Les traités confirment les accords conclus entre le gouvernement fédéral (souvent appelé « la Couronne ») et les peuples autochtones. Ils sont l’expression d’une relation et constituent la base de la légitimisation de la présence des colons.
Avant l’arrivée des colons, les nations autochtones élaboraient des traités sur toute l’île de la Tortue : entre elles, à l’intérieur des nations; ainsi qu’avec d’autres nations, notamment des nations d’êtres non humains, c’est-à-dire des nations animales. Lorsque la Couronne arrive et commence à conclure des traités, ce n’est pas quelque chose d’étranger aux peuples autochtones.
Aimée Craft, professeure associée, Université d’Ottawa
Pourquoi les traités sont-ils si controversés?
La Couronne et les peuples autochtones interprètent et comprennent les traités différemment. Il existe de grandes divergences entre les versions orales et écrites des traités, et en particulier des mots comme « céder » et « abandonner ».
Les gouvernements ne respectent pas les traités, même de la manière limitée dont la Couronne les interprète.
Ni les traités historiques ni les traités modernes n’ont été pleinement mis en œuvre, et la gestion par la Couronne des terres (celles où il existe des traités et de celles où il n’y en a pas) n’a pas permis aux peuples autochtones de respecter leurs responsabilités à l’égard du monde naturel.
Il ne s’agit pas seulement de ne pas pouvoir se procurer des palourdes ou de ne pas pouvoir pêcher. C’est certainement un aspect important, mais ce qui nous a été enlevé, ce ne sont pas seulement ces terres, mais aussi notre capacité à prendre soin de ces relations conformément à nos propres lois et structures de gouvernance
Robert Clifford, professeur adjoint, Allard School of Law, Université de la Colombie-Britannique
Lois et gouvernance autochtones
Les lois et les structures de gouvernance autochtones existaient avant les lois de la Couronne et occupent une place importante dans la gestion des relations contemporaines.
De nombreux peuples autochtones associent leurs lois aux lois naturelles du monde. Comme le dit Aimée Craft : « Mino bimaadiziwin est le sens collectif du bien-être, qui est l’un des deux piliers de l’Inaakonigewin anishinaabe, ou la loi anishinaabe. C’est ainsi que nous comprenons nos responsabilités les un.e.s envers les autres et nos relations avec tous les êtres. Il ne s’agit pas seulement d’atteindre le mino bimaadiziwin, mais de bien le vivre et de bien le vivre collectivement. Il ne s’agit pas d’un objectif final, mais d’un mode de vie. C’est en fait ce que les aîné.e.s nous diront à propos du concept Inaakonigewin anishinaabe lui-même, à savoir que la loi anishinaabe n’est pas une théorie ou un cadre intellectuel, mais un mode de vie. C’est quelque chose que nous pratiquons au quotidien ».
Alors que les colons considéraient la terre comme une propriété et les traités comme un accord de cession des terres, les peuples autochtones considéraient les traités comme un moyen de vivre ensemble, en harmonie les un.e.s avec les autres et avec le monde naturel.
Les lois et les systèmes de gouvernance autochtones ont fait partie de l’élaboration des traités et devraient inspirer leur interprétation et leur mise en œuvre.
Nous ne nous considérions pas comme séparé.e.s des terres et des eaux. Ce sont les fondements de notre relation avec l’autre.
Kahente Horn-Miller, professeure associée, École d’études autochtones et canadiennes, Université de Carleton
Que puis-je faire pour contribuer au respect des traités?
Les traités sont censés être mutuellement bénéfiques. Mais en réalité, ils ont été utilisés par la Couronne pour faire avancer les activités d’extraction des ressources sur des terres qui étaient auparavant gouvernées par les peuples autochtones.
La Couronne a signé des traités au nom de tous.tes les Canadien.ne.s. En l’absence de traités, la Couronne gère les activités qui affectent les terres et les eaux. Jusqu’à présent, la gestion des terres et des eaux par la Couronne a donné la priorité à l’extraction des ressources. Cela doit changer.
La Fondation David Suzuki soutient activement le mouvement Land Back, la création d’aires naturelles protégées et restaurées, ainsi que les travaux menés par les peuples autochtones pour restaurer et protéger les espèces en péril.
Chacun.e d’entre nous peut faire sa part pour faire progresser des systèmes de gouvernance des terres plus justes.
Les allochtones sont probablement les plus grand.e.s bénéficiaires des traités, car si nous ne les avions pas, nous ne pourrions pas vivre ici d’une manière éthique.
Elizabeth Carlson-Manathara, professeure associée, École de travail social, Université Laurentienne
Voici quatre choses que vous pouvez faire. (Pour en apprendre plus sur les terres sur lesquelles vous vous trouvez, consultez le site web Native-Land.ca.)
- Informez-vous et sensibilisez votre entourage. Regardez et partagez ces vidéos sur les traités au Canada, qui présentent des universitaires et des militant.e.s autochtones et allochtones qui travaillent activement à la réalisation de ce travail important. Vous pouvez également regarder et partager notre série de vidéos en trois parties sur le mouvement Land Back.
- Participez aux Journées des traités. Les Journées des traités, qui ont lieu chaque année, commémorent la signature des traités et honorent les relations importantes entre les peuples autochtones et allochtones. Renseignez-vous sur la date de la Journée des traités sur votre territoire et faites-vous un devoir d’y assister. Tout le monde est bienvenu!
- Demandez des comptes au Canada. Le Canada a signé la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, mais n’a pas réussi à en appliquer pleinement les principes. Signez cette lettre pour dire au premier ministre que vous voulez que la gouvernance des terres respecte les droits des peuples autochtones.
- Adhérez à l’idée que « nous sommes tous des peuples issus de traités ». Engagez-vous à changer votre mode de vie pour être plus en harmonie avec la Terre. Pour vous inspirer, consultez les 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.
Contribuez à créer un avenir plus juste pour tous
Le Canada a besoin de lois et de politiques fortes pour protéger et restaurer la gouvernance autochtone des territoires traditionnels.
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