Vue aérienne des éoliennes

Nous serions tous mieux sur le plan économique si nous passions rapidement à des énergies renouvelables plus abordables. (Photo: Radoslaw Sikorski via Pexels)

En 1989, j’ai réalisé une série radiophonique pour la CBC intitulée « It’s a Matter of Survival » (C’est une question de survie). Elle a examiné comment les êtres humains modifiaient l’environnement de manière préjudiciable, notamment en réchauffant la planète en brûlant des quantités massives de charbon, de pétrole et de gaz pour l’électricité et les transports. Les auditeur.rice.s étaient si inquiet.ète.s que 17 000 d’entre eux.elles ont envoyé des lettres (c’était avant l’époque du courrier électronique) pour demander ce qu’ils et elles pouvaient faire. C’est ainsi que la Fondation David Suzuki a vu le jour en 1990.

Ce n’était pas la première fois que je parlais de la crise climatique imminente. En 1977, j’ai interviewé l’écrivain Isaac Asimov, qui a parlé de « l’effet de serre ». Il a expliqué comment le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère absorbe la lumière infrarouge, agissant comme un « bouclier thermique ». Il a souligné que la combustion du charbon, du pétrole et du gaz augmente les niveaux de CO2 dans l’atmosphère et que, dans « environ une cinquantaine d’années… au lieu de trois centièmes de pour cent, cela pourrait être cinq centièmes de pour cent ». (Ce niveau dépasse maintenant quatre centièmes de pour cent.)

Même si cette augmentation semble minime, a-t-il dit, elle pourrait faire fondre les calottes glaciaires polaires, élever le niveau des mers et provoquer des effets d’emballement.

En 1988, juste avant la série de la CBC, le scientifique renommé de la NASA, James Hansen, a témoigné devant le Congrès américain, affirmant que les changements climatiques étaient effectivement en train de se produire et que ne pas y remédier rapidement pourrait entraîner des conséquences dangereuses. Lors de sa campagne présidentielle, le candidat républicain George H. W. Bush s’est engagé à lutter contre ce problème s’il était élu. Quatre ans plus tard, sous sa présidence, les États-Unis sont devenus un membre fondateur de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui continue d’être le forum international pour les efforts visant à lutter contre la crise climatique.

Bien que des politicien.ne.s de toutes les tendances politiques du monde entier aient promis de prendre au sérieux les changements climatiques, les émissions ont augmenté de 68 % depuis lors, et les combustibles fossiles sont passés de 79 % à 81 % des besoins énergétiques mondiaux.

les émissions ont augmenté de 68 % depuis lors, et les combustibles fossiles sont passés de 79 % à 81 % des besoins énergétiques mondiaux.

Les émissions de gaz à effets de serre ont atteint un niveau record, et les scientifiques affirment qu’il est désormais trop tard pour sauver la glace d’été de l’Arctique. Nous en constatons les effets : de vastes feux de forêt au Canada – où le réchauffement se produit plus rapidement que dans le sud du monde – des sécheresses, des inondations, des phénomènes météorologiques extrêmes, un nombre croissant de réfugié.e.s climatiques fuyant des régions du monde de plus en plus inhospitalières.

Ce qui est stupéfiant, c’est que des porte-parole des combustibles fossiles, des politicien.ne.s et des médias continuent de répéter les mêmes choses que celles qu’ils disent depuis au moins quatre décennies – que nous ne pouvons pas nous passer des combustibles fossiles du jour au lendemain (c’est une longue nuit), que nous devons continuer à brûler du gaz fossile en tant que combustible de transition (c’est une longue transition) et que nous ne pouvons pas nous permettre de passer aux énergies renouvelables (ce sont des informations obsolètes depuis longtemps).

Et puis il y a ceux et celles qui nient encore l’existence même du problème, ou qui disent que nos inquiétudes sont alarmistes ou hystériques. Si vous n’êtes pas inquiet.ète, c’est que vous ne comprenez pas la science.

Si la situation semble désastreuse, c’est parce qu’elle l’est. Mais ce n’est pas désespéré. Nous manquons de temps, mais nous avons progressé et nous disposons de nombreuses solutions – et chaque jour nous en avons plus. Les preuves montrent que l’adoption de ces solutions rendra le monde meilleur pour presque tout le monde, sauf peut-être pour celles et ceux qui engrangent des profits gigantesques grâce aux combustibles fossiles et qui détruisent les forêts, les zones humides et les terres agricoles. Même leur vie serait probablement plus satisfaisante s’ils.elles réalisaient que la vie ne se résume pas au profit et au pouvoir.

mais nous avons progressé et nous disposons de nombreuses solutions – et chaque jour nous en avons plus

L’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et les solutions de stockage d’énergie ont progressé à pas de géant, bien plus rapidement que prévu. De plus, les coûts ont diminué au point que les énergies renouvelables sont moins chères que le charbon, le pétrole et le gaz.

Dans l’ensemble, nous serons tous.tes économiquement gagnant.e.s si nous adoptons rapidement des énergies renouvelables plus abordables, surtout compte tenu de la volatilité des marchés des combustibles fossiles. Notre santé serait meilleure sans la pollution causée par la combustion des carburants. Les écosystèmes s’amélioreraient. Et, s’il est fait correctement, ce changement pourrait apporter une plus grande égalité, car le pouvoir et la richesse ne seraient pas aussi concentrés qu’ils le sont dans l’économie des combustibles fossiles.

Bien sûr, nous avons malgré tout la responsabilité de cesser de consommer autant, de repenser nos façons de vivre en gaspillant. Face à l’augmentation des populations humaines, la planète ne peut pas supporter une croissance et une consommation illimitées.

Il n’y a plus aucune excuse pour continuer à exploiter et brûler des combustibles fossiles, et il n’y a plus de temps à perdre. La nature a parlé. Nous devons l’écouter et agir dès maintenant.