Dans un précédent blogue, la question des pesticides et de leurs répercussions a été abordée. Dans un même ordre d’idées, nous présenterons ici Vigilance OGM, un organisme avec qui la Fondation David Suzuki (FDS) a le plaisir de collaborer.
Fondé il y a 14 ans, cet organisme et réseau québécois travaille à sensibiliser la société civile aux enjeux des organismes génétiquement modifiés (OGM), des pesticides et des groupes de pression. Chacun de ces trois volets allie à la fois des recherches, des pétitions, des manifestations et des actions de terrain.
Les gouvernements ne se préoccupent plus de l’intérêt général, mais de celui des industries. Puisqu’ils partagent une culture commune, ils ont besoin l’un de l’autre pour poursuivre le modèle agricole en place, qui se porte pourtant mal. Les agriculteur.rice.s ont perdu leur autonomie et ne peuvent plus planter ce qu’ils et elles veulent.
Thibault Rehn, coordinateur de Vigilance OGM
Organismes génétiquement modifiés (OGM)
Les OGM attribuent aux organismes vivants, que ce soient des plantes ou des animaux, de nouvelles caractéristiques. Pour ce faire, les industries pharmaceutiques et agroalimentaires recourent essentiellement à la transgenèse, en insérant le gène d’une espèce A dans une espèce B. Par exemple, l’introduction d’un gène de poisson dans une fraise lui permettra de résister au gel.
Cette technique répandue existe depuis une trentaine d’années et est critiquée à plusieurs égards, que ce soit en raison de son aspect aléatoire ou bien de ses conséquences sur l’environnement et la santé. En effet, on recourt aux OGM afin que les plantes soient résistantes aux insectes ravageurs et 88 % des OGM dans le monde sont créés pour résister à des herbicides tels que celui à base de glyphosate (source en anglais), dont les effets néfastes ont été démontrés.
Dans le même temps, rappelons que l’étiquetage des OGM sur les produits que nous consommons quotidiennement n’est pas obligatoire au Québec à ce jour. Les aliments en tête de liste? Ceux qui sont transformés et dérivés du soya, du maïs-grain, du canola et du coton.
Dans ce cadre, Vigilance OGM a lancé une campagne exigeant l’étiquetage obligatoire des OGM. L’organisme rappelle que 20 147 québécois.es en ont fait la demande en 2016-2017 et qu’iels sont les premier.ère.s consommateur.rice.s au monde d’un animal GM (le saumon GM).
Et ce n’est pas tout! Le réseau a également mis sur pieds la campagne Épiceries afin de pousser ces dernières à instaurer des politiques claires et transparentes au regard des produits de consommation directe qu’elles vendent sur leurs étalages.
Au lendemain de l’autorisation du maïs sucré GM au Québec, Vigilance OGM a ainsi entrepris des examens de dépistage dans plusieurs commerces alimentaires en régions et à Montréal de 2012 à 2020. Après en avoir décelé les premières années, plus aucun test n’a confirmé leur présence depuis 2014. Vigilance OGM est donc parvenu à pousser les grandes chaînes à exiger du maïs sucré non GM à leurs fournisseurs.
Pesticides et groupes de pression
Thibault Rehn rappelle le lien existant entre les OGM et les pesticides. En effet, les premiers nécessitent les seconds, qui sont vendus par les mêmes entreprises. Le recours aux cultures OGM a d’ailleurs multiplié par trois la vente de pesticides au Canada entre 1994 et 2017. Pourtant, l’évaluation de leurs risques cumulatifs et globaux est à ce jour inexistante, comme le rappelle la responsable des politiques nationales à la FDS, Lisa Gue.
Dans cette optique, l’organisme québécois a conçu plusieurs outils de sensibilisation et de mobilisation, tels que le balado Des Rachel qui changent le monde. Celui-ci porte sur les répercussions des pesticides sur la nature, la santé, l’agronomie et la biodiversité, entre autres.
Vigilance OGM a également conduit le Glyphotest en 2020, qui visait à analyser les urines de 40 personnes afin de savoir si elles contenaient du glyphosate. Les faits saillants? 65% d’entre elles avaient des traces du ledit pesticide dans leurs urines; les producteur.rice.s agricoles sont les plus à risque; et une alimentation biologique contribue à réduire l’exposition au glyphosate et à d’autres pesticides.
En outre, l’organisme a lancé la campagne Ma municipalité sans pesticides, afin que les leviers du pouvoir municipal soient activés, que l’usage esthétique des pesticides soit encadré et que la qualité de l’eau soit testée.
Une boîte à outils a ainsi été mise à la disposition de la population afin qu’elle puisse s’informer, se mobiliser et agir. Des villes ont d’ailleurs adopté de nouveaux règlements, comme Laval et Granby, témoignant d’un véritable succès. Continuons!
Enfin, Vigilance OGM vise à conscientiser la population aux techniques d’influence déployées auprès des pouvoirs publics par les groupes de pression, notamment dans le secteur chimique et des biotechnologies du secteur agricole. Le réseau s’est notamment associé avec ATTAC-Québec et Mon OSBL n’est pas un lobby afin que la règlementation entourant le lobbying soit plus stricte.