Face à des changements politiques et à une crise climatique de plus en plus grave, 2025 exige d’agir d’urgence et de manière soutenue. Malgré les défis qui s’accumulent, il subsiste des lueurs d’espoir, comme la solution des énergies renouvelables ou certaines valeurs communes. Découvrez comment nous pouvons impulser un véritable changement cette année. (Photo : Kelly Sikkema via Unsplash)

Le Canada connaît un début d’année tumultueux alors qu’il se retrouve à naviguer dans les eaux troubles d’un climat politique incertain. Le premier ministre, Justin Trudeau, a annoncé sa démission du Parti libéral, qui élira le 9 mars prochain la personne qui le succédera; le pays fait face à des menaces tarifaires de la part du nouveau président de son plus grand partenaire commercial; et le Parlement a été prorogé jusqu’au 24 mars – date qui marquera le 89e anniversaire de David Suzuki. Des élections fédérales suivront peu après. Pendant ce temps, les feux extrêmes qui ont ravagé Los Angeles nous rappellent que la crise climatique n’attendra pas, pas plus que la crise du coût de la vie. De plus en plus graves, ces enjeux exigent d’agir de toute urgence, peu importe ce qui se passe sur l’échiquier politique.

Impossible de nier l’ampleur des défis qui nous guettent. Partout dans le monde, y compris au Canada, les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents et dévastateurs. Les personnes avantagées par le statu quo continuent de diffuser de la désinformation qui mine la confiance et polarise la société, qui a pourtant désespérément besoin d’unité. Les gens ont peur, ce qui creuse les clivages politiques. Devant un monde si fracturé en apparence, il y a de quoi sombrer dans le découragement.

Mais voilà le paradoxe : si les conséquences des changements climatiques s’accélèrent plus vite que prévu, les solutions aussi. Cela me donne espoir. Un espoir chancelant et prudent, certes, mais un espoir tout de même.

Dissocier politique et action climatique

On peut accoler bien des épithètes à la crise climatique : urgente, existentielle, multidimensionnelle. Mais elle ne devrait jamais être partisane. Si les différents partis politiques et candidat.e.s à la chefferie traitent cette réalité avec un sérieux et un savoir-faire à géométrie variable, toujours est-il que les changements climatiques sont imperméables aux idéologies politiques ou aux cycles électoraux. Les conditions météorologiques extrêmes ne changeront pas leur cours selon l’issue du scrutin, pas plus que la montée du niveau de la mer ne se soucie de votre orientation politique. Ainsi, comme apôtres de la justice climatique, nous ne tomberons pas non plus dans la partisanerie.

Avoir espoir en l’essor fulgurant des solutions

L’adoption des énergies renouvelables progresse à une vitesse que peu de gens avaient anticipée. Les énergies solaire et éolienne sont non seulement plus propres, mais aussi meilleur marché que les énergies fossiles, si bien qu’elles deviendront en un rien de temps le choix économique le plus sensé. En plus de sauver le climat, ce virage ménagera les portefeuilles, favorisera l’indépendance et la sécurité énergétiques, créera de l’emploi et renforcera la résilience. En 2024, les provinces, les territoires et les peuples autochtones du Canada ont réalisé de grandes avancées dans le développement des énergies renouvelables (source en anglais), reconnaissant que l’électricité propre constitue un débouché économique majeur.

Trouver un terrain d’entente pour cultiver l’espoir

La société canadienne n’est pas aussi divisée que la classe politique veut bien nous le faire croire. Au-delà de nos divergences d’opinion inévitables, saines ou non, nous partageons beaucoup de points communs. Nous voulons tous et toutes de l’air pur et de l’eau propre, de la nourriture abordable et un foyer sûr. La vaste majorité d’entre nous veut protéger la nature et accélérer la transition vers les énergies renouvelables, ce qui témoigne de valeurs communes pouvant servir de piliers pour bâtir des ponts entre nous.

