Les investissements mondiaux de l’Agence internationale de l’énergie dans les technologies et les infrastructures d’énergie renouvelable ont atteint 2 000 milliards de dollars américains cette année, soit le double de ce qui a été investi dans le gaz, le pétrole et le charbon. (Photo : Kindel Media via Pexels)

La transition vers les énergies renouvelables s’accélère, malgré la forte pression exercée par l’industrie des combustibles fossiles et ses défenseurs. Le temps presse. Comme moi, bien des gens sonnent l’alarme depuis des décennies à propos des conséquences de l’utilisation de quantités massives de combustibles sales.

Il nous faut évidemment en faire beaucoup plus pour éviter une intensification des conséquences des changements climatiques déjà bien visibles : îlots de chaleurs et autres phénomènes météorologiques extrêmes, inondations, sécheresses, feux incontrôlés, crises migratoires, extinctions d’espèces, pénuries d’eau, augmentation du niveau des mers, et plus encore – sans oublier les problèmes de santé associés à la pollution.

La bonne nouvelle : la transition va bon train. Les investissements mondiaux de l’Agence internationale de l’énergie (source en anglais) dans les technologies et les infrastructures d’énergie renouvelable ont atteint 2 000 milliards de dollars américains cette année, soit le double de ce qui a été investi dans le gaz, le pétrole et le charbon. Une croissance importante des investissements dans ce domaine a aussi été observée l’an dernier. Selon l’agence de presse Reuters (article en anglais), « les investissements combinés dans les énergies renouvelables et les réseaux électriques associés ont dépassé les sommes dépensées en combustibles fossiles pour la première fois en 2023 ».

La bonne nouvelle : la transition va bon train.

Un rapport réalisé par le groupe d’expertise londonien Ember (rapport en anglais) présente le constat suivant : « Grâce à la croissance du solaire et de l’éolien, les énergies renouvelables ont représenté 30 % de l’énergie mondiale en 2023, un record. » La production d’énergie solaire et éolienne a augmenté respectivement de 23 % et de 10 %, alors que les combustibles fossiles n’ont augmenté que de 0,8 %. « Le rapport analyse les données relatives à l’électricité de 215 pays, y compris les données les plus récentes (2023) de 80 pays représentant 92 % de la demande mondiale d’électricité. »

L’apport des énergies renouvelables aurait pu être supérieur si ce n’avait été des sécheresses ayant limité la production d’énergie hydroélectrique, remplacée dans certains cas par l’énergie issue du charbon, comme en Chine, en Inde, au Vietnam et au Mexique. La légère augmentation de la production de combustibles fossiles est principalement due à ce contexte climatique.

Selon le rapport, « les plus récentes prévisions portent à croire que 2024 marquera le début d’une nouvelle ère correspondant à la chute de la production de combustibles fossiles; les émissions générées par le secteur de l’électricité semblent avoir atteint leur sommet en 2023. »

« Les pays qui choisissent d’être aux premières lignes d’un avenir énergétique propre s’ouvrent des possibilités sans précédent, souligne Dave Jones, directeur du programme Global Insights d’Ember. En plus de contribuer à la décarbonation du secteur énergétique, le développement de l’électricité propre fournit également l’approvisionnement supplémentaire nécessaire à l’électrification de l’ensemble de l’économie, ce qui peut changer du tout au tout la situation climatique. »

Le nombre de pays optant pour la production d’énergies renouvelables est une autre preuve du déclin de l’ère des combustibles fossiles.

Le groupe Ember a également constaté que, dans les faits, le gaz naturel n’avait pas remplacé l’énergie issue du charbon, contrairement à ce qu’avance l’industrie des combustibles fossiles. « Le réveil sera brutal en ce qui concerne le gaz naturel, mentionne Jones (article en anglais). L’industrie gazière espérait vraiment assister à la chute du charbon, qui allait permettre la création d’un nouveau marché dont elle allait s’emparer… mais dans les faits, ce sont les énergies éolienne et solaire qui sont en train de remplacer le charbon et le gaz. »

Une étude réalisée par la Fondation David Suzuki (en anglais) confirme que l’augmentation de la fracturation pour obtenir du gaz naturel liquéfié en Colombie-Britannique et en Alberta est néfaste pour le climat et pour l’économie, sans parler des réserves d’eau déjà mises à mal par la sécheresse.

Le nombre de pays optant pour la production d’énergies renouvelables est une autre preuve du déclin de l’ère des combustibles fossiles. Selon l’Agence internationale de l’énergie, 99,7 % de l’électricité générée par sept pays – l’Albanie, le Bhoutan, l’Éthiopie, l’Islande, le Népal, le Paraguay et la République démocratique du Congo – provient de sources d’énergie géothermiques, hydriques, solaires ou éoliennes.

« En 2021 et 2022, 40 autres pays, dont 11 en Europe, généraient au moins la moitié de leur électricité grâce aux énergies renouvelables », d’après un reportage d’EuroNews (article en anglais). « D’autres pays comme l’Allemagne ou le Portugal parviennent à s’approvisionner à 100 % d’énergie éolienne, hydroélectrique ou solaire pendant de courtes périodes. »

Ce virage accéléré est souhaitable pour l’économie, le climat, la santé humaine, l’air, la terre et l’eau.

Une précédente étude de la Fondation David Suzuki souligne que le Canada serait en mesure de produire de l’électricité fiable, abordable et sans aucune émission d’ici 2035, « sans dépendre de technologies coûteuses et parfois immatures et dangereuses, comme le nucléaire ou le gaz naturel avec capture et stockage du carbone. »

L’électrification croissante de l’économie mondiale s’accompagne d’une hausse de la demande. L’économie d’énergie devient donc également un enjeu important : il faut réduire la consommation et le gaspillage.

Les études les plus récentes démontrent clairement que le monde a déjà bien amorcé son abandon des combustibles fossiles, mais il faut accélérer la cadence pour éviter que le chaos climatique et la situation catastrophique ne s’aggravent. Nous avons déjà généré d’énormes quantités de gaz à effet de serre qui resteront emprisonnées dans l’atmosphère durant des décennies. Les conséquences continueront donc à se faire sentir, mais nous pouvons ralentir la tendance et, un jour peut-être, l’inverser.

Ce virage accéléré est souhaitable pour l’économie, le climat, la santé humaine, l’air, la terre et l’eau. Un monde meilleur, plus propre, s’aperçoit à l’horizon, mais il nous faut laisser les combustibles fossiles sous terre et en faire une chose du passé.