La plupart d’entre nous ont vu des images de tortues déformées par des anneaux d’emballage en plastique, des oiseaux morts parce que leur estomac était rempli de déchets, des animaux étranglés par des sacs de plastique…
Notre utilisation excessive du plastique à usage unique est désastreuse, pas seulement pour la faune, mais aussi pour nous. Le Canada a commencé à prendre ce problème au sérieux, en imposant une interdiction de plusieurs articles en plastique qui entre en vigueur en décembre.
La fabrication et l’importation des sacs de plastique, des contenants à emporter, des pailles en plastique, des bâtonnets à café, des ustensiles et des anneaux d’emballage de boissons seront interdites d’ici le mois de décembre, les ventes d’ici la fin de la prochaine année et les exportations d’ici la fin de 2025. L’objectif est d’éviter que « 15,5 milliards de sacs d’épicerie, 4,5 milliards d’ustensiles de plastique, 3 milliards de bâtonnets à café, 5,8 milliards de pailles, 183 millions d’anneaux d’emballage de boissons et 805 millions de contenants à emporter » polluent les terres et les eaux et finissent dans des sites d’enfouissement chaque année. (Il y a une exception à l’interdiction des pailles pour les personnes qui en ont besoin pour des raisons médicales ou d’accessibilité.)
Même si l’échéancier semble long et la liste d’articles courte, le gouvernement a eu à faire face à une énorme pression de la part de l’industrie, notamment par des batailles juridiques. Les entreprises de plastique ont contesté la compétence du gouvernement à ce sujet, soutenant que la réglementation devait être laissée aux provinces, et au sujet des évaluations scientifiques et de la classification « toxique » des articles fabriqués en plastique.
Presque tous les plastiques sont des sous-produits de l’industrie du pétrole, qui a elle aussi contesté l’interdiction. Ainsi, Imperial Oil a déposé un avis d’opposition à l’inscription des plastiques comme « substances toxiques » par le gouvernement dans la Loi canadienne sur la protection de l’environnement.
La fabrication et l’importation des sacs de plastique, des contenants à emporter, des pailles en plastique, des bâtonnets à café, des ustensiles et des anneaux d’emballage de boissons seront interdites d’ici le mois de décembre
L’industrie de la restauration et les provinces de l’Ontario, de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba et du Québec ont également contesté cette réglementation.
Mais étant donné les quantités excessives de plastique qui polluent les terres, les rivières, les milieux humides, les lacs, les océans et même l’air, l’industrie devrait s’efforcer de devancer l’interdiction, et éliminer progressivement les six articles concernés et les autres produits en plastique non essentiels le plus tôt possible. Le public et les gouvernements doivent se rallier pour ajouter plus d’articles à l’interdiction. La pression publique a déjà aidé, avec l’interdiction des exportations – au départ exemptées – ajoutée en décembre dernier.
Le gouvernement débute avec les articles les plus communs et les plus dangereux, mais n’exclut pas la possibilité de bannir les autres plastiques à usage unique. C’est important puisque les articles interdits ne représentent qu’environ 5 % des déchets de plastique au Canada.
Le gouvernement débute avec les articles les plus communs et les plus dangereux, mais n’exclut pas la possibilité de bannir les autres plastiques à usage unique.
Le recyclage n’est qu’une solution partielle puisque moins de 10 % des déchets de plastique au Canada sont recyclés, et que 3,3 millions de tonnes, la plupart des emballages, sont jetées annuellement, selon Radio-Canada.
Avec l’interdiction, le Canada rattrape d’autres pays. La France a interdit la plupart des articles l’an dernier et planifie d’élargir progressivement l’interdiction à d’autres articles, dont les emballages de fruits, de légumes et de journaux, le plastique dans les sachets de thé et les jouets offerts dans les restaurants de restauration rapide.
Pour que l’interdiction fonctionne, il faut éduquer les gens et s’assurer qu’il y a des options durables disponibles au besoin. Puisque l’interdiction est limitée, il faut aussi empêcher les entreprises d’offrir des solutions qui ne sont pas meilleures, comme les emballages rétrécissables au lieu des anneaux d’emballages pour boissons.
Pour que l’interdiction fonctionne, il faut éduquer les gens et s’assurer qu’il y a des options durables disponibles au besoin.
La plus grande contestation vient de l’industrie. Compte tenu de l’inquiétude grandissante à laquelle l’industrie pétrolière fait face à propos de la pollution, du dérèglement climatique et de l’instabilité mondiale, le plastique semblait être la solution pour faire augmenter la demande. Le géant pétrolier BP a prédit que les plastiques représenteraient 95 % de la croissance de la demande nette en pétrole entre 2020 et 2040. En raison des restrictions croissantes et de la pression publique dans les pays industrialisés, le succès de ce plan repose sur l’utilisation accrue du plastique dans des endroits comme l’Afrique.
Étant l’une des sources de pollution principales, le plastique alimente la crise climatique. Les émissions de dioxyde de carbone sont produites à toutes les étapes de son cycle de vie, soit environ cinq tonnes de CO2 par tonne de plastique, et encore plus s’il est brûlé. Selon un article de Vox, « C’est environ deux fois ce que produit en CO2 une tonne de pétrole ».
Les plastiques peuvent être utiles, surtout dans des environnements médicaux ou de santé publique – même s’il y a de plus en plus d’autres solutions. Mais la majorité du plastique que nous utilisons et que nous jetons n’est pas nécessaire. De la même manière que nous devons arrêter l’utilisation des combustibles fossiles, nous devons également nous sevrer du plastique. L’interdiction du Canada est un bon début, mais nous devons aller plus loin et plus rapidement. C’est un secteur où nos choix personnels peuvent faire une grande différence. Les nouvelles normes du gouvernement rendent ces choix plus faciles. Il n’y a pas d’avenir dans le plastique.