Les catastrophes n’arrêtent pas de frapper en période électorale. Encore sous le choc de la dévastation causée par l’ouragan Hélène dans le sud-est des États-Unis, les gens peinent sans doute à se concentrer sur les élections de novembre. Certaines personnes pourraient même avoir du mal à se rendre aux urnes puisque les bureaux de vote et la livraison du courrier se sont vus perturbés par la catastrophe. Lors des élections albertaines de l’année dernière, plusieurs candidat.e.s avaient dû suspendre leur campagne électorale puisque les flammes ravageaient leurs collectivités (article en anglais).
Les résultats électoraux peuvent toutefois grandement influencer la réponse aux crises ainsi que la fréquence et l’intensité des événements déclencheurs. C’est en effet aux gouvernements que revient l’entière responsabilité d’alerter la population en cas de tempêtes, de garantir la sécurité publique et de nettoyer les dégâts.
Qui plus est, les gouvernements détiennent le pouvoir de promulguer des politiques qui pourraient prévenir ou réduire les répercussions des phénomènes météorologiques extrêmes, des codes du bâtiment aux politiques climatiques.
Malgré la fréquence et l’intensité croissantes de ces événements climatiques, l’électorat continue de placer l’économie et la santé au sommet de ses priorités, reléguant l’environnement et le climat en queue de liste – qu’il s’agisse d’élections fédérales, régionales ou nationales. Cette réaction est en quelque sorte logique. L’économie et la santé constituent des préoccupations immédiates, et leurs répercussions sur la population sont concrètes.
Les résultats électoraux peuvent toutefois grandement influencer la réponse aux crises ainsi que la fréquence et l’intensité des événements déclencheurs.
Cependant, les enjeux environnementaux, notamment les changements climatiques, sont indissociables de l’économie et de la santé. En les traitant comme des sujets distincts à classer par ordre de priorité, on contribue à une représentation erronée de la réalité. Cette séparation crée également une dissociation entre, d’un côté, ce qui appartient au registre des activités humaines et de la gouvernance et, de l’autre, les sécheresses, les inondations, les tempêtes et autres conséquences environnementales.
Les partisan.e.s d’une réduction de la présence de l’État et de ses dépenses sont souvent prêt.e.s à sacrifier le financement de politiques, de programmes et d’institutions qui assurent la sécurité de la population lors de crises. Le Projet 2025, par exemple, sujet de controverse aux États-Unis, vise à démanteler la National Oceanic and Atmospheric Administration (Agence nationale d’observation océanique et atmosphérique) et le National Weather Service (Service météorologique national), à réviser le travail du National Hurricane Center (Centre national de prévisions des ouragans) et à privatiser le National Flood Insurance Program (Programme national d’assurance contre les inondations). Ce projet prévoit également un transfert de la responsabilité des dépenses d’urgence du gouvernement fédéral aux États et une réduction de la taille de l’Office of Oceanic and Atmospheric Research (Bureau de la recherche océanique et atmosphérique), sans oublier la suspension de la plupart de ses recherches en matière de changements climatiques (source en anglais).
Les répercussions en matière de santé et d’économie pourraient être importantes.
Les conséquences économiques des catastrophes associées aux changements climatiques connaissent une montée vertigineuse.
Le bilan de l’ouragan Hélène à lui seul s’élève actuellement à plus de 200 décès, et les chiffres continuent d’augmenter. Les scientifiques ont démontré que le réchauffement des océans stimule les ouragans et provoque davantage d’évaporation, augmentant ainsi les précipitations. Puisque la planète se réchauffe, en grande partie à cause de la combustion d’énormes quantités de charbon, de pétrole et de gaz, les ouragans se font de plus en plus meurtriers. De catégorie 4, l’ouragan Hélène est considéré comme l’un des plus puissants à avoir frappé les États-Unis (source en anglais).
La pollution occasionnée par les combustibles fossiles et la fumée des feux de forêt exacerbe les problèmes de santé – comme l’asthme – et contribue à l’augmentation des décès prématurés. Elle se répercute aussi sur les frais de soins de santé des individus et de la société dans son ensemble.
Les conséquences économiques des catastrophes associées aux changements climatiques connaissent une montée vertigineuse. Qu’il s’agisse de la hausse des prix à l’épicerie due à la sécheresse et aux inondations des terres agricoles, des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement – associés aux catastrophes – ou des coûts de nettoyage après des tempêtes destructrices, les conséquences financières se font sentir sur le plan tant individuel que social.
En revanche, le travail réalisé en amont pour résoudre les crises environnementales – notamment la crise climatique – apporte d’immenses bienfaits économiques, de la création d’emplois aux revenus fiscaux. Par exemple, aux États-Unis, l’lnflation Reduction Act (Loi sur la réduction de l’inflation) a stimulé des investissements privés de 100 milliards de dollars ($ US) et créé au moins 100 000 emplois strictement en production d’énergie propre, et ce, en seulement deux ans.
Pour les individus, les familles, les collectivités et la société, les coûts croissants que représentent les crises environnementales – dont la crise climatique – sont indéniables. La mise en place de politiques, de programmes et d’actions efficaces pour y faire face offre sans aucun doute d’innombrables avantages économiques et sanitaires.
Comme nous l’avons écrit par le passé, des recherches approfondies démontrent qu’investir dans l’action climatique réduit les coûts énergétiques et stabilise les marchés, stimule le développement technologique, réduit les dépenses en matière de santé, permet d’éviter des conséquences coûteuses dans toutes les sphères, de l’agriculture aux infrastructures urbaines, et élargit les possibilités économiques pour les gens de tous les horizons.
Le besoin urgent de délaisser les combustibles fossiles au profit d’énergies renouvelables et d’adopter des politiques visant à réduire la consommation énergétique ne devrait même pas être sujet à débat, et jusqu’à tout récemment, au tournant des années 1990, il ne l’était pas. Le débat principal devrait plutôt porter sur les meilleurs moyens de progresser en la matière. Pour les individus, les familles, les collectivités et la société, les coûts croissants que représentent les crises environnementales – dont la crise climatique – sont indéniables. La mise en place de politiques, de programmes et d’actions efficaces pour y faire face offre sans aucun doute d’innombrables avantages économiques et sanitaires.
La priorité absolue devrait être, bien entendu, d’assurer durablement notre capacité de survie. Nous devons développer davantage notre compassion et notre empathie, et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les personnes touchées par ces phénomènes météorologiques extrêmes. Par ailleurs, nous devons nous assurer que nos politiques sont orientées par des engagements qui visent à faire face aux causes de ces catastrophes.