inondations majeures dans un quartier résidentiel

Inondations au Texas, Juillet 2025. Notre échec face à cette crise nous oblige maintenant à nous adapter à une accélération des répercussions des changements climatiques que nous subissons déjà : phénomènes météorologiques extrêmes, inondations, sécheresses, feux incontrôlés, mauvaises récoltes, crises migratoires, extinctions d’espèces, pénuries d’eau et augmentation du niveau des mers. (Photo : 2C2K Photography via Flickr)

 J’ai reçu des critiques – et des éloges – pour mes propos tenus en entrevue avec iPolitics. En rappelant à la mémoire la première conférence internationale sur le climat en 1988, j’ai déclaré, « Si la planète avait mis en œuvre les conclusions de cette conférence, nous aurions évité les problèmes actuels et sauvé des billions de dollars ainsi que des millions de vies ». Ce après quoi, j’ai lancé, « Maintenant, c’est trop tard ».

Je ne regrette pas mes paroles, mais je veux m’expliquer : je ne crois pas pour autant que nous devons baisser les bras. Nous ne savons jamais ce que la nature nous réserve et nous cheminons en territoire incertain sans exemples du passé pour nous éclairer. Même si nous ne pouvons mettre fin aux changements climatiques, nous possédons des solutions pour les ralentir et les limiter. Nous devons aussi trouver des moyens pour nous adapter à un climat extrême et à des phénomènes météorologiques imprévisibles.

Voilà des décennies, voire des siècles, que nous connaissons les causes et les conséquences des changements climatiques – tout comme les solutions à celles-ci.

Par contre, comme j’ai mentionné, nous avons déjà franchi sept des neuf limites planétaires exigées pour habiter sur Terre, à la fois pour les êtres humains et pour d’autres formes de vie (source en anglais). Ces limites englobent les changements climatiques, les nouvelles créations, l’intégrité de la biosphère, l’acidification des océans, les changements dans l’utilisation du territoire, l’altération de l’eau douce et des flux biogéochimiques, l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique (la seule limite en partie résolue grâce à un accord international) et la concentration d’aérosols dans l’atmosphère (la seule autre limite qui reste à franchir).

Comme j’ai déclaré dans l’entrevue avec iPolitics, « Franchir une de ces limites devrait nous faire chier dans nos frocs. On en a franchi sept! »

Voilà des décennies, voire des siècles, que nous connaissons les causes et les conséquences des changements climatiques – tout comme les solutions à celles-ci. Pour empêcher la planète de se réchauffer à des niveaux catastrophiques, nous savons qu’il faut notamment abandonner rapidement les combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables.

Mais au Canada, l’industrie et les gouvernements encouragent l’expansion des énergies fossiles, la construction de nouveaux pipelines et l’ouverture de nouvelles mines de charbon, des mesures que le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a qualifiées de « folie morale et économique » (communiqué en anglais). Le gouvernement états-unien a fait marche arrière sur la majorité des politiques climatiques, a aboli les mesures incitatives pour les énergies propres et accroît dorénavant son soutien et ses interventions en faveur du gaz, du pétrole et du charbon (article en anglais). L’industrie des combustibles fossiles poursuit l’écoblanchiment, le soudoiement de la classe politique et les mensonges sur les répercussions de ses produits.

Nous pouvons encore changer de cap, mais pas si nous continuons à privilégier les systèmes économiques et politiques actuels au détriment du fondement même de notre existence, c’est-à-dire la nature : l’air pur, l’eau potable, la lumière du soleil et les aliments exempts de produits toxiques.

Alors que la planète se précipite vers des points de bascule qui minent notre bien-être et notre survie (source en anglais), la plupart d’entre nous continuent comme si de rien n’était, convaincu.e.s d’avoir tout le temps du monde.

Depuis 1995, nous avons organisé 28 COP sans même parvenir à mettre en place un plafonnement des émissions. Des représentant.e.s de tous les pays ont convenu de la gravité de franchir le seuil de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Nous avons franchi ce seuil l’année dernière et nous nous dirigeons vers une augmentation de 3 °C d’ici la fin du siècle. La planète pourrait dès lors devenir inhabitable ou, du moins, inhospitalière, pour les êtres humains.

Nous pouvons encore changer de cap, mais pas si nous continuons à privilégier les systèmes économiques et politiques actuels au détriment du fondement même de notre existence, c’est-à-dire la nature : l’air pur, l’eau potable, la lumière du soleil et les aliments exempts de produits toxiques. Notre échec face à cette crise nous oblige maintenant à nous adapter à une accélération des répercussions des changements climatiques que nous subissons déjà : phénomènes météorologiques extrêmes, inondations, sécheresses, feux incontrôlés, mauvaises récoltes, crises migratoires, extinctions d’espèces, pénuries d’eau et augmentation du niveau des mers.

Difficile de garder espoir lorsqu’une industrie puissante ment pour promouvoir ses produits mortels, la classe politique demeure indifférente à la science climatique et les médias minimisent ou ignorent la crise. Nous avons échoué à faire évoluer le discours et nous sommes toujours aux prises avec les mêmes systèmes juridiques, économiques et politiques qui ont provoqué ce désastre.

Mais des solutions existent. Nous devons simplement changer nos priorités, nous atteler à la tâche et la mener à bien.

Bien que l’industrie, les responsables politiques et les médias partagent une grande part de responsabilité, leur rôle officiel demeure de répondre à nos besoins. Toutefois, l’indifférence du public leur sert de prétexte pour ignorer ou rejeter les preuves recueillies par des scientifiques du monde entier, dans presque tous les domaines, depuis des décennies.

Si nous avions pris au sérieux les scientifiques dans les années 1980, lorsque les changements climatiques étaient au cœur des préoccupations, nous aurions sauvé des vies et économisé de l’argent, et nous aurions aujourd’hui de l’air, de l’eau et des terres plus propres. Il est désormais trop tard pour une transition progressive, et trop tard pour empêcher la progression des changements climatiques, car nous rejetons toujours des gaz à effet de serre à longue durée de vie dans l’atmosphère.

Mais des solutions existent. Nous devons simplement changer nos priorités, nous atteler à la tâche et la mener à bien. Tout le monde doit y mettre du sien.