La Floride est frappée par la montée du niveau de la mer, l’augmentation des inondations, de violentes tempêtes et une chaleur extrême. (Photo : CityofStPete via Flickr)

La Floride est frappée par la montée du niveau de la mer, l’augmentation des inondations, de violentes tempêtes et une chaleur extrême. L’année dernière, les températures dépassaient la normale chaque mois.

La population s’inquiète. Selon une enquête de la Florida Atlantic University, « 90 % des personnes interrogées croient que les changements climatiques ont lieu » et « les gens de la Floride appuient massivement une multiplication des actions gouvernementales pour pallier les conséquences de ces changements; 69 % se montrent en faveur d’une intervention de l’État et 70 % d’une intervention fédérale ».

La réponse du gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, est terriblement rétrograde. Il a récemment signé une loi, qui entrera en vigueur le 1er juillet, qui supprimera le terme « changements climatiques » des lois étatiques et refusera la prise en compte de l’incidence des gaz à effet de serre dans les politiques énergétiques. La loi « encourage l’expansion du gaz naturel, allège la réglementation des gazoducs en Floride et renforce les protections contre les interdictions sur les appareils à gaz comme les cuisinières », rapporte le Guardian.

De l’Alberta à l’Australie, une tactique gagne en popularité parmi les gouvernements – à l’échelle provinciale, étatique et nationale – à mesure que s’impose la réalité du dérèglement climatique : nier ou ignorer cette crise potentiellement mortelle.

Entre autres mesures, la loi « interdira également la construction d’éoliennes en mer dans les eaux de la Floride et abrogera les programmes de subventions étatiques qui encouragent la conservation de l’énergie et les énergies renouvelables », peut-on lire dans le New York Times.

« La loi que j’ai signée aujourd’hui… gardera les éoliennes hors de nos plages, le gaz dans nos réservoirs et la Chine loin de notre État », a publié Ron DeSantis sur X (anciennement Twitter). « Nous restaurons le bon sens dans notre approche énergétique et rejetons le programme des écolos fanatiques extrémistes. »

De l’Alberta à l’Australie, une tactique gagne en popularité parmi les gouvernements – à l’échelle provinciale, étatique et nationale – à mesure que s’impose la réalité du dérèglement climatique : nier ou ignorer cette crise potentiellement mortelle. Mais ce n’est pas en effaçant toute mention des changements climatiques ni en annulant les mesures d’atténuation qu’on fera disparaître le problème.

De nombreuses figures politiques privilégient les intérêts destructeurs de l’industrie des combustibles fossiles plutôt que ceux de l’électorat. Pensons à Donald Trump, candidat à la présidence des États-Unis. Reconnu coupable de nombreux chefs d’accusation et inculpé de bien d’autres crimes dans plusieurs États, il a récemment demandé aux têtes dirigeantes de sociétés comme Chevron, ExxonMobil et Occidental Petroleum un milliard de dollars (US) de dons de campagne en faisant miroiter, dans l’éventualité de son élection, la réduction ou l’abandon des politiques sur le climat et la pollution. Une analyse (en anglais) montre que cette promesse pourrait « permettre à l’industrie d’économiser 110 milliards de dollars en allègements fiscaux ».

Dans le Mother Jones, on peut lire que l’industrie pétrolière et gazière des États-Unis a profité de manière disproportionnée des baisses d’impôts offertes par Trump lorsqu’il était président en 2017.

De nombreuses figures politiques privilégient les intérêts destructeurs de l’industrie des combustibles fossiles plutôt que ceux de l’électorat.

Au Canada, le gouvernement albertain a imposé un moratoire et des restrictions sur le développement des énergies renouvelables. Résultat : « 57 projets d’une valeur de 14 milliards de dollars risquent d’être abandonnés », explique l’Institut Pembina, en ajoutant que « 32 d’entre eux pourraient générer annuellement jusqu’à 80 millions de dollars de recettes fiscales ».

Le Globe and Mail rapporte que « des dizaines de municipalités albertaines ont reçu collectivement plus de 28 millions de dollars provenant de projets éoliens et solaires en 2022, selon une analyse de BRC-Canada. D’ici 2028, si tous les projets prévus avant l’interruption des énergies renouvelables avaient été menés à bien, les municipalités auraient pu générer des recettes fiscales allant jusqu’à 277 millions de dollars par an ».

Pendant ce temps, le gouvernement de l’Alberta continue de promouvoir l’exploitation des sables bitumineux et des gaz fossiles et célèbre la fin des travaux d’élargissement du pipeline Trans Mountain, pour lequel Ottawa a déboursé 4,5 milliards de dollars canadiens avec l’argent des contribuables en 2018. La facture du projet, déjà chiffrée à pas moins de 34 milliards de dollars, augmentera cette année.

La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, souhaite doubler la production pétrolière et gazière de la province. Le pipeline, destiné à accroître considérablement le transport du bitume dilué issu des sables bitumineux de l’Alberta vers la côte de la Colombie-Britannique aux fins d’exportation, entraînera non seulement une hausse des émissions de gaz à effet de serre – mortelles et perturbatrices du climat – lors de la combustion du produit, mais mettra aussi en péril la vie marine, notamment la vie des épaulards résidents du Sud, une espèce en danger.

Cette obsession du profit et de la croissance économique à tout prix doit faire l’objet d’un examen de conscience.

D’après une récente analyse de huit grandes sociétés pétrolières par Oil Change International et 200 autres organisations dans le monde, aucune de ces sociétés ne parvient à s’aligner sur les accords internationaux sur le climat et six d’entre elles « visent explicitement à augmenter la production de pétrole et de gaz » (source en anglais).

Les émissions augmentent et la planète continue de se réchauffer dangereusement aux dépens des écosystèmes, de la santé humaine et des économies. Pendant ce temps, les sociétés pétrolières, les banques et les gouvernements continuent d’encourager la croissance industrielle, à coups de subventions et d’investissements dans les secteurs qui menacent notre survie, tout en réprimant, en arrêtant et en dénigrant les lanceur.euse.s d’alerte qui tentent d’avertir l’humanité de la dévastation à l’horizon.

La situation a assez duré. Nous devons en exiger davantage de nos représentant.e.s politiques et des médias, et dénoncer la cupidité de l’industrie des combustibles fossiles et ses attaques meurtrières contre l’humanité. Cette obsession du profit et de la croissance économique à tout prix doit faire l’objet d’un examen de conscience.

Faire l’autruche ne fera qu’empirer le sort de toutes les formes de vie.