La deuxième édition du Rassemblement du Réseau Demain le Québec (RDQ) a eu lieu du 31 mai au 2 juin 2024 à Québec. Plus de 170 participant.e.s et intervenant.e.s. se sont rassemblé.e.s afin de se rencontrer, échanger, s’outiller et célébrer les courageuses initiatives et luttes citoyennes des groupes engagés aux quatre coins de la province pour la transition socioécologique. Coup de projecteur sur trois jeunes engagé.e.s : Juliette Houde, Benjamin Savard et Émilie Schwartz.
Juliette Houde
Juliette Houde milite pour l’accès à la nourriture saine grâce à l’apprentissage de l’agriculture biologique. Originaire de Montréal, elle s’est installée à Victoriaville il y a trois ans et étudie à l’Institut national d’agriculture biologique (INAB) dans le programme de Gestion et technologies d’entreprise agricole en production fruitière.
J’envisage ce milieu comme mode de vie, où l’on se partage la terre et où l’on vit dans une communauté de partage, impliquant autant les aîné.e.s que la diversité. Je pense que la nourriture est un beau prétexte pour rassembler les gens.
Juliette Houde
Les raisons de son implication? Un besoin de prendre soin des personnes autour d’elle, un souhait de rendre ses savoirs accessibles et de développer ses intérêts, ainsi qu’un désir de se réapproprier le territoire, qui est lourdement touché par la crise agricole. En effet, elle souligne que l’agriculture locale est confrontée à des obstacles importants, tels que l’individualisme et la propriété privée, qui entravent le sentiment d’appartenance à la communauté et l’accès à la terre.
Alors que sa formation lui enseigne comment préserver le territoire, elle s’adonne également à tisser des liens avec la collectivité. En ce sens, elle a prévu des activités écopédagogiques cet été au jardin communautaire de Victoriaville, destinées à la population locale.
De plus, elle est investie dans plusieurs comités de son école, tels que le Comité anti-gaspi et le Comité fermentation. Le premier visait à récupérer les produits jetés par les supermarchés et à les transformer, tandis que le second a permis de réaliser du kimchi et de la choucroute grâce aux résidus de la ferme-école de l’INAB et des fermes des environs. Et ce n’est pas tout! Elle a aussi participé à la fabrication d’une bière d’épinette, d’un champagne à base de fleurs fermentées, d’un vin de pissenlit et d’un cidre!
En outre, elle est impliquée dans l’organisation du Salon des modes alternatifs d’établissement, qui rassemble chaque année des acteur.rice.s portant des projets alternatifs d’établissement agricole. Engagé sur les plans social, politique et environnemental, cet événement prend la forme de conférences, de panels et de kiosques. Au programme cette année? Écoféminisme, semences, subsistance et alimentation s’inscrivant dans la transition sociologique.Elle a également coorganisé le festival multidisciplinaire et écoresponsable Ortika Fest au mois de juin 2023 à Saint-Fulgence, qui a rencontré un franc succès. Activités maraîchères, art, culture, musique et projections de films étaient au rendez-vous!
Entourée de la communauté, Juliette Houde aimerait par la suite créer une entreprise locale proposant des produits de saison et des services écopédagogiques, afin de revaloriser les savoirs ancestraux et laisser place à une économie de subsistance, reposant sur l’agriculture vivrière.Benjamin Savard
Pour sa part, Benjamin Savard s’implique dans la lutte environnementale depuis qu’il a 17 ans. Il a notamment pris part à plusieurs comités écologiques et associations étudiantes tout au long de sa scolarité, que ce soit pour mobiliser des personnes lors de grèves climatiques ou d’ateliers.
S’impliquer permet de mieux comprendre le monde et d’imaginer comment il pourrait être meilleur. Les militant.e.s ne sont pas des personnes spéciales ou différentes. S’investir dans la lutte contre les changements climatiques est quelque chose que tout le monde peut et doit faire si nous voulons arriver quelque part.
