Marche pour le climat

Il n’est jamais trop tard pour que les moins jeunes entrent dans la course de l’action climatique. Mais les nouvelles générations ressentent la fatigue d’attendre que les « grand.e.s » se réveillent. (Photo : Mark Dixon via Flickr)

En 2019, j’ai présenté mes excuses à l’activiste pour le climat Greta Thunberg pour tout le travail qu’elle a dû faire si brillamment, mais aussi à un si jeune âge : sonner l’alarme sur les conséquences catastrophiques de notre incapacité à réduire les émissions des gaz à effet de serre. Cela n’est pas la responsabilité des nouvelles générations. Les parents et les aîné.e.s devraient se battre pour l’avenir des enfants, pour leur possibilité de vivre pleinement : explorer au-delà du nid familial, faire des rencontres, créer des amitiés, en apprendre sur le monde, découvrir ce qui leur plaît et ce qui leur plaît moins.

Il n’est jamais trop tard pour que les moins jeunes entrent dans la course de l’action climatique. Mais les nouvelles générations ressentent la fatigue d’attendre que les « grand.e.s » se réveillent. Ce mois-ci, d’autres grèves des jeunes pour le climat ont eu lieu du 15 au 17 septembre. La jeunesse demande « une élimination rapide, juste et équitable des combustibles fossiles », soit aucune nouvelle forme de combustible fossile, une sortie rapide, juste et équitable, de nouveaux accords de coopération internationale, la fin de l’écoblanchiment, la responsabilisation des pollueurs pour les dommages causés, et la fin de la mainmise de l’industrie fossile. Ce dernier phénomène se définit par des « entreprises qui définissent les règles de l’action climatique, qui financent ou participent aux négociations sur le climat, ou qui sapent la réponse mondiale aux changements climatiques ».

Il n’est jamais trop tard pour que les moins jeunes entrent dans la course de l’action climatique. Mais les nouvelles générations ressentent la fatigue d’attendre que les « grand.e.s » se réveillent.

Si nous, les générations plus âgées, nous inquiétions vraiment pour nos enfants, nos petits-enfants et les enfants à naître, nous les écouterions et cesserions de traîner de la patte. Nous ne pouvons laisser l’industrie des énergies fossiles et ses allié.e.s freiner et empêcher l’action climatique.

Nous avons tant tardé à réagir. Pour véritablement changer les choses, il ne reste plus des années, mais bien des mois, voire des semaines et des jours. Chaque molécule de dioxyde de carbone émise dans l’atmosphère y demeure pendant des siècles. Elles jettent ainsi de l’huile sur le feu, et contribuent à ces phénomènes imprévisibles et grandissants partout sur le globe : inondations, sécheresses, dômes de chaleur, rivières atmosphériques, fonte de la glace polaire, réchauffement des océans, nombre croissant de migrant.e.s climatiques… Tout retard dans une transition prompte vers les énergies renouvelables coûte cher et aggrave les obstacles, en plus d’accélérer les graves conséquences à venir.

Nous avons tant tardé à réagir. Pour véritablement changer les choses, il ne reste plus des années, mais bien des mois, voire des semaines et des jours.

Les grèves des jeunes pour le climat arrivent d’ailleurs à un moment plus qu’opportun. Alors qu’elles se concluent cette semaine, des représentant.e.s de l’industrie du pétrole et du gaz se sont réuni.e.s à Calgary du 17 au 21 septembre, pour le World Petroleum Congress (Congrès mondial du pétrole), sous le thème « La transition énergétique : en route vers la carboneutralité ».

De plus, des porte-paroles d’un peu partout se sont réuni.e.s à New York le 20 septembre prochain pour le Sommet sur l’ambition climatique. Convoqué par le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, il vise à « accélérer l’action des gouvernements, des entreprises, de la finance, des autorités locales et de la société civile » et à démontrer « l’existence d’une volonté collective mondiale d’accélérer le rythme et l’ampleur d’une transition juste vers une économie mondiale plus équitable, reposant sur les énergies renouvelables et résiliente aux changements climatiques ».

Aussi, du 30 novembre au 12 décembre, des représentant.e.s de presque toutes les nations se rencontreront aux Émirats arabes unis pour la 28e Conférence des Parties (COP28) sur les changements climatiques.

Ces événements, parmi d’autres, devraient insuffler une dose d’optimisme aux jeunes (et à toute personne qui a notre avenir collectif à cœur). Pourtant, les nouvelles générations savent bien que l’optimisme ne suffit pas, surtout face à l’écoblanchiment des entreprises. La COP28 se tiendra d’ailleurs dans un pays producteur de pétrole connu pour ses sévères violations aux droits de la personne. Bien entendu, cela a soulevé du cynisme, mais aussi un appel au boycottage.

La posture du Petroleum Congress quant à la transition énergétique et à la carboneutralité repose majoritairement sur des technologies et des produits centrés sur le profit, comme la capture et le stockage de carbone. Cette technique chère n’a pas fait ses preuves et capture uniquement les émissions liées à la production, mais pas celles, beaucoup plus importantes, qui proviennent de la combustion. La majorité des panels du congrès mettent à l’honneur des gens de l’industrie et de pays producteurs de pétrole. Certaines présentations porteront même sur les nouvelles technologies pour augmenter la fracturation hydraulique!

Les thèmes du Sommet sur l’ambition climatique, « l’ambition, la crédibilité et la mise en œuvre », offrent un peu plus d’espoir, et M. Guterres s’est avéré un vif défenseur de la justice et l’action climatiques. Mais, comme le sait bien la jeunesse, il faudra un mouvement collectif massif pour faire bouger la classe politique.

Les thèmes du Sommet sur l’ambition climatique, « l’ambition, la crédibilité et la mise en œuvre », offrent un peu plus d’espoir, et M. Guterres s’est avéré un vif défenseur de la justice et l’action climatiques. Mais, comme le sait bien la jeunesse, il faudra un mouvement collectif massif pour faire bouger la classe politique.

Les solutions ne manquent pas, comme l’ont démontré à maintes reprises les recherches de la Fondation David Suzuki et d’autres. Soutenons les mouvements des jeunes, rejoignons leurs grèves et accélérons nos efforts pour résoudre la crise climatique. Il en revient de notre devoir envers les nouvelles générations, envers nous-mêmes et envers notre magnifique planète.