ombre de protestataires sur un mur

Dans le silence du confinement pandémique, nous avons entendu plus clairement les mots de George Floyd : « Je ne peux plus respirer » (Photo : Karl Schultz via Flickr)

L’accès au vaccin et l’issue prochaine de la crise ne doivent pas nous faire oublier les leçons de la COVID-19.

Nous sommes tous conscients que le financement de la science et de la recherche appliquée a permis une réaction rapide à la crise. La pandémie a mis en lumière l’importance de pouvoir compter sur des systèmes de santé, des gouvernements et des organismes connexes pour coordonner la réponse, dans ce cas-ci la protection des plus vulnérables d’abord, afin de réduire la propagation, le fardeau sur le système de santé et les décès.

Très vite, nous avons reconnu l’héroïsme des travailleurs de première ligne — non seulement le personnel de la santé, mais également les préposés à l’entretien, les commis d’épicerie, les enseignants et le personnel des services de garde, les employés de la poste et les travailleurs agricoles — essentiels à la bonne marche de nos collectivités.

La pandémie a donné un coup de frein à l’économie, mais tous n’ont pas été affectés également. Les femmes, les jeunes, les employés à statut précaire, les bas salariés et les propriétaires de PME ont été frappés de manière disproportionnée. Tous et toutes n’ont pas eu le luxe de se réfugier dans un bureau à la maison ou à l’extérieur de la ville, de ne plus avoir à se rendre au travail et de se plaindre du nombre croissant de réunions Zoom.

Nous avons convenu que les gouvernements devaient soutenir les gens dont le gagne-pain était en péril et prendre en charge une dette qu’ils pouvaient mieux assumer que les simples citoyens.

Il nous faut démontrer une volonté collective, une action concertée basée sur la science et une mobilisation générale de la société pour éviter de passer d’une catastrophe à l’autre.

On a également établi un parallèle entre la pandémie et les crises du climat et de la biodiversité. Il nous faut démontrer une volonté collective, une action concertée basée sur la science et une mobilisation générale de la société pour éviter de passer d’une catastrophe à l’autre.

Les crises exigent que nous agissions pour le bien commun. Nous ne pouvons pas tolérer qu’une poignée de personnes exploitent ou mettent en péril la santé et la survie de l’ensemble de la population. Nous devons nous fier à la science et agir dans l’intérêt de tous. Il n’y a pas de place pour les négationnistes scientifiques ni pour ceux qui profitent de la crise pour créer des clivages à des fins politiques. Nous vivons dans une démocratie, ce qui nous amène à participer et à faire des choix en lien avec nos valeurs et nos besoins pour pouvoir progresser et nous remettre sur pied.

Pendant la pandémie, nous avons constaté que la COVID-19 affectait de manière disproportionnée certaines communautés, en particulier les groupes ethniques et les résidents de quartiers défavorisés. Cette iniquité se reflète également dans les impacts environnementaux. En effet, les populations autochtones et ethniques subissent davantage des niveaux de pollution plus élevés et des phénomènes climatiques plus dommageables, même si elles polluent moins que les communautés majoritairement blanches et aisées.

Dans le silence du confinement pandémique, nous avons entendu plus clairement les mots de George Floyd : « Je ne peux plus respirer ». Nous avons amorcé une difficile démarche d’inclusion pour mettre fin aux injustices systémiques qui ont cours depuis longtemps. Les Noirs, les Autochtones et les gens de couleur connaissent d’expérience ces injustices. Pour d’autres, il s’agissait d’une révélation.

Des études révèlent que notre mouvement environnemental n’est pas aussi diversifié qu’il le devrait.

Des études révèlent que notre mouvement environnemental n’est pas aussi diversifié qu’il le devrait.

Pour atteindre une résilience véritable et durable, nous devons prendre acte de ce que nous avons appris, réfléchir à ces constats dérangeants et repartir bien déterminés à travailler ensemble à des changements déterminants.

Nous devons souligner l’amélioration constante du leadership climatique à tous les paliers gouvernementaux en Amérique du Nord. Mais je crains que nous nous contentions de changements mineurs ou de solutions techniques ou politiques, au détriment de véritables changements systémiques qui permettraient aux dirigeants et aux organismes gouvernementaux d’agir dans l’intérêt de tous, en particulier de ceux qui, historiquement, ont moins pu se faire entendre ou qui ont assumé plus que leur part du fardeau.

Nous ne pouvons pas lutter contre les changements climatiques sans nous attaquer aux inégalités qui sous-tendent nos systèmes sur le plan de la prise de parole, du pouvoir et de la représentation aux tables de décision. Seul ce déséquilibre permet à une minorité de récolter des bénéfices au détriment de la majorité. Si nous permettons que nos systèmes fassent fi de la réconciliation, de l’équité et de l’inclusion, la situation ne fera que s’aggraver.

James Baldwin a déclaré : « Dès que vous réalisez que vous pouvez agir, il est difficile de continuer à vivre sans le faire. »

Dans notre volonté de revenir rapidement à la normale, il serait tragique d’ignorer ce que nous avons appris et de reporter les mesures essentielles au changement de nos systèmes et à l’atteinte d’une résilience nécessaire.

Pour progresser, il nous faut de véritables changements systémiques. Mais, pour tirer des leçons de la pandémie et agir en conséquence, nous devrons tous et toutes faire preuve de courage.

Traduction : Monique Joly et Michel Lopez