En apprenant à dialoguer dans le respect et à aborder le désaccord avec curiosité, nous pouvons presque toujours trouver des terrains d’entente propices au progrès, à la civilité, à la compréhension et à l’espoir, des ressources ô combien nécessaires.

Avoir espoir en la culture civique et scientifique : antidote à la désinformation

Quand on peut distinguer le vrai du faux, on gagne en solidité. Mais le fait est que la désinformation envahit le discours entourant les grandes questions liées au climat, provoquant une confusion qui peut mener à la démotivation, à la méfiance, à la peur et à l’inaction. La désinformation pratiquée par la classe politique est particulièrement toxique quand on sait que celle-ci a été élue précisément pour gouverner dans l’intérêt de la population. La Fondation David Suzuki s’emploie à développer la culture civique, politique et scientifique de sa communauté pour l’immuniser contre les dangers des mensonges propagés. Elle s’affaire en particulier à révéler et à déboulonner la désinformation sur les combustibles fossiles et leur rôle dans la crise climatique.

Et maintenant, que faire?

Il peut être pénible de devoir vivre dans un monde aussi instable, mais la voie vers l’avenir n’a rien d’un mystère. C’est le même chemin que nous avons toujours suivi : celui de la communauté, de l’action et de la résilience.

  1. Bâtissez une communauté : L’isolement engendre le désespoir. Le tissage de liens avec autrui renforce non seulement notre détermination, mais construit également des réseaux d’entraide et de mobilisation. Suivez-nous sur nos réseaux sociaux et abonnez-vous à notre infolettre pour rester en contact et à l’affût des webinaires, des événements et des occasions d’action collective à venir.
  2. Engagez-vous politiquement : Faites du bénévolat pour des candidat.e.s ou des formations politiques qui partagent vos valeurs, ou présentez-vous aux élections. La lutte pour la justice climatique nécessite autant d’apôtres du climat que possible au Parlement et à tous les paliers de gouvernement. À noter : en tant qu’organisme de bienfaisance, la Fondation doit rester non partisane, surtout en période de campagne électorale.
  3. Discutez : Parlez à vos voisin.e.s, à vos collègues, à votre famille et à vos ami.e.s. Ayez des conversations ouvertes et empathiques en cherchant à comprendre les perspectives de l’autre, même en cas de désaccord. Savoir dialoguer dans le respect, c’est la basedu progrès. Découvrez comment et pourquoi tenir des conversations sur les changements climatiques.
  4. Contrez la désinformation : Développez votre culture civique et scientifique et dénoncez les mensonges quand vous les décelez. Découvrez les pratiques trompeuses des grandes sociétés pétrolières en lisant La vérité sur les combustibles fossiles.
  5. Célébrez les victoires et pleurez les pertes : Pleurez les pertes – celles des écosystèmes, des habitations, des vies. Mais n’oubliez pas de célébrer les victoires, aussi petites soient-elles. Elles nous rappellent que le progrès est possible.
  6. Passez à l’action : Faites savoir à tous les partis que, peu importe celui qui sera au pouvoir, il devra privilégier les gens et la planète plutôt que les profits des pollueurs.

Progresser en 2025

Les défis de 2025 sont colossaux et nous mettront à l’épreuve de manières encore inimaginables, mais nous avons déjà rencontré de grands défis auparavant, et nous avons su les surmonter. L’historien Rutger Bregman, qui croit que les changements climatiques constituent le principal écueil de notre époque (et qu’il est minuit moins une!), nous rappelle la résilience de l’humanité et nous prévient du danger de laisser « notre peur et notre cynisme devenir une prophétie autoréalisatrice qui nous paralyse de désespoir pendant que les températures continuent de grimper ».

Cette année, misons sur ce qui nous unit et ce que nous défendons : la paix, la justice, la sécurité, l’équité, la santé, l’abordabilité et, enfin, un environnement sain où peuvent prospérer toutes les formes de vie.

Le secteur du pétrole et du gaz doit payer pour son rôle dans la crise climatique