Chaque mois, la Fondation David Suzuki rencontre des membres du Réseau Demain le Québec. Place au groupe de soutien au milieu éducatif, environnement et écocitoyenneté, qui est un espace d’échanges et qui rassemble des personnes vivant aux quatre coins de la Province.
Qu’iels soient jeunes, étudiant.e.s, enseignant.e.s, éducateur.rice.s, membres d’organismes ou citoyen.ne.s, tous.tes sont engagé.e.s dans l’éducation, qui est cruciale aux changements socioécologiques.
Raphaël Boilard, Caroline Chouinard et Marie-Claude Linteau nous partagent leurs engagements, leurs idées, leurs défis et… leurs rêves!
Raphaël Boilard
Raphaël Boilard poursuit sa quatrième année d’études en enseignement au secondaire à l’université Laval. Il est impliqué dans le groupe citoyen Parlons éducation et Lab22 : laboratoire d’innovations sociales et environnementales.
Parlons éducation résulte d’une initiative citoyenne, qui vise à réfléchir aux dysfonctionnements de la structure éducative actuelle et aux pistes de solution envisagées, telles que la redéfinition des horaires, des matières enseignées ou des lieux d’enseignement, par exemple.
Dans ce cadre, 18 forums se sont tenus à travers le Québec au printemps dernier durant lesquels les citoyen.ne.s et les acteur.ice.s du milieu éducatif, toutes générations confondues, ont échangé sur plusieurs thématiques, telles que la structure de l’école. Raphaël Boilard a notamment organisé le forum qui s’est déroulé dans la Capitale-Nationale.
« L’éducation est une valeur importante à mes yeux et je trouve que le réseau d’éducation au Québec présente des lacunes. Par exemple, aucune base concernant l’environnement n’est inscrite dans le programme scolaire, ce qui fait en sorte que l’on ne forme pas d’écocitoyen.ne.s » regrette Raphaël.
L’éducation est une valeur importante à mes yeux et je trouve que le réseau d’éducation au Québec présente des lacunes. Par exemple, aucune base concernant l’environnement n’est inscrite dans le programme scolaire, ce qui fait en sorte que l’on ne forme pas d’écocitoyen.ne.s.
Raphaël Boilard
De la même façon, il explique que les élèves du secondaire bénéficient de moins de temps de récréation que celleux du primaire, puisque les pauses servent généralement à se rendre à leur casier, à la salle de bain ou à la cafétéria. Il en résulte alors que leur contact avec l’extérieur est moindre, au profit de la productivité.
« J’aimerais qu’il y ait plus de moments de détente et que l’école soit un milieu de vie, plutôt qu’un endroit où l’on se presse entre les cours. […] Il faut cesser cette culture du rendement. L’école doit amener le goût d’apprendre » complète l’étudiant en éducation au secondaire.
Il est également engagé au sein de l’organisme Lab22 : laboratoire d’innovations sociales et environnementales, qui épaule les écoles secondaires à faire le pas vers une transition socioécologique au Québec. Pour ce faire, des expert.e.s en environnement accompagnent les établissements au niveau de la gestion des déchets ou des moyens de transport utilisés lors des sorties scolaires, par exemple.
« On pense que c’est facile, mais rien que le fait de rentrer en contact avec une direction d’école et d’aller bousculer des idées préconçues, c’est un défi » commente Raphaël.
Le Comité consultatif jeunesse du Lab22, dont il fait partie, rassemble des jeunes allant de l’école secondaire à l’université. En véhiculant leurs idées, iels permettent au fondateur de l’organisme, Dominic Vézina, d’avoir une meilleure compréhension de la réalité sur le terrain.
« C’était inévitable d’améliorer mes connaissances en environnement, d’être un enseignant qui soit capable d’en parler avec ses élèves et de me former en dehors de l’université, puisqu’elle ne me forme pas à être un éco-enseignant » ajoute Raphaël Boilard.
Caroline Chouinard
C’est un défi que relève aussi l’enseignante en biologie au CÉGEP de Lanaudière à Joliette, Caroline Chouinard. En plus de sa contribution à l’écologisation de l’école, elle s’est attaquée à la préparation de l’un des nouveaux cours du programme de sciences naturelles, intitulé Écologie et évolution. Une première!
