Pour éviter les pires conséquences des changements climatiques, les solutions abordables ne manquent pas – et d’autres sont développées chaque jour. Leur utilisation apportera aussi de nombreux autres avantages. Mais vu que mondialement nous nous dirigeons rapidement vers le seuil de 1,5 °C de réchauffement, au-delà duquel nous atteindrons probablement des points de basculement irréversibles, il n’y a pas de temps à perdre.
Tel est le message – et l’avertissement – du sixième Rapport d’évaluation (en anglais) du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié le 20 mars. Il synthétise trois rapports précédents sur la science physique, les conséquences, l’adaptation, la vulnérabilité et la mitigation, ainsi que trois rapports spéciaux sur la base du seuil de 1,5 °C et les conséquences sur les terres, la cryosphère et les océans. Ce rapport est basé sur les recherches issues de dizaines de milliers d’études scientifiques recueillies au cours des cinq dernières années par trois groupes de travail composés de dizaines de scientifiques et d’expert.e.s du monde entier.
Les scientifiques sont unanimes : les activités humaines – principalement la combustion de charbon, de pétrole et de gaz – réchauffent la planète à des niveaux insoutenables. Depuis 1880, la température moyenne de la planète a déjà augmenté de 1,1 °C, et la majeure partie du réchauffement a eu lieu ces dernières années. Le GIEC avertit que « les politiques actuelles sur le climat entraîneront une augmentation du réchauffement de la planète de 3,2 °C d’ici à 2100 ».
Les scientifiques sont unanimes : les activités humaines – principalement la combustion de charbon, de pétrole et de gaz – réchauffent la planète à des niveaux insoutenables.
« La température de surface de la planète a augmenté plus rapidement depuis 1970 que durant toute autre période de 50 ans au cours des 2000 dernières années au moins », indique le rapport, notant que les émissions continuent d’augmenter, les personnes et les communautés qui en sont les moins responsables étant les plus durement touchées.
Pour ralentir les types de catastrophes liées au climat que nous voyons déjà – des chaleurs extrêmes, sécheresses et pénuries d’eau, aux tempêtes de plus en plus intenses, inondations et pollution – nous devons réduire les émissions d’au moins 43 % au cours des sept prochaines années en faisant rapidement la transition du charbon, du pétrole et du gaz vers des sources d’énergie sans émission de carbone.
C’est un défi, mais c’est possible, et cela apportera de nombreux avantages : réduction de la pollution, meilleure santé publique et taux de mortalité plus bas, plus d’emplois, de meilleurs résultats économiques et, si c’est bien fait, une plus grande égalité. Mais étant donné la lenteur des progrès accomplis depuis la publication du premier rapport du GIEC il y a plus de 30 ans, nous manquons de temps et nous ferons face à des conséquences de plus en plus dures qui nécessiteront des mesures de plus en plus drastiques à moins que nous n’agissions rapidement.
Pour ralentir les types de catastrophes liées au climat que nous voyons déjà… nous devons réduire les émissions d’au moins 43 % au cours des sept prochaines années.
Cela signifie que les pays riches et surconsommateurs responsables de la plus grande partie du problème, dont le Canada, doivent viser des émissions nettes nulles d’ici à 2040, soit dix ans plus tôt que l’objectif précédent. D’ici à 2035, le monde aura également besoin d’une électricité à émissions nulles, c’est-à-dire ne provenant ni du charbon, ni du pétrole, ni du gaz. L’expression « zéro émission net » signifie que les émissions sont réduites au point que la nature ou la technologie peut capter les émissions restantes.
C’est possible, comme le montrent les recherches de la Fondation David Suzuki et d’autres organisations. Le rapport Virage énergétique de la fondation décrit comment le Canada peut parvenir à une électricité zéro émission d’ici 2035 grâce à l’éolien, au solaire, au stockage de l’énergie, à l’efficacité énergétique et au transport interprovincial, sans dépendre de technologies coûteuses, parfois non éprouvées et dangereuses, telles que le nucléaire ou le gaz fossile avec captage et stockage du carbone. Des solutions telles que l’énergie et le stockage géothermiques, l’énergie marémotrice et diverses méthodes de stockage de l’énergie peuvent nous rapprocher encore davantage d’un pays et d’une planète en meilleure santé.
Un des principaux obstacles, ici et ailleurs, est la pression constante exercée par l’industrie des combustibles fossiles et ses partisans – y compris les gouvernements qui dépendent de l’industrie pour leurs gains à court terme – pour ralentir ou bloquer la transition nécessaire. Et malgré des preuves accablantes et indiscutables, le déni de la science climatique existe toujours dans des sphères influentes comme le gouvernement et les médias. La plupart d’entre eux rejettent un avenir sain en faveur de profits à court terme et de bénéfices pour une minorité de plus en plus restreinte.
Un des principaux obstacles, ici et ailleurs, est la pression constante exercée par l’industrie des combustibles fossiles et ses partisans… pour ralentir ou bloquer la transition nécessaire.
Lutter contre la crise climatique en passant rapidement des combustibles fossiles aux énergies propres, tout en protégeant et en restaurant la nature, permettra de réduire la pollution et d’améliorer la santé, de créer de bons emplois dans les technologies vertes, d’assurer une plus grande sécurité énergétique et de rendre l’énergie plus accessible à un plus grand nombre de personnes et d’atténuer les conséquences coûteuses et dévastatrices des changements climatiques telles que les dômes de chaleur, les inondations massives, les sécheresses et les crises de réfugié.e.s.
Les émissions rejetées aujourd’hui dans l’atmosphère y resteront pendant des années, provoquant des effets climatiques plus fréquents et plus intenses tout en nous rapprochant de points de basculement irréversibles. C’est une réalité qui donne à réfléchir, et le changement est toujours difficile, mais les avantages d’une action rapide et décisive sont nombreux.
Comme l’affirme le GIEC, « il existe une fenêtre d’opportunité qui se referme rapidement pour assurer un avenir vivable et durable pour toutes et tous ». Saisissons cette opportunité dès maintenant.