Photo : Patrick Shannon

Publié le 26 novembre 2021 dans le Journal de Montréal et de Québec

Au même moment que la COP26 à Glasgow se déroulait, la nature a déclenché un déluge sans précédent en Colombie-Britannique – inondation de terres agricoles, autoroutes rompues et 17 000 personnes de déplacées.

Le 17 novembre, la Colombie-Britannique a été contrainte de déclarer l’état d’urgence. Le lendemain, au nord de la province, la GRC a envahi les terres ancestrales des Wet’suwet’en et expulsé de force des membres de cette communauté qui vivaient sur leurs terres et qui refusaient la construction d’un pipeline qui viole leurs droits à plusieurs niveaux.

Ces événements sont les maillons d’une histoire dramatique qui se déroule sous nos yeux, une histoire qui nous concerne toutes et tous.

Un drame

Alors que les délégués de la Colombie-Britannique revenaient de la COP26, des pluies record ont causé des coulées de boue qui ont emprisonné les voyageurs pendant des heures et noyé des milliers d’animaux d’élevage. On a perdu des moyens de subsistance. Les dommages coûteront des milliards de dollars et il faudra des années pour tout réparer.

Plusieurs habitants de la Colombie-Britannique se remettent encore du « dôme de chaleur » de cet été, qui a tué 600 personnes. De gigantesques feux de forêt ont détruit de vastes forêts, Lytton a été rasé et un milliard d’espèces marines de la zone intertidale ont littéralement bouilli dans la chaleur extrême.

Nous sommes clairement en présence de nouvelles conditions météorologiques inhabituelles et intenses, attribuables aux changements climatiques, dont les effets sont dévastateurs.

Alors que le sud de la Colombie-Britannique affrontait les conséquences de ce désastre, à 1000 kilomètres plus au nord, la GRC expulsait les défenseurs des terres des Wet’suwet’en en vue de la construction d’un pipeline. Les Wet’suwet’en bloquent désormais le forage sous la rivière Wedzin Kwa ou Morice, une rivière à saumon à l’eau si claire et si pure qu’on peut la boire directement.

L’invasion comprenait des unités canines et un grand nombre de membres de la GRC, y compris des tireurs d’élite, suscitant une intervention militaire clairement inutile. Ces interventions violent les droits prévus à l’article 35, les droits de la personne internationaux et les droits des Autochtones en vertu de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Défendre leurs terres

Lorsque les Wet’suwet’en défendent leurs terres et leurs eaux, ils se dressent contre les inondations, les incendies et d’autres catastrophes climatiques causées par l’activité humaine. Le consensus mondial en matière de climatologie est maintenant indéniable : pour maintenir le réchauffement de la Terre à une température viable, nous devons cesser toute expansion de l’infrastructure des combustibles fossiles. Nous devons abandonner l’utilisation des combustibles fossiles. Toutefois, ce secteur est doté d’un lobby si puissant et si influent auprès des gouvernements qu’il cherche toujours à faire adopter de nouvelles infrastructures. Les défenseurs des terres des Wet’suwet’en tentent d’empêcher ce que le monde entier sait être non viable : de nouvelles infrastructures qui nous condamnent à des décennies de pollution accrue et d’aggravation des phénomènes météorologiques apocalyptiques.

J’espère que le monde porte attention à ce qui se passe dans ma province, la Colombie-Britannique, en établissant des liens et en agissant en conséquence. Nous devons insister pour que cesse le soutien politique aux combustibles fossiles qui détruit notre climat et les droits de la personne. Si ce n’est pas pour le bien de la planète, que ce soit pour le nôtre.