régions plus chaudes s’enfonce au fur et à mesure qu’elle se refroidit.

L’organisme 5 Gyres souligne que les plastiques sont partout, pas seulement dans les gyres. Selon lui, le concept d’une île flottante de déchets est erroné : dans l’océan, le plastique relève davantage du smog que de l’île. »

Bien que le plastique provienne dans une certaine mesure des navires, la majeure partie trouve sa source sur la terre, déversée dans l’océan par les eaux de ruissellement, les rivières et le vent.

Les scientifiques qui ont étudié divers moyens de nettoyer une partie du plastique des océans affirment que la seule façon de régler le problème, c’est de s’attaquer à sa source. Marcus Eriksen, cofondateur et directeur de la recherche de 5 Gyres, a déclaré à la CBC que les gouvernements doivent adopter des politiques qui obligent les fabricants à nettoyer leurs dégâts. « Il faut aussi qu’ils fabriquent des produits plus adéquats et prennent en compte leur cycle de vie complet ; il faut qu’ils cessent de produire des articles qui, à l’état de déchets, deviennent un cauchemar pour tous. »

Les énergies fossiles et leurs produits dérivés nous ont facilité la vie, mais à quel prix ? Nous avons commencé à utiliser le plastique en 1950, et notre utilisation excessive des carburants fossiles constitue également un phénomène récent. Il ne suffit pas de mettre le plastique dans le bac de recyclage. Le faible prix des carburants fossiles et l’absence de rentabilité du marché des matériaux recyclés font en sorte qu’énormément de plastique n’est pas recyclé, et il ne se biodégrade pas.

Il n’est pas question de cesser du jour au lendemain d’utiliser les carburants fossiles et de produire des plastiques dérivés des énergies fossiles, mais nous ne pouvons plus continuer à considérer cette industrie comme le pilier de notre économie et de notre mode de vie. Nous devons arrêter de gaspiller autant.

Chacun de nous peut contribuer à réduire les déchets de plastique qui se retrouvent dans les océans et sur la terre. Pour cela, nous devons renoncer aux articles à usage unique tels que sacs, bouteilles et gobelets, pailles et produits suremballés ; éviter les vêtements faits de microfibres de plastique et les produits contenant des microbilles ; et privilégier les contenants réutilisables ou les produits jetables faits d’autres matériaux, l’aluminium notamment, plus susceptibles d’être recyclés. Il faut aussi se méfier des plastiques compostables. Bien que faits de matières végétales, ils nécessitent d’importantes installations industrielles pour être décomposés.

La véritable solution consiste en fait à acheter moins d’objets, à réduire nos déchets, à conserver l’énergie et à se tourner vers des sources d’énergie et des matériaux renouvelables. Il est plus que temps de nous attaquer sérieusement à la pollution, aux changements climatiques et aux déchets.

 

Traduction : Monique Joly et Michel Lopez