Éoliennes en Alberta, Canada

Malgré les avantages croissants des énergies renouvelables pour l’Alberta et ailleurs, le gouvernement provincial a récemment mis en place un moratoire de sept mois sur les projets solaires et éoliens – avec peu de préavis ou de consultation. (Photo : Brian Holdsworth via Unsplash)

L’Alberta a été à la tête du boum des énergies renouvelables au Canada, avec des investissements de plusieurs dizaines de milliards et près de 3 milliards de dollars de projets en cours – créant de bons emplois et de l’énergie propre. Ce n’est pas étonnant. La province bénéficie d’un ensoleillement et de vents abondants, et d’espace pour les installations solaires et éoliennes, ainsi qu’une main-d’œuvre qualifiée et de gens qui se soucient de la nature spectaculaire qui les entoure.

De plus, l’Alberta a un système d’électricité en « marché ouvert » qui permet aux producteurs de vendre à des fournisseurs d’électricité privés.

Malgré les avantages croissants des énergies renouvelables pour l’Alberta et ailleurs, le gouvernement provincial a récemment mis en place un moratoire de sept mois sur les projets solaires et éoliens – avec peu de préavis ou de consultation. L’environnement réglementaire laxiste de la province pourrait être renforcé pour tous les grands projets énergétiques – y compris le gaz, le pétrole et le charbon – mais il n’est pas nécessaire pour autant d’imposer un moratoire à un seul secteur. De plus, étant donné le soutien excessif du gouvernement de l’Alberta à l’industrie des combustibles fossiles, ses justifications bancales de cette décision et son hostilité envers les politiques climatiques, il est facile de remettre en question ses motivations.

Pourquoi le gouvernement de l’Alberta mettrait-il en péril des milliards de dollars d’investissements, de bons emplois, des opportunités dans les zones rurales, ainsi que la qualité de l’air et de l’environnement pour soutenir une industrie agonisante?

Le gouvernement affirme qu’il a besoin de temps pour étudier les conséquences sur le réseau et les règles relatives au démantèlement. Encore une fois, cela ne nécessite pas de mettre fin à l’activité du secteur. « Nous avons effectué des révisions réglementaires pour la production de gaz de charbon et l’industrie des sables bitumineux pendant des années – le tout sans interrompre le développement », a déclaré Jorden Dye, directeur par intérim du Business Renewables Centre Canada, au Guardian.

En ce qui concerne les règles de remise en état, l’Alberta compte des centaines de milliers de puits de pétrole et de gaz que les entreprises sont légalement tenues de démanteler lorsqu’elles ont terminé leur exploitation – en moyenne, un puits pour chaque 1,4 kilomètre carré de terrain! Mais un nombre croissant de puits, qui se comptent désormais par dizaines de milliers, sont devenus inactifs, avec des entreprises qui se déclarent souvent en faillite et qui fuient leurs responsabilités en matière de dépollution. Le gouvernement fédéral a déjà investi un milliard de dollars dans la dépollution, et la province veut injecter au moins 100 millions de dollars sous forme de crédits d’impôt pour convaincre les entreprises de respecter leurs obligations légales.

Prenez aussi en considération la réponse de la première ministre au projet, nécessaire et raisonnable, du gouvernement fédéral de réglementations sur l’électricité propre, qui vise à atteindre des émissions nettes de carbone nulles dans la production d’énergie d’ici 2035. « Nous ne permettrons jamais que ces réglementations soient mises en œuvre ici, point final », a-t-elle déclaré (article en anglais).

Pourquoi le gouvernement de l’Alberta mettrait-il en péril des milliards de dollars d’investissements, de bons emplois, des opportunités dans les zones rurales, ainsi que la qualité de l’air et de l’environnement pour soutenir une industrie agonisante? Il semble que cela fasse partie du dernier effort de l’industrie des combustibles fossiles pour se maintenir en vendant le gaz « naturel » comme une solution climatique plutôt que comme le combustible polluant qu’il est en réalité.

Ce n’est pas le manque de solutions disponibles qui nous empêche d’avancer, c’est le manque de volonté politique.

Des politicien.ne.s, dont la ministre de l’Environnement de l’Alberta, se sont joint.e.s à l’industrie pour vanter les « avantages » du maintien de la production d’électricité à partir du gaz.

Alors que l’adoption des pompes à chaleur et des énergies renouvelables s’accélère dans le monde entier, la promotion par l’industrie du méthane (principalement issu de la fracturation hydraulique) comme solution climatique et la minimisation des meilleures alternatives sont au mieux trompeuses. Le fournisseur de gaz FortisBC a récemment fait retirer les informations montrant les avantages des pompes à chaleur et de l’électrification d’un rapport conjoint du gouvernement et de l’industrie sur le rôle du gaz dans la transition vers l’énergie propre (article en anglais). Lorsque l’entreprise Enbridge a déposé une demande d’extension de son réseau de gaz en Ontario, elle a utilisé une étude erronée qui a gonflé de plusieurs milliards de dollars le coût du passage des bâtiments du chauffage au gaz au chauffage électrique (source en anglais).

La vérité est que l’électricité produite par l’énergie éolienne et solaire coûte désormais moins cher que celle produite par le gaz, même en ajoutant le stockage, et que les coûts des énergies renouvelables baissent tandis que les prix du gaz et des autres combustibles fossiles augmentent dans des marchés volatils.

Ce n’est pas le manque de solutions disponibles qui nous empêche d’avancer, c’est le manque de volonté politique. Les recherches de la Fondation David Suzuki montrent que le Canada pourrait parvenir non seulement à des émissions nettes nulles, mais aussi à une électricité sans émissions d’ici 2035, sans avoir recours à de nouvelles centrales nucléaires, à de nouvelles grandes centrales hydroélectriques ou au captage et au stockage du carbone.

Il est déjà assez grave que les dirigeant.e.s politiques qui semblent comprendre la crise climatique soient peu actif.ve.s. Pire encore, certain.e.s sont ouvertement hostiles à l’idée même de protéger le monde – nos enfants, nos petits-enfants et celles et ceux à naître – des conséquences, en augmentation rapide, de la combustion inutile de charbon, de pétrole et de gaz.

Tout le monde bénéficiera de la transition vers l’énergie propre – d’un air plus pur, d’un climat stable, de bons emplois, d’opportunités économiques, d’une meilleure sécurité énergétique, d’une énergie abordable et bien plus encore.

Tout le monde bénéficiera de la transition vers l’énergie propre – d’un air plus pur, d’un climat stable, de bons emplois, d’opportunités économiques, d’une meilleure sécurité énergétique, d’une énergie abordable et bien plus encore. Certain.e.s politicien.ne.s peuvent penser que le progrès est impossible, mais les habitant.e.s de l’Alberta et de tout le Canada en savent davantage.

Nous avons besoin de politicien.ne.s qui représentent nos intérêts, et non ceux d’une industrie agonisante et polluante.