Une nouvelle année, un nouveau record. Malgré une baisse de la consommation d’énergies fossiles de sept pour cent durant la pandémie, on a enregistré en 2020 le même record de chaleur qu’en 2016, faisant de la dernière décennie la plus chaude qui soit.
Le précédent record a été établi en 2016, une année marquée par El Niño, un phénomène qui contribue à la hausse des températures. Cela signifie que la dernière année a probablement été la plus chaude sur le plan du réchauffement mondial. La température moyenne à la surface du globe a augmenté de 1,25 °C par rapport à la moyenne préindustrielle, se rapprochant ainsi du plafond de 1,5 °C visé par les pays du monde dans le cadre de l’Accord de Paris il y a cinq ans. Dans l’Arctique et les régions nordiques, la température moyenne a grimpé de 3 à 6 °C.
Les conséquences de ce réchauffement mondial ne cessent de s’aggraver : vagues de chaleur mortelles, phénomènes climatiques extrêmes plus fréquents et intenses… L’an dernier, l’Ouest américain, la Sibérie, l’Australie et certaines parties de l’Amérique du Sud ont été frappés par des feux de forêt parmi les pires et les plus coûteux que nous ayons connus. Or, des études ont démontré que les dérèglements climatiques y sont pour beaucoup. Ces incendies libèrent du dioxyde de carbone dans l’atmosphère et détruisent d’importants puits de carbone, entraînant une accélération du réchauffement. La fumée et les particules provoquent par ailleurs des problèmes de santé et des décès.
L’an dernier, on a également enregistré des records d’ouragans dans l’Atlantique et égalé le nombre record de cyclones tropicaux de 2018.
La situation est critique, mais il est encore temps d’éviter le pire si nous agissons rapidement et résolument.
Bien qu’il soit crucial de diminuer nos émissions de façon draconienne, il existe des moyens de compenser nos émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre, notamment la protection et la restauration des forêts et des milieux humides, ainsi que la capture et le stockage du carbone.
De nouvelles études révèlent que les températures moyennes mondiales pourraient se stabiliser d’ici quelques décennies si nous réduisons rapidement à zéro nos émissions nettes de gaz à effet de serre, autrement dit si nous n’émettons pas plus que ce que nous retirons de l’atmosphère. Bien qu’il soit crucial de diminuer nos émissions de façon draconienne, il existe des moyens de compenser nos émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre, notamment la protection et la restauration des forêts et des milieux humides, ainsi que la capture et le stockage du carbone.
Comme l’a souligné l’ONU, il existe des moyens abordables d’atteindre la carboneutralité. Selon le Forum économique mondial, fin 2020, 126 pays responsables de 51 pour cent des émissions avaient adopté ou annoncé des objectifs de carboneutralité ou envisageaient de le faire. L’Union européenne, le Japon, la Corée du Sud et le Royaume-Uni se sont engagés à y parvenir d’ici 2050, tout comme la nouvelle administration Biden aux États-Unis. Le Canada a déposé un projet de loi, mais il faut faire plus encore.
Selon des études antérieures, le réchauffement rapide se poursuivra longtemps après la réduction de nos émissions, car les gaz comme le CO2 et le méthane demeurent dans l’atmosphère durant de nombreuses années. Toutefois, de nouvelles données apportent une note d’optimisme. En contrôlant nos émissions, les systèmes naturels — notamment les océans, les milieux humides et les forêts — et potentiellement la technologie nous permettront d’éliminer une partie des gaz à effet de serre de l’atmosphère. Pour cela, il faut cependant que nous prenions mieux soin de ces systèmes naturels. Tout est interrelié.
En réglant cette crise, nous créerons un monde moins pollué et plus sain, qui offrira à tous un potentiel plus grand.
Or, nous ne sommes pas sur la voie de réaliser notre objectif de réchauffement de 1,5 °C. Le réchauffement atteint déjà au moins 1,1 °C de plus que le niveau préindustriel, et nous nous dirigeons vers une augmentation d’au moins 2 °C. Nous prévoyons d’autres vagues de chaleur, inondations, feux de forêt, éclosions de maladies, déplacements de populations et flux de réfugiés, pertes de biodiversité et pénuries d’eau. Mais, pour éviter des catastrophes encore pires, nous pouvons et devons tout mettre en œuvre pour contenir nos émissions. Nous disposons déjà de moyens abordables d’atteindre la carboneutralité et nous trouverons d’autres solutions encore meilleures. En réglant cette crise, nous créerons un monde moins pollué et plus sain, qui offrira à tous un potentiel plus grand.
Il suffit de constater à quelle vitesse le monde a fait face à la pandémie de COVID-19. Tout n’est pas réglé, mais nous avons développé des vaccins dans un temps record, et les pays qui ont agi avec détermination et adopté des mesures de sécurité ont vu leur situation s’améliorer.
Il suffit aussi de penser aux puissants ordinateurs que la plupart d’entre nous transportent dans leurs poches ou sacs à main pour constater à quel point la technologie peut évoluer rapidement.
La climatologue Katharine Hayhoe a confié au Washington Post « que la question n’est plus de savoir quand les conséquences des changements climatiques se manifesteront : elles sont déjà là. La seule question est maintenant de savoir quel niveau elles atteindront. La réponse à cette question dépend de nous. »
Nous devons tous nous engager résolument dans l’action climatique. Il est important de prendre des mesures individuelles, mais il est essentiel aussi que nous interpellions les gouvernements et les entreprises. Il n’y a plus de temps à perdre.
Traduction : Monique Joly et Michel Lopez