La province de l’Alberta fait face à d’importantes sécheresses et pénuries d’eau, en plus d’une saison des feux de forêt qui commence maintenant en février! L’ensemble des brillant.e.s scientifiques et organismes réputés spécialistes du climat ont prouvé irréfutablement que, sans une transition rapide hors des combustibles fossiles, la situation s’aggravera en Alberta comme partout sur le globe.
Dans un monde logique, nos élu.e.s feraient tout en leur pouvoir pour empêcher une catastrophe. Malheureusement, les considérations économiques (principalement celles qui enrichissent une faible minorité) ont préséance sur tout le reste, même sur la survie de notre espèce.
En Alberta, cette mentalité s’articule par l’appui au pétrole, au gaz et au charbon, couplé à de nombreux freins au développement de l’énergie renouvelable. Peu importe le parti au pouvoir, la situation persiste : il soutient l’industrie des combustibles fossiles et attaque quiconque appelle au changement.
Rien de tout cela n’est même justifiable d’un point de vue financier. Le monde s’engage dans une transition rapide vers l’énergie renouvelable, ce qui entraîne du même coup un boum dans l’économie et l’emploi. Les développements fossiles se trouvent à risque de devenir des « actifs irrécupérables. »
La province se trouve défigurée par l’exploitation de sables bitumineux, par les mines de charbon et par les infrastructures et le forage gaziers. Le territoire paraît un véritable dépotoir de puits pétroliers et gaziers abandonnés. Dans ce contexte, le gouvernement a pourtant choisi d’intervenir avec une main de fer sur le secteur florissant de l’énergie renouvelable plutôt que sur tous ces détritus polluants. Il demande également aux contribuables de payer pour le nettoyage des puits orphelins, alors que ces derniers relèvent de la responsabilité légale des entreprises.
Au début du mois d’août 2023, le gouvernement albertain a imposé un moratoire sur tout nouveau développement d’envergure en énergie renouvelable (article en anglais). Il a aussi récemment annoncé une réglementation sur ce type de projets, en partie pour protéger les « paysages immaculés » et les terres agricoles. Une mesure importante, certes, mais elle ne s’applique qu’aux initiatives vertes, pas aux exploitations de charbon, de gaz et de pétrole (source en anglais). Ces dernières causent pourtant beaucoup plus de dommages et de pollution, en plus d’enlaidir le paysage. Difficile donc de prendre cette réglementation au sérieux. Celle-ci rendra également intouchables de grandes portions de la province pour des développements d’énergie renouvelable.
Le gouvernement de l’Alberta a de plus imposé une taxe de 200 $ sur les véhicules électroniques pour « compenser la dégradation des routes et la taxe sur l’essence à laquelle échappent les propriétaires de voitures électriques » (dans une province où prédominent les camionnettes et VUS lourds et gobeurs de carburant). Il a même envoyé une délégation à la dernière conférence sur le climat à Dubaï pour y faire la promotion des combustibles fossiles.
Quelle tristesse, quelle horreur que l’humanité importe si peu aux yeux de tant de personnes, au point où ces dernières se sentent prêtes à nous mettre toutes et tous à risque, simplement pour accumuler une indécente richesse.
Rien de tout cela n’est même justifiable d’un point de vue financier. Le monde s’engage dans une transition rapide vers l’énergie renouvelable, ce qui entraîne du même coup un boum dans l’économie et l’emploi. Les développements fossiles se trouvent à risque de devenir des « actifs irrécupérables. »
Sur ce point, et plusieurs autres, le gouvernement de cette province de l’Ouest semble suivre le mouvement des États-Unis pour « Make America Great Again ». En effet, l’ex-président Donald Trump a affirmé que son premier acte, en cas de réélection, sera de « forer, bébé » (« Drill, baby, drill »).
Si seulement l’industrie pétrolière tenait compte de ses propres recherches et changeait de voie! En réalité, elles n’ont peu ou pas agi pour transformer l’état des lieux. Les entreprises ont plutôt choisi de mettre la faute de la crise climatique sur les autres et d’injecter des ressources faramineuses pour amenuir ou carrément nier les preuves, y compris les études effectuées par leurs propres scientifiques.
Dans une entrevue pour Fortune (en anglais), le PDG d’ExxonMobil, Darren Woods (qui a touché en 2022 un salaire de 35,9 millions $ US), a balayé de la main les appels à investir dans l’énergie renouvelable. Selon lui, cela irait à l’encontre de la capacité du géant pétrolier à « produire des rendements au-delà de la moyenne pour les investisseurs ». Il a aussi tenté de culpabiliser le public de ne pas s’attaquer aux changements climatiques : « Les gens qui génèrent des émissions doivent en être conscients et en payer le prix. »
Les gouvernements comme celui de l’Alberta illustrent le caractère systémique de la situation.
Quelle tristesse, quelle horreur que l’humanité importe si peu aux yeux de tant de personnes, au point où ces dernières se sentent prêtes à nous mettre toutes et tous à risque, simplement pour accumuler une indécente richesse. Leur argent et leur pouvoir les affublent également d’un pouvoir d’influence et d’un contrôle sur la classe politique et les gouvernements, sur les politiques éducatives, les tribunaux et les médias. Les manifestant.e.s contre cette destruction meurtrière font l’objet de poursuites et d’arrestations, tandis que les véritables responsables des dommages sont présenté.e.s comme des exemples de la réussite et des piliers de la société.
Même les gouvernements qui semblent saisir les crises climatiques et environnementales, et qui y répondent par des politiques intéressantes, finissent par se ranger du côté de la cupidité industrielle au détriment de la survie humaine. Cela explique pourquoi l’argent des contribuables du Canada sert à payer un oléoduc qui ne devrait pas être construit durant une crise climatique, et dont le prix a gonflé de 4,5 milliards à 31 milliards $ CA (article en anglais).
Les gouvernements comme celui de l’Alberta illustrent le caractère systémique de la situation. Nous devons reconsidérer la valeur que nous attribuons aux choses : que ce soit le travail et l’emploi, la nature, et les biens et services qu’elle nous fournit. La classe politique et dirigeante doit prioriser les preuves scientifiques plutôt que l’avidité des entreprises et une vision à court terme motivée par les résultats électoraux. Elle devrait œuvrer pour nous, et non pour le compte des grandes sociétés, de leurs propriétaires et de leurs équipes de direction.