La véritable solution consiste plutôt à cesser l’extraction et la consommation de combustibles fossiles ainsi qu’à protéger et à restaurer les écosystèmes naturels. Nous devrons redoubler d’efforts pour mettre en place cette stratégie que nous aurions dû adopter depuis des décennies.

Pour plusieurs, la « géo-ingénierie » représente un « frein d’urgence » ou encore un « dernier recours » pour contrecarrer le réchauffement planétaire. Néanmoins, de plus en plus de personnes envisagent désormais cette technique comme une solution nécessaire pour ralentir, voire inverser le phénomène.

La véritable solution consiste plutôt à cesser l’extraction et la consommation de combustibles fossiles ainsi qu’à protéger et à restaurer les écosystèmes naturels. Nous devrons redoubler d’efforts pour mettre en place cette stratégie que nous aurions dû adopter depuis des décennies. Malheureusement, la géo-ingénierie sert de prétexte pour prolonger l’ère dépassée et destructrice des énergies fossiles. Si on peut capturer le carbone, pourquoi prendre la peine de réduire sa quantité dans l’atmosphère?

La géo-ingénierie fait référence aux efforts à grande échelle déployés pour modifier le climat. Le maintien de l’équilibre fragile au sein des systèmes climatiques planétaires dépend de l’interaction entre différents éléments : les nuages, les calottes glaciaires, les océans et les déserts. Les deux premiers éléments, plus clairs, renvoient le rayonnement solaire dans l’espace tandis que les deux derniers, généralement plus sombres, tendent à l’absorber. Les gaz à effet de serre, tels que le dioxyde de carbone et le méthane, jouent un rôle majeur : plus leur teneur dans l’atmosphère s’accroît, plus ils retiennent de la chaleur.

Malheureusement, la géo-ingénierie sert de prétexte pour prolonger l’ère dépassée et destructrice des énergies fossiles. Si on peut capturer le carbone, pourquoi prendre la peine de réduire sa quantité dans l’atmosphère?

La géo-ingénierie sert à modifier ou à déstabiliser certains de ces processus. Selon un article du Guardian, le gouvernement britannique subventionne plusieurs projets de géo-ingénierie dans le monde. Ces expériences visent à « tester les particules qui réfléchissent la lumière du soleil dans la stratosphère en éclaircissant les nuages réfléchissants à l’aide d’injections d’aérosols d’eau saline et en pulvérisant de l’eau sur les surfaces glacées pour les épaissir ».

D’autres projets proposent même de placer des réflecteurs géants en orbite.

Ces méthodes, couramment appelées « gestion ou modification du rayonnement solaire », visent à altérer l’albédo, soit la quantité de rayonnement solaire réfléchie dans l’espace (article en anglais). La géo-ingénierie vise également à éliminer le CO2 de l’atmosphère ou à l’empêcher d’y pénétrer. Pour y parvenir, diverses méthodes technologiques peuvent être utilisées, notamment celle de fertiliser les océans avec du fer (source en anglais). Cette méthode favorise la prolifération des algues, qui captent le CO2 de l’atmosphère, mais elle peut également provoquer des éclosions d’algues nocives (article en anglais). Une autre de ces stratégies consiste à combiner du biocharbon – un produit permettant le stockage du carbone – à de la terre, ou encore à l’utiliser dans la production de ciment ou d’asphalte (source en anglais).

Il va sans dire que les mécanismes de captage et de stockage de carbone les plus efficaces sont d’origine naturelle, comme les forêts, les tourbières, les milieux humides et les océans.

Nous oublions trop souvent que tout est interrelié : nos actions sur un aspect de la nature entraînent des réactions en chaîne qui affectent tout le reste, y compris notre propre espèce.

Le captage et le stockage industriels du carbone visent à éviter que des gaz à effet de serre ne soient rejetés dans l’atmosphère par une installation donnée. Ils ne constituent donc pas de la géo-ingénierie. Cependant, leur utilisation a été jusqu’à présent d’une efficacité limitée et d’un coût très élevé (article en anglais). Le carbone capturé est ensuite stocké de manière à ne pas réagir avec l’atmosphère terrestre et à éviter sa transformation à d’autres fins, notamment en combustible. En revanche, une grande partie de la maigre quantité actuellement captée sert plutôt à accroître l’extraction de pétrole et de gaz (source en anglais). Si ces mesures représentaient une solution viable, au lieu de servir de justificatif pour que l’industrie continue de produire des produits polluants, elles pourraient effectivement transformer des secteurs industriels difficiles à décarboner, tels que ceux de l’acier et du ciment.

Par ailleurs, on envisage également le captage du carbone à des échelles de géo-ingénierie plus importantes. Ainsi, des usines situées un peu partout dans le monde, notamment à Squamish, près de Vancouver, font actuellement l’essai ou l’usage de la technique de « capture atmosphérique directe » pour produire des combustibles. Contrairement au captage industriel du carbone, qui retire des quantités plus importantes de CO2 d’une source précise, cette méthode extrait le CO2 directement de l’air, sous une forme plus diluée.

Pour opérer de véritables changements sur le plan du climat et des températures moyennes mondiales, ces méthodes, souvent coûteuses, devront être déployées à grande échelle, ce qui pourrait entraîner des effets inattendus catastrophiques. Nous oublions trop souvent que tout est interrelié : nos actions sur un aspect de la nature entraînent des réactions en chaîne qui affectent tout le reste, y compris notre propre espèce.

Si nous échouons à agir face à la crise climatique vu l’urgence de la situation, nous pourrions toutefois devoir faire appel à certaines techniques de géo-ingénierie. Il est donc important que les recherches se poursuivent.

L’injection d’aérosols dans la stratosphère pour réfléchir le rayonnement solaire peut affecter la couche d’ozone, et il faudra répéter l’opération de façon continue, puisque les aérosols disparaissent après quelques années. Cette technologie et d’autres sont présentées comme des « solutions », mais elles comportent de nombreux risques, connus et inconnus.

De plus, certains de ces projets ne pourraient pas être développés, testés, ni mis en place avant un certain temps. Pourtant, on les utilise déjà comme excuse pour continuer d’utiliser des combustibles fossiles, alors que leur efficacité et leur sécurité restent encore à démontrer à grande échelle.

Dans l’immédiat, nous devons viser des objectifs concrets. Il nous faut réduire, voire mettre fin au développement et à l’utilisation des combustibles fossiles; nous devons accélérer la transition vers des énergies renouvelables plus propres et plus rentables; lutter contre le consumérisme; adopter une utilisation plus réfléchie, notamment de l’énergie; et protéger ainsi que restaurer les milieux naturels.

Si nous échouons à agir face à la crise climatique vu l’urgence de la situation, nous pourrions toutefois devoir faire appel à certaines techniques de géo-ingénierie. Il est donc important que les recherches se poursuivent. Cependant, si nous en venons à un stade où le déploiement massif de ces technologies devient indispensable, cela signifiera que nous sommes dans une impasse.

Changeons de cap avant d’en arriver là.