Pour ce faire, elle s’est intéressée aux façons alternatives d’enseigner. Le but? Éviter l’écoute passive des étudiant.e.s découlant des cours magistraux. Bien au contraire! Elle souhaite les rendre actifs, les faire prendre position, ainsi qu’organiser des plénières et des discussions collectives.
Il n’est pas question non plus de nourrir l’écoanxiété des élèves en ne traitant que de problèmes environnementaux. L’épreuve finale du cours consistera ainsi à développer collectivement des activités de mobilisation citoyenne, à la suite de quoi des gagnant.e.s seront designé.e.s et récompensé.e.s.
« J’ai intégré les compétences de l’UNESCO pour l’éducation relative à l’environnement, afin que les étudiant.e.s aient une place pour exprimer leur opinion face aux enjeux environnementaux et puissent proposer des solutions » précise l’enseignante.
J’ai intégré les compétences de l’UNESCO pour l’éducation relative à l’environnement, afin que les étudiant.e.s aient une place pour exprimer leur opinion face aux enjeux environnementaux et puissent proposer des solutions.
Caroline Chouinard
Ces critères invitent notamment à comprendre les principaux enjeux environnementaux, à réaliser une action environnementale transformatrice, à analyser une problématique environnementale de niveau local ou national et produire un argumentaire critique qui tende vers un changement écosocial, ainsi qu’à élaborer une réflexion personnelle sur ses valeurs et sa relation avec la nature.
Le premier cours présentera d’ailleurs des organismes qui se mobilisent pour la protection environnementale. Ceci permettra aux étudiant.e.s de décider s’iels souhaitent s’impliquer, ne serait-ce qu’au sein de leur école, dans le Comité environnement étudiant ou le Comité vert.
Ce dernier, dont Caroline Chouinard fait partie, a développé un projet de verdissement de la cafétéria et propose une multitude d’activités de sensibilisation, en encourageant le covoiturage, par exemple. Un concours, Défi sans auto solo, a d’ailleurs été lancé à la mi-septembre.
Enfin, l’enseignante souhaite inviter ses collègues des autres départements a intégrer les trois axes du développement durable dans leurs cours.
Marie-Claude Linteau
Marie-Claude Linteau est quant à elle conseillère à la vie étudiante en développement durable au CÉGEP Garneau à Québec, certifié Cégep Vert du Québec, à la Direction du développement institutionnel et de la recherche. Son travail consiste à rendre les pratiques de l’école davantage écoresponsables, par le biais d’une démarche de carboneutralité, d’une révision des aménagements extérieurs et de l’incitation à la mobilité active.
En outre, elle accompagne le développement des initiatives environnementales des étudiant.e.s, telles que la création d’un jardin communautaire ou l’organisation de conférences. Un Comité étudiant rassemble d’ailleurs des élèves et des entreprises-écoles afin de développer ces projets.
Ainsi, La Jeune Coop Roue-Libre promeut la culture du vélo depuis 2013, en aidant les gens à réparer leur vélo, et Miel Garneau, crée des produits éco-responsables à base de miel, tout en offrant des conférences en milieu scolaire.
La question du maintien de ces projets est toutefois centrale, notamment depuis la pandémie. Il s’agit donc de s’assurer que le flambeau est passé entre les personnes d’une année à l’autre.
« Nous sommes confronté.e.s à de l’écoanxiété, mais aussi à de la fatigue informationnelle environnementale. Il faut montrer que les meilleures pratiques sont aussi les plus agréables et enlever les contraintes le plus possible, car il faut faciliter les choix » commente Marie-Claude Linteau.
Il faut montrer que les meilleures pratiques sont aussi les plus agréables et enlever les contraintes le plus possible, car il faut faciliter les choix.
Marie Claude-Linteau
Enfin, le CÉGEP développe ses relations avec des expert.e.s et des organismes de la région, comme Accès transports viables. Il s’assure également d’être à la table des rencontres en éducation, afin que les bonnes pratiques voyagent d’un établissement à un autre.
« On peut réfléchir à ces questions avec des personnes qui vivent les mêmes enjeux que nous et imaginer un autre modèle pour changer de paradigme » conclut Marie-Claude Linteau.