Le bruit, source de pollution

Les êtres vivants sont régulièrement exposés à une grande variété d’agents déclencheurs de stress. On peut penser notamment aux variations extrêmes de température causées par les changements climatiques, à l’exposition à divers polluants chimiques ou encore à l’augmentation de l’acidité dans les océans.

Il existe cependant un facteur de stress assez sournois qui cause des dommages considérables malgré le fait qu’il passe trop souvent inaperçu : le bruit. Chez l’humain, une exposition aiguë au bruit engendre les mêmes réponses physiologiques qu’une poursuite par un lion, par exemple. Le rythme cardiaque accélère, les vaisseaux sanguins se resserrent, les hormones du stress sont sécrétées dans le sang. Bref, le corps est en état d’alerte. La fuite est alors la meilleure option. Cette évasion n’est cependant pas possible pour les habitants de l’océan.

Du bruit dans les océans

Les mammifères marins dépendent des sons pour communiquer et se localiser, puisque leurs autres sens ont une portée limitée sous l’eau. Leur vue est notamment réduite en raison du fait que les particules dans l’eau dispersent la lumière. La vitesse du son étant environ quatre fois plus élevée dans l’eau que sur la Terre, les « chants » des baleines jouent un rôle primordial dans leurs relations sociales, leur alimentation et leurs déplacements. La pollution sonore cacophonique noie la symphonie des baleines et peut même avoir des conséquences colossales sur leur survie !

Depuis une centaine d’années, le bruit croit régulièrement dans les océans. Cette pollution provient notamment des moteurs des dizaines de milliers de navires commerciaux, certains aussi longs que l’Empire State Building, transitant entre les continents. Ces derniers livrent 98% des biens matériels mondiaux. Les bruits assourdissants causés par les propulseurs de ces bateaux auraient réduit de 80% la capacité de communication des baleines noires du nord de l’Atlantique.

L’exploitation pétrolière est également responsable de la pollution sonore dans les océans. Des canons à air déclenchés à toutes les 10 secondes sillonnent en effet des centaines de kilomètres carrés pendant plusieurs mois afin de de cartographier les fonds marins de manière à localiser le pétrole. À petite échelle, ces bruits peuvent entraver la communication des baleines et les empêcher de se reproduire et de se nourrir. Or, les déclenchements les plus bruyants peuvent blesser l’oreille interne de ces majestueuses créatures et causer des saignements aux organes internes, dont le cerveau. Enfin, les sonars des navires militaires, dont la conception a pourtant été inspirée par les capacités d’écholocalisation des dauphins, perturbent considérablement la communication des mammifères marins. Croyant pouvoir fuir, ces derniers s’échouent parfois par centaines sur les rives.

Ils vécurent heureux?

Le triste sort de ces sirènes grandioses pourrait être amélioré, avec l’aide d’une volonté politique considérable. La conception de propulseurs de navires commerciaux plus silencieux et moins gourmands en carburants permettrait non seulement d’accroître leur efficacité mais ferait aussi économiser les industries. Diminuer la vitesse de ces navires et repenser leur trajectoire afin de limiter les impacts sur les écosystèmes sensibles représentent également des solutions cruciales. Enfin, il existe des technologies alternatives aux détonations liées à exploration pétrolière qui produisent des ondes de très faible fréquence et génèrent des images de meilleure résolution.

Les océans sont en péril. Au-delà de la préservation d’aires marines, il faut aussi un environnement plus serein pour les mammifères marins.

 

Je demande la création d’aires protégées dans le Saint-Laurent