Pour vous, que représente le bien-être? Pour certain.e.s, c’est la sécurité financière et l’accès à la nature. Pour d’autres, c’est la santé et le temps passé en famille. La réponse n’est pas simple puisque ce sentiment dépend de plusieurs facteurs personnels et collectifs.

Et quel est le lien entre le « vivre mieux » et la prospérité? Est-ce que la croissance économique en vaut la peine si elle nuit à notre bonheur et détériore le tissu social et l’environnement? Est-il temps d’aller au-delà du Produit intérieur brut (PIB), utilisé depuis trop longtemps comme mesure de prospérité? C’est ce qu’ont tenté de faire la Fondation David Suzuki et les autres membres du collectif G15+, un groupe de 15 leaders économiques, syndicaux, sociaux et environnementaux mobilisés pour appuyer les efforts de relance de l’économie québécoise. Ils ont publié en janvier 2022 les 51 indicateurs du bien-être au Québec pour mettre la qualité de vie au premier plan de nos décisions collectives.

Mesurer le bien-être pour un Québec solidaire, prospère et vert

Le PIB est utilisé depuis près d’un siècle comme indicateur de prospérité économique (et de prospérité tout court!) en mesurant la croissance ou la décroisse économique d’un pays. Cependant, il omet toutes les autres mesures qui affectent le bien-être, comme les inégalités sociales, la qualité de l’environnement, la santé ou la répartition de la richesse. Plusieurs sondages montrent pourtant que la population se préoccupe des enjeux sociaux et environnementaux et que les politiques publiques devraient se soucier de l’interdépendance entre l’économie, la société et l’environnement. C’est en tenant compte de ces éléments dans leur ensemble qu’une société saura faire son chemin vers un avenir juste et durable où le développement économique se mettra au service de l’humain et de la planète.

C’est en tenant compte de ces éléments dans leur ensemble qu’une société saura faire son chemin vers un avenir juste et durable où le développement économique se mettra au service de l’humain et de la planète.

Ailleurs dans le monde, on en est où sur la mesure du bien-être?

Suivant la création de l’indicateur du vivre mieux de l’OCDE composé de 24 indicateurs, plusieurs pays ont depuis adopté une approche progressive pour aborder la question du bien-être. La Finlande, la Suède, ou encore la Nouvelle-Zélande sont aujourd’hui en tête de liste des pays où il fait bon vivre selon l’indicateur du vivre mieux de l’OCDE. En 2009, le gouvernement finlandais lançait ses 100 indicateurs du progrès social dont 23 étaient dédiés au vivre mieux. Son voisin suédois quant à lui en intégrait 12 dans son budget annuel de 2017. La Nouvelle-Zélande a quant à elle développé un cadre similaire à celui de l’OCDE, mais avec la particularité d’analyser le bien-être de ses citoyen.ne.s en relation avec les autres, ce qui permet de doublement souligner les inégalités de développement au sein de sa population et par domaines.

Et au Québec, ça donne quoi?

C’est avec soin que le collectif G15+ a créé un tableau de bord de 51 indicateurs répartis en trois piliers (économie, société et environnement) et 18 catégories afin d’informer les décideurs.euses politiques et le grand public du portrait global du bien-être au Québec et ainsi appuyer une démarche éclairée vers un avenir solidaire, prospère et vert. Les indicateurs, tels des signes vitaux, permettent de faire un diagnostic de l’état du Québec, dans son ensemble et par thématique, en se basant sur des données de sources reconnues.

Les indicateurs, tels des signes vitaux, permettent de faire un diagnostic de l’état du Québec, dans son ensemble et par thématique, en se basant sur des données de sources reconnues.

Le tableau de bord contient les données de 2015 à 2019 qui permettent d’observer quelques tendances généralement positives, comme la baisse de la précarité d’emploi, de l’insécurité alimentaire et de la criminalité ainsi que l’augmentation de l’espérance de vie, de l’efficacité énergétique et des aires protégées.

Cet exercice a néanmoins révélé un manque criant de données, principalement pour les indicateurs « société » et « environnement », tels que la qualité du système de garde à l’enfance, l’itinérance, la santé environnementale, les changements climatiques, la mobilité durable et la biodiversité. Le G15+ a d’ailleurs lancé un appel au gouvernement pour qu’il remédie à cette lacune et qu’il prenne en main le tableau de bord et sa mise à jour annuelle.

Mettre le bien-être au cœur des décisions politiques

En pleine urgence climatique, sociale et sanitaire qui bouleverse notre quotidien et nos valeurs, l’objectif des Indicateurs du bien-être au Québec est d’en faire un outil de référence pour :

  • Offrir à la population une vue synthétique de l’évolution du vivre mieux par grandes thématiques ;
  • Mettre en lumière l’interdépendance entre les enjeux économiques, sociaux et environnementaux ;
  • Servir de feuille de route pour les décideurs.euses politiques. Celle-ci leur permettrait d’identifier les cibles à atteindre et d’orienter la planification budgétaire et stratégique pour assurer un développement économique inclusive et durable et faire du Québec un endroit où il fait mieux vivre.