Les municipalités peuvent désormais s’appuyer sur le guide S’adapter au climat par le verdissement, publié par l’union des municipalités du Québec (UMQ) pour intégrer facilement de nouvelles infrastructures végétalisées. Le but? Accroître la résilience des villes grâce aux plantes face aux changements climatiques.
Tout en s’appuyant sur des exemples municipaux concrets et reproductibles à l’échelle du Québec, des expert.es de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et de la Fondation David Suzuki présentent ici six types d’infrastructures vertes : les aires de biorétention, les ouvrages de stabilisation de sol et de berge, les arbres, les pavés alvéolés, ainsi que les toits et les murs végétalisés.
“En plus d’être efficaces, résilientes et économiques, ces solutions fondées sur la nature ont plusieurs bénéfices écologiques, comme la réduction des îlots de chaleur, la gestion des eaux pluviales, l’accroissement de la biodiversité, l’amélioration de la qualité de vie et du bien-être, la réduction des gaz à effet de serre et l’atténuation des nuisances,” explique le chercheur postdoctoral à la FDS et à l’INRS, Maxime Fortin-Faubert.
Zoom sur chacune d’entre elles!
Arbres
Les arbres permettent principalement de réduire les îlots de chaleur et d’améliorer la qualité de vie et le bien-être des citoyen.nes. Ils forment une canopée urbaine et s’implantent aisément le long des routes ou dans les cours d’école, via la méthode de reforestation de micro-forêt Miyawaki ou bien de façon parsemée.
Le concept de micro-forêt Miyawaki émerge tout juste au Québec. Il consiste à planter des espèces d’arbres indigènes au moyen de techniques diversifiées, destinées à favoriser une croissance rapide et une plantation dense. Un plus pour les quartiers en quête de verdissement! Le parc Haendel à Candiac comprend ainsi une micro-forêt Miyawaki depuis juin 2022. Les 22 espèces d’arbres qui la composent sont dotées de caractéristiques distinctes et complémentaires, comme la capacité à purifier l’air ou la résistante aux pathogènes.
La plantation dispersée d’arbres, quant à elle, est davantage connue de tous.tes, notamment dans le cadre d’actions municipales sur les trottoirs ou les stationnements, par exemple. C’est le cas de la Ville de Vaudreuil-Dorion qui a reboisé plusieurs secteurs de son territoire afin de développer un environnement de vie harmonieux et durable pour ses résident.es : près de 11 000 arbres ont été ajoutés!
Toits végétalisés
Tout comme les arbres, les toits végétalisés contribuent à diminuer les îlots de chaleur, mais aussi à accroître la biodiversité. Il s’agit de toitures recouvertes de plantes qui se différencient selon l’épaisseur du terreau, le choix des végétaux et la surface utilisée. On distingue notamment les toits extensifs, des toits intensifs et semi-intensifs.
Les premiers sont occupés par des végétaux de petites tailles. Le Centre d’exploration de la Rivière-des-Milles-Îles à Laval comporte de cette manière deux toits végétalisés extensifs, ce qui a permis d’allier architecture moderne et écoresponsabilité. Il en va de même pour le Centre communautaire Nathalie-Croteau à Brossard, qui accueille à présent des bacs d’agriculture urbaine… de quoi ravir ses occupant.es!
Pour ce qui est des toits intensifs et semi-intensifs, ils laissent place à une plus grande diversité de plantes et sont généralement accessibles aux usager.ères. La toiture végétale intensive du Centre des loisirs de la Ville de Westmount, par exemple, se connecte directement au parc Westmount et le prolonge.
Murs végétalisés
Tout comme les arbres, les murs végétalisés contribuent essentiellement à améliorer la qualité de vie et le bien-être, que ce soit à l’intérieur comme à l’extérieur des bâtiments. Ils peuvent être constitués de plantes grimpantes ou de végétaux enracinés.
Ainsi, les premières peuvent pousser directement sur les façades ou bien utiliser des supports. Le petit belvédère du square des Frères-Charon à Montréal en est ainsi recouvert, ce qui permet d’enrichir l’espace végétalisé du quartier.
