Un article publié dans Nature démontre que des mesures de protection de la vie marine ont favorisé l’augmentation de diverses populations, notamment de la baleine à bosse en zone australienne, de la loutre de mer dans l’Ouest canadien, ainsi que du phoque gris et du grand cormoran en mer Baltique. (Photo : Andrea Holien via Pexels)

Dans le contexte de la crise mondiale actuelle, il est réconfortant de lire de bonnes nouvelles. À cet égard, il est encourageant de voir les gens collaborer comme jamais, s’unir tout en respectant la distanciation physique, aider parents et voisins et faire leur part pour freiner ou stopper la propagation du virus.

Autre bonne nouvelle de la semaine : la démonstration de l’importance de la collaboration. En effet, un article publié dans Nature constate que la préservation des océans à l’échelle de la planète, grâce notamment à l’instauration de zones marines protégées, porte fruit, à un point tel que les chercheurs sont d’avis qu’une augmentation de ces mesures pourrait favoriser la résilience de vastes zones océaniques d’ici 2050.

Le rapport démontre que des mesures de protection de la vie marine ont favorisé l’augmentation de diverses populations, notamment de la baleine à bosse en zone australienne, de la loutre de mer dans l’Ouest canadien, ainsi que du phoque gris et du grand cormoran en mer Baltique. Là où je vis, la fermeture d’entreprises minières, papetières et autres, ainsi que la mise en place de restrictions dans le développement côtier a donné lieu au fil des ans à une hausse du nombre de baleines à bosse, d’épaulards et de baleines grises, des groupes de dauphins à flancs blancs du Pacifique, ainsi que de la fraie des saumons et des harengs dans le détroit Atl’ka7tsem/Howe.

(Si vous voulez explorer cette magnifique région, la Fondation David Suzuki a créé une carte de conservation marine du détroit Atl’ka7tsem/Howe, fondée sur plus de 140 couches de données qui portent aussi bien sur les estuaires que sur la zostère marine, les récifs d’éponges de verre, la navigation, les zones de fraie du hareng, les sites de triage des billots de bois et autres.)

Dans le monde entier, les pays s’étaient engagés à protéger d’ici cette année 10 pour cent des milieux océaniques, en créant des zones marines protégées ou autrement. Certains pays ont fait mieux que d’autres.

Le Canada a dépassé son engagement de protéger au moins 10 pour cent de ses océans avant 2020, en grande partie grâce à une importante collaboration entre les communautés autochtones, les gouvernements, les organismes de protection, les municipalités et les industries. Mais, le rapport soutient que tous les pays devraient faire plus pour accélérer la réforme des pêcheries, freiner la pollution et les perturbations climatiques, et autres.

Les avantages de la vitalité des océans pour les humains sont incommensurables tant au niveau de la nourriture, de la régulation du climat, des transports que des loisirs.

Les avantages de la vitalité des océans pour les humains sont incommensurables tant au niveau de la nourriture, de la régulation du climat, des transports que des loisirs.

Or, au Canada, on s’inquiète actuellement de l’approbation possible par le fédéral d’un important terminal à conteneurs à South Delta, près de Vancouver. La semaine dernière, un groupe d’évaluation environnementale mandaté par le gouvernement fédéral a conclu que le projet constitue une menace pour des espèces marines déjà en péril, dont l’épaulard résident du sud et le saumon quinnat dont il dépend. L’augmentation du bruit et de la pollution liée au trafic maritime risque de causer une dégradation encore plus grande de leur habitat. Le rapport publié dans Nature illustre qu’il est avantageux de protéger les écosystèmes ; dans le même ordre d’idée, nous devons soutenir l’épaulard et le saumon.

Selon les auteurs de l’article, il serait possible d’ici 30 ans de « restaurer en grande partie la richesse, la structure et la fonction de la vie marine » et d’accroître son rôle, grâce à une collaboration internationale axée sur la réduction de la pression exercée sur elle, notamment les changements climatiques. Bien que cela exigerait des milliards de dollars, les retombées seraient considérables.

Il faut essentiellement retenir de cet article que si on cesse de détruire la vie marine et qu’on la protège, elle renaîtra. 

« Il faut essentiellement retenir de cet article que si on cesse de détruire la vie marine et qu’on la protège, elle renaîtra, a déclaré au Guardian Callum Roberts, professeur à l’Université York et membre du groupe international du rapport. Nous pouvons rétablir la situation des océans, pour le bien de l’économie, du bien-être de l’humanité et, évidemment, de l’environnement. »

Le rapport souligne que nous pouvons atteindre l’objectif de 2030, comme en témoignent les résultats d’efforts internationaux pour favoriser la pêche durable et restaurer des écosystèmes côtiers comme l’herbier marin et la mangrove.

Il existe toujours dans le monde des zones menacées, où les écoulements agricoles, les eaux usées et la pollution se déversent dans les océans, et où l’intensité de l’activité industrielle perturbe la vie marine. La pêche non durable est encore trop pratiquée, en particulier en haute mer.  Pourtant, le rapport démontre qu’il pourrait en être autrement. Si nous investissons dans les océans et adoptons des modes de vie plus sains, nous nous en porterons tous mieux.

Nous constatons en ce moment tout ce que l’humanité peut accomplir pour faire face à la crise actuelle et à ses conséquences. En ce moment, il importe de prendre soin de nous-mêmes et des autres. Nous devons consacrer nos énergies à passer au travers de cette pandémie. Si nous respectons nos distances (tout en restant unis, du moins virtuellement si nous le pouvons), et que nous nous lavons fréquemment les mains avec soin, nous traverserons cette épreuve avec le même esprit de collaboration et de solidarité qui nous anime dans nos actions individuelles et collectives courantes. Tout est interrelié.

Traduction : Monique Joly et Michel Lopez