Benjamin Savard
Il se rappelle notamment d’une fois, à l’occasion de son implication dans la Coalition de résistance pour l’unité étudiante syndicale (CRUES), où il a préparé un chili durant quatre heures pour 50 personnes. Il ajoute que la mobilisation n’est pas seulement dans l’action; cuisiner est aussi une façon de militer.
En outre, il a récemment cofondé L’écologie populaire, qui milite pour la décroissance. L’organisme mène actuellement une campagne pour le développement de la gratuité du transport en commun. Dans ce cadre et afin d’élargir le mouvement, un rassemblement citoyen a été organisé le 4 mai dernier, au cours duquel des tracts ont été distribués et des mobilisations ont eu lieu dans des parcs à Montréal.
Cette perception du transport est un changement de paradigme. C’est un enjeu de liberté et sa gratuité est essentielle, car il faut encourager l’adoption des transports collectifs et leur accessibilité à tous.tes.
De plus, le discours de L’écologie populaire se veut grand public et vise à aller à l’encontre du militantisme sectorisé en faisant se rencontrer différentes générations, afin que les retombées des luttes soient collectives et globales.
Pour la suite, Benjamin Savard souhaite que le mouvement continue de grandir et qu’un renouveau se produise sur une économie basée sur la solidarité, où les possibilités de se déplacer sans voiture se multiplieront.Émilie Schwartz
Vivant à Baie-Comeau sur la Côte-Nord, Émilie Schwartz a quant à elle cofondé le groupe citoyen Transition Manicouagan et travaille à Vigilance OGM en tant que chargée de mobilisation et animatrice du balado écoféministe Des Rachel qui changent le monde.
Mon implication est une flamme qui donne un sens à ma vie. Je suis fière et heureuse de me lever chaque matin et de contribuer à quelque chose de plus grand que moi. C’est un moteur et ça me rend vivante.
Émilie Schwartz
Partie d’une idée d’imaginer les quartiers de demain, Transition Manicouagan a créé un lieu rassembleur citoyen et organise des projets socioenvironnementaux, tels que des rencontres collectives, la mise en place d’un jardin communautaire et l’instauration du mouvement de la tasse bleue, entre autres.
Émilie Schwartz y assure bénévolement la coordination et l’organisation des événements. Elle travaille de concert avec des organismes locaux et communautaires, et se déplace aux séances publiques municipales afin de poser des questions et communiquer sur des sujets environnementaux.
On essaie d’inciter les gens à s’intéresser aux moyens d’actions au niveau municipal, car il s’agit de l’un des paliers gouvernementaux qui permet d’avoir le plus d’impact en raison de sa proximité.
En outre, puisque moins de structures comme des organismes à but non lucratif ou des associations se trouvent dans les régions, elle milite pour que ces dernières ne soient pas écartées des campagnes et événements environnementaux organisés par les groupes des grands centres urbains. Elle souligne que beaucoup de personnes vivent en région et que les enjeux globaux les concernent tout autant.
À l’occasion de la COP15 et dans le cadre de son travail à Vigilance OGM, Émilie Schwartz a ainsi participé à la création d’une bannière de 80 pieds de long aux côtés d’autres groupes militants. Elle a ensuite pu partager cette expertise avec d’autres personnes de Baie-Comeau, à l’occasion de la marche pour le Jour de la Terre, par exemple.
Je suis en lien avec beaucoup de monde du milieu environnemental, du fait de mon travail et mon implication dans le RDQ. Parfois, j’aimerais que d’autres groupes et personnes de mon coin puissent y gouter aussi.
Le balado Des Rachel qui changent le monde touche pour sa part aux conséquences des pesticides sur la nature, la santé, l’agronomie, la biodiversité, la politique, le droit et les lobbys. Son nom fait un clin d’œil au livre Printemps silencieux de la biologiste et environnementaliste américaine Rachel Carson.
À la manière d’une quête citoyenne, Émilie Schwartz a rencontré dix expertes engagées aux quatre coins du Québec, telles que Claire Bolduc, Geneviève Paul et Louise Hénault-Éthier. Appuyée de ses collègues, elle a appris à préparer des entrevues, faire du montage et organiser la diffusion du balado, qui prend à présent la forme d’une exposition circulant à travers la province.