Tandis que les gens du monde entier s’unissent pour éviter les pires conséquences de la crise climatique, l’industrie qui est en grande partie responsable du réchauffement climatique redouble d’efforts pour préserver ses profits record.
Campagnes médiatiques et recours à des personnes « influenceuses », promotion du gaz « naturel » comme une solution écologique, guerre aux véhicules électriques, conférences, appel au soutien d’entités politiques et médiatiques : l’industrie des combustibles fossiles ne manque pas de tours dans son sac pour conserver sa poigne lucrative sur l’économie et la vie à l’échelle mondiale.
Dans un système où les milliardaires, les grandes sociétés et les politicien.ne.s qu’elles achètent tiennent les rênes de l’économie, et où l’on considère la « main invisible du marché » et la croissance constante comme des principes efficaces de production et de distribution des biens sociaux pour répondre aux besoins de la population, le mode d’action de l’industrie a bien du sens. Mais si l’on prend la pleine mesure des bouleversements climatiques, de la perte de biodiversité, de l’effondrement des écosystèmes et de leurs conséquences de plus en plus imprévisibles et dévastatrices, on voit bien que c’est suicidaire.
Les agissements des entreprises de charbon, de pétrole et de gaz sont considérés comme « normaux ».
Quand on a toujours vécu dans un système, il n’est pas étonnant d’y adhérer à tel point qu’il soit difficile d’imaginer une autre façon de faire les choses. Les agissements des entreprises de charbon, de pétrole et de gaz sont considérés comme « normaux ». Ces entreprises sont inscrites en bourse, les gouvernements les subventionnent et font leur promotion, les médias d’actualité annoncent leurs gains sur un ton positif… et pendant ce temps, elles multiplient leurs efforts pour continuer d’exploiter des produits qui nous menacent de plus en plus, simplement pour en tirer des profits.
Partout, les scientifiques nous avertissent : nous nous rapprochons de points de bascule dangereux qui déclencheront des boucles de rétroaction… s’il n’est pas déjà trop tard. Et comment répond l’industrie?
Suncor, qui fait partie de l’Alliance nouvelles voies, un groupe canadien d’entreprises de sables bitumineux, est la dernière en date à avoir renoncé à son travail et à ses engagements en matière d’énergies propres. Le PDG, Rich Kruger, ne s’en cache pas : selon lui, l’entreprise a trop mis l’accent sur la transition énergétique à long terme, et pas assez sur les « moteurs d’affaires d’aujourd’hui » – par là, il entend l’exploitation des sables bitumineux.
L’entreprise a vendu ses actifs liés aux énergies éolienne et solaire l’an dernier, « sortant ainsi du monde des énergies renouvelables, dans lequel elle était active depuis plus de vingt ans », comme le rapporte BNN Bloomberg. D’autres entreprises décident elles aussi de se concentrer sur les combustibles fossiles et de couper des postes.
L’industrie a réagi avec le même type de campagnes de communications de masse, d’écoblanchiment et de détournement cognitif qu’elle utilise depuis des dizaines d’années, pleinement consciente des conséquences dévastatrices de l’utilisation prévue de ses produits.
Mais miser le tout pour le tout sur les combustibles polluants en plein cœur des crises dont ils sont la cause, voilà une idée bien difficile à faire avaler. L’industrie a réagi avec le même type de campagnes de communications de masse, d’écoblanchiment et de détournement cognitif qu’elle utilise depuis des dizaines d’années, pleinement consciente des conséquences dévastatrices de l’utilisation prévue de ses produits.
Je ne sais pas comment les personnes qui dirigent ces entreprises arrivent à dormir. Pire encore, alors qu’elles enregistrent des gains financiers sans précédent, elles continuent de solliciter des fonds publics.
Ce que l’industrie veut, elle l’obtient la plupart du temps : des subventions pour tout et n’importe quoi, depuis les technologies coûteuses qui souvent n’ont pas fait leurs preuves, comme celles de capture et stockage du carbone – qui ont la faveur de l’industrie principalement parce qu’elles permettent de continuer de brûler les combustibles fossiles –, jusqu’au nettoyage des sites de forage en passant par l’électrification de la production de gaz « naturel » liquéfié. Quand les gouvernements disent oui, ce sont les contribuables qui paient. Même si les pays industrialisés promettent depuis 2009 de mettre fin à ces subventions inefficaces pour les combustibles fossiles, pas moins de 1,4 billon de dollars en fonds publics a été investi dans le secteur en 2022 seulement. (Le Canada a toutefois récemment annoncé la fin de certaines subventions.)
Mais avec l’aide des politicien.ne.s et des médias, les porte-parole de l’industrie fossile travaillent à se donner l’image d’entreprises responsables, nécessaires, propres et faisant partie de la solution à la crise climatique.
Par ailleurs, la plupart des énergies renouvelables sont déjà plus abordables que l’énergie du charbon, du pétrole ou du gaz – et moins polluantes!
Dernièrement, l’industrie a mené une campagne musclée visant à faire passer le gaz de méthane issu de la fracturation hydraulique comme une solution à la crise climatique. Même si on dit que le gaz « naturel » doit servir de transition ou de « pont » depuis plus de dix ans (ne devrait-on pas déjà avoir traversé le pont, après tout ce temps?), on observe un regain de popularité étant donné l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui perturbe l’approvisionnement et qui fait grimper les prix.
Le gaz a peut-être eu un rôle d’énergie de transition dans le passé – bien qu’il soit responsable de certaines des émissions les plus puissantes ainsi que d’autres dommages à l’environnement –, mais cette époque est révolue. Les coûts des énergies éolienne et solaire, plus propres, diminuent rapidement à mesure que les technologies s’améliorent, notamment pour le stockage. Par ailleurs, la plupart des énergies renouvelables sont déjà plus abordables que l’énergie du charbon, du pétrole ou du gaz – et moins polluantes!
Les entreprises de combustibles fossiles visent aussi une ancienne alliée, soit l’industrie automobile, avec des publicités montrant les véhicules électriques comme une « onéreuse dépendance au réseau électrique ». Et c’est sans parler des personnes « influenceuses », populaires sur les réseaux sociaux, qu’elles engagent pour s’occuper de leurs relations publiques. C’est une tentative désespérée d’entreprises qui essaient de survivre, et qui, ce faisant, menacent la survie humaine.
Il est plus que temps de mettre un terme à l’ère des combustibles fossiles. L’industrie doit s’adapter et changer ou bien laisser sa place.