Le 6 juillet, la température moyenne mondiale a été la plus chaude jamais enregistrée, à 17,23°C. Elle a battu les précédents records des 3 et 4 juillet! Juin a été le mois le plus chaud jamais enregistré, mais juillet s’annonce encore plus chaud. Les expert.e.s s’attendent à ce que d’autres records soient battus dans un avenir proche, puisque la configuration météorologique El Niño se combine avec des émissions record pour faire monter les températures.
« Nous n’avons jamais vu quelque chose de semblable auparavant », a déclaré Carlo Buontempo, directeur du Service européen Copernicus concernant le changement climatique, au Washington Post, soulignant que « nous sommes confronté.e.s à une situation inédite ». Les températures n’ont jamais été aussi élevées depuis 125 000 ans!
Les populations du monde entier en ressentent les effets, avec des chaleurs étouffantes de l’Afrique à l’Europe, en passant par la Chine et le sud des États-Unis. Des records sont même battus en Antarctique, où le réchauffement a fait chuter la glace de mer à 17 % en dessous de la moyenne de juin pour la période 1991-2020. Au Canada, le mois de mai a été le plus chaud de tous les temps, jusqu’à ce que le mois de juin enregistre des températures encore plus élevées. Nous en voyons les résultats dans l’air pollué par la fumée des feux de forêt.
La chaleur et l’humidité causent déjà un nombre croissant de décès directs, ainsi que de nombreuses autres conséquences négatives – inondations, sécheresses, feux de forêt, crises de réfugiés, pénuries d’eau, perte de biodiversité et plus encore.
Jusqu’à quel point la situation doit-elle empirer avant que le monde ne se réveille?
Jusqu’à quel point la situation doit-elle empirer avant que le monde ne se réveille?
Si nous ne rejetons pas le pouvoir et l’influence généralisés de l’industrie des combustibles fossiles dans tous les aspects de notre vie, nous pourrions atteindre le point de non-retour avant même d’avoir utilisé les nombreuses solutions disponibles et émergentes.
Cette industrie déploie d’énormes ressources pour convaincre les gens que résoudre la crise causera trop de difficultés. Le directeur général de Shell, Wael Sawan, en a récemment donné un exemple (article en anglais). « Il serait dangereux et irresponsable de réduire la production de pétrole et de gaz pour que le coût de la vie, comme nous l’avons vu l’année dernière, recommence à augmenter », a-t-il déclaré à la BBC.
Shell avait prévu de modestes réductions de production, mais sous la direction de M. Sawan, l’entreprise a fait marche arrière, préférant enrichir ses dirigeant.e.s et ses actionnaires à la suite de la hausse des prix des carburants provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Alors que les températures mondiales dépassent les niveaux record, les profits des entreprises comme Shell sont aussi en forte hausse.
L’argent des grandes compagnies pétrolières passe à travers des organisations secrètes qui minimisent ou nient la crise climatique, vers les médias et les politicien.ne.s, leurs partis et leurs gouvernements. Les lobbyistes travaillent des deux côtés et obtiennent un accès étonnant à la sphère politique (article en anglais). Les gouvernements, y compris celui du Canada, continuent de subventionner cette industrie par le biais d’allègements fiscaux et de réductions de redevances, d’achats d’infrastructures, et plus encore.
Le bitume des sables bitumineux polluants est vendu comme étant « éthique », et le gaz méthane extrait par fracturation hydraulique comme étant une solution climatique « naturelle ». Et qui peut oublier le « charbon propre »? L’industrie et ses partisans se décrivent comme bénéfiques pour la société, créant des emplois, stimulant l’économie et assurant l’approvisionnement en énergie. Les gens ordinaires qui luttent pour payer leurs factures sont souvent trop occupés pour démasquer l’écoblanchiment de ces faux récits.
Si nous ne rejetons pas le pouvoir et l’influence généralisés de l’industrie des combustibles fossiles dans tous les aspects de notre vie, nous pourrions atteindre le point de non-retour avant même d’avoir utilisé les nombreuses solutions disponibles et émergentes.
Ce n’est pas une fatalité. Les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les économies d’énergie offrent de nombreux avantages par rapport aux combustibles fossiles, en plus des avantages climatiques. Parallèlement au stockage de l’énergie, les technologies, notamment l’éolien et le solaire, ont progressé beaucoup plus rapidement que ne le prévoyaient les expert.e.s, et les coûts ont chuté au point d’être bien inférieurs aux prix du charbon, du pétrole et du gaz. Les énergies renouvelables créent également une plus grande indépendance énergétique et de meilleures opportunités d’emploi.
Les seul.e.s à ne pas tirer de grands bénéfices d’une transition rapide vers l’abandon des combustibles fossiles sont les quelques privilégié.e.s, relativement peu nombreux.ses, qui profitent énormément de la monopolisation de l’approvisionnement, de la production et de la distribution du gaz, du pétrole et du charbon – ainsi que les personnalités politiques et les médias qui reçoivent leurs dons et les dollars de leurs publicités.
Cela ne signifie pas que la transition des combustibles fossiles vers des énergies plus propres sera indolore. Nous devrons peut-être réduire ou renoncer aux produits de luxe et à la surconsommation auxquels nous nous sommes habitué.e.s – notamment dans les régions les plus riches du monde. Par exemple, même si les véhicules électriques sont bien meilleurs que les véhicules à essence, les véhicules utilitaires sport et l’auto solo ne sont pas viables à long terme, quelle que soit leur source d’énergie.
Mais la transition ne sera pas aussi douloureuse que l’industrie des combustibles fossiles veut le faire croire – même si plus nous tardons à prendre les mesures indispensables, plus elle sera difficile.
Les seuls records que nous devrions battre maintenant sont ceux de la vitesse à laquelle nous adoptons des modes de vie et des sources d’énergie plus sains pour nos sociétés – sans recourir aux combustibles fossiles.