Les végétaux enracinés, pour leur part, tapissent des murs dits « vivants ». En effet, ils sont enracinés dans des supports qui leur permettent de pousser directement sur la surface verticale, comme à la Biosphère de Montréal, qui regroupe une multitude d’espèces aux conditions techniques et climatiques diverses.
Aires de biorétention
Tout comme les toits végétalisés, les aires de biorétention, permettent principalement de favoriser l’accroissement de la biodiversité, mais aussi la gestion de l’eau pluviale. Elles sont formées de bassins de rétention, de cellules de biorétentions et de noues végétalisées, qui visent à intercepter de grandes quantités d’eaux de pluie.
Les bassins de rétention permettent de recevoir les eaux pluviales en fin de parcours. À Québec, le nouvel aménagement du marais de Bellevue permet ainsi de traiter le ruissellement urbain pollué. La qualité des eaux allant dans le lac se trouve alors améliorée! Les cellules de biorétentions sont cependant plus petites et réalisées en série, comme sur la rue Saint-Maurice à Trois-Rivières, dont la totalité des eaux pluviales est prise en charge.
Les noues végétalisées recueillent quant à elles les eaux de pluie pour ensuite les acheminer vers les bassins de rétention, les cellules de biorétentions ou les canalisations. Cet aménagement naturel a ainsi permis à la Ville de Nicolet de mieux gérer les eaux pluviales de la rue résidentielle, tout en diminuant les polluants rejetés et les risques de refoulement des égouts pluviaux.
Ouvrages de stabilisation des sols et des berges
De la même façon que les aires de biorétention, les ouvrages de stabilisation des sols et des berges favorise majoritairement la gestion de l’eau pluviale et l’accroissement de la biodiversité. Ils ont pour objectif de limiter l’érosion des sols inclinés grâce au développement racinaire de végétaux. Ces derniers agissent comme des structures d’ancrage et favorisent l’infiltration de l’eau dans les sols. On distingue les travaux de végétalisation des techniques de génie végétal.
On recourt généralement aux premiers pour stabiliser des pentes faibles, telles que les bordures de routes, les rives ou les talus, comme la Pointe de Moisie à Sept-Îles dont les habitats naturels ont été préservés et restaurés en 2018. Plus de 100 000 végétaux ont été plantés lors de cette initiative, à laquelle plusieurs centaines de citoyen.nes ont participé!
Les techniques de génie végétal, pour leur part, font appel à des méthodes plus avancées et s’appliquent lorsque les pentes sont plus raides ou lorsque les zones sont soumises à de grandes quantités d’eaux. Les ouvrages qui en résultent peuvent être complètement végétalisés ou bien combinés à des infrastructures inorganiques, telles que des palissades ou de l’enrochement. Le littoral de l’Anse du Sud de la ville de Percé l’illustre bien, puisque l’association de galets et de végétaux essentiellement indigènes a permis de contrôler l’érosion côtière depuis 2017.
Pavés alvéolés
Tout comme les arbres et les murs végétalisés, les pavés alvéolés permettent d’améliorer la qualité de vie et le bien-être. Composés de dalles en bétons ou de plastique, ils comprennent des espaces qui peuvent accueillir du gravier, du sable ou de la terre végétale. De plus, ils favorisent l’infiltration des eaux pluviales dans le sol et peuvent supporter le passage des poids lourds. On distingue les pavés alvéolés comblés par des végétaux, des pavés alvéolés comblés par des végétaux avec bandes de roulement en béton, destinées à chaque pneu de voiture.
La stationnement Pierre-Laporte à Victoriaville a ainsi été reverdi entre autres via des pavés alvéolés, laissant entrevoir de l’herbe sous les automobiles stationnées. Enfin, à Trois-Rivières, plusieurs ruelles vertes ont été réaménagées : la couche d’asphalte a été retirée au profit de pavés alvéolés qui laissent paraître du gazon ne nécessitant aucune tonte.