Conversation avec Lynn Konwaia’tanón:we’s Jacobs
La planète a besoin d’un traité sur les matières plastiques qui respecte les droits et les savoirs des peuples autochtones. Cet article est présenté sous forme de questions et réponses.
Lynn Konwaia’tanón:we’s Jacobs est membre de la communauté Kanien’kehá:ka de Kahnawà:ke. C’est ici qu’elle vit et y consacre, depuis plus de vingt ans, son travail à des initiatives de gestion des terres et de l’eau sur son territoire. Doctorante à l’Université McGill, ses recherches explorent les dimensions coloniales et les impacts des plastiques sur les peuples autochtones, à chaque étape de leur cycle de vie. Elle participe activement aux négociations pour un traité mondial sur les plastiques aux côtés de ses proches au sein du Forum international des peuples autochtones sur les plastiques.
Q : Pourquoi est-il important que les communautés autochtones soient représentées au cours de ce processus?
Les peuples autochtones sont détenteurs de droits, et bien que cela soit affirmé dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, la lutte pour garantir le respect de ces droits est permanente. Les peuples autochtones doivent être actifs dans ces espaces internationaux pour rappeler aux parties leur responsabilité de soutenir et de défendre les droits et les savoirs autochtones dans le texte. Nous nous efforçons également de former des coalitions avec la société civile afin d’harmoniser nos messages et d’avoir un impact plus fort en travaillant ensemble pour obtenir les changements nécessaires.
Q : Quel est l’impact de la pollution plastique sur les communautés autochtones?
Les peuples autochtones sont touchés de manière disproportionnée par la pollution plastique à tous les stades du cycle de vie : extraction de combustibles fossiles sur les terres autochtones, exposition aux émissions toxiques des installations de production et de recyclage, accumulation de plastique dans les décharges, exportations de plastique et colonialisme des déchets, inhalation de fumées liées à la pratique de brûlage de déchets à ciel ouvert, contamination généralisée de l’environnement par les macro et microplastiques. Tous ces éléments affectent l’alimentation et la santé de toutes les espèces.
L’expression “niveaux durables de production de plastique” est préoccupante. Il n’y a pas de niveaux durables de dommages pour les peuples autochtones et les autres communautés qui doivent faire face aux impacts imposés par l’industrie du plastique et par les gouvernements qui continuent à soutenir et à subventionner cette industrie.
L’industrie et les organisations de la société civile parlent de « niveaux durables de production de plastique », expression utilisée très préoccupante. Il n’y a pas de niveaux durables de dommages pour les peuples autochtones et les autres communautés qui doivent faire face aux impacts imposés par l’industrie du plastique et par les gouvernements qui continuent à soutenir et à subventionner cette industrie.
Q : Qu’est-ce que les savoirs autochtones devraient apporter à notre compréhension de la pollution plastique?
Les peuples autochtones apportent des générations de connaissances fondées sur l’observation, l’expérience et la relation avec le monde naturel. Ces connaissances relèvent de la science et doivent être appréciées et respectées comme elles sont. L’appropriation des connaissances et des sciences autochtones sans la participation des peuples autochtones ne produira pas de résultats significatifs. Au contraire, ils doivent être invités à participer en tant qu’experts à la prise de décision au sein des groupes de travail, des comités ad hoc ou des organes subsidiaires qui pourraient être créés pour mettre en œuvre le traité mondial sur les plastiques.
Q : Qu’attendez-vous du traité mondial sur les plastiques?
Nous avons besoin d’objectifs mondiaux juridiquement contraignants avec un calendrier défini dans le temps, afin de réduire progressivement la production de plastique pour finir par l’éliminer complètement. L’approche « commencer et renforcer » actuellement envisagée par de nombreux pays présente un risque très important de retarder toute action réelle pendant de nombreuses années. L’Accord de Paris devrait servir d’expérience d’apprentissage et d’exemple à NE PAS reproduire.
Avec seulement un objectif et des mesures purement volontaires, les émissions continuent d’augmenter sous le faible cadre de mesures de l’Accord de Paris. Nous ne pouvons pas nous permettre de retarder l’action sur ces crises mondiales. Faisons en sorte de faire mieux cette fois-ci!
Nous devons nous attaquer à la crise de la pollution plastique à la source et veiller à ce que le traité mondial sur les plastiques comporte des mesures globales ambitieuses et contraignantes ainsi que des échéances urgentes pour réduire progressivement la production de plastique, réglementer les produits chimiques préoccupants, assurer une transition juste et s’attaquer à tous les plastiques actuellement utilisés et présents dans l’environnement.