Croissance économique, expansion industrielle, urbanisation fulgurante, hausse de la population et augmentation de la pollution… Où est la limite?

Croissance économique, expansion industrielle, urbanisation fulgurante, hausse de la population et augmentation de la pollution… Où est la limite?

Notre économie actuelle est obsédée par la croissance perpétuelle. Tout doit se développer, sauf les écosystèmes qui assurent notre santé et notre survie. Ceux-ci se détériorent sous nos yeux, victimes de notre soif de croissance infinie.

La population mondiale a connu une multiplication rapide, surtout depuis le début de la révolution industrielle. Entre 1800 et 1927, la population est passée d’un à deux milliards. En 1974, elle avait encore doublé, pour atteindre quatre milliards. Elle a ensuite de nouveau doublé pour atteindre plus de huit milliards. Pendant ce temps, notre appétit pour les ressources a connu une croissance exponentielle, en particulier en Occident, où le gaspillage est encouragé. L’objectif n’est pas de satisfaire les « besoins » humains, mais plutôt de pérenniser un système qui met l’appât du gain au-dessus de tout le reste.

L’air, l’eau et la terre sont pollués et dégradés alors que le climat se réchauffe à des niveaux catastrophiques. Malgré cela, nous persistons à consommer des combustibles fossiles et à détruire les puits de carbone.

Non seulement c’est malveillant, mais c’est aussi suicidaire et injuste. Les ultrariches accaparent l’argent et les ressources, amassant des milliards de dollars et accumulant des yachts de luxe, des manoirs et des avions privés, tandis que d’autres sont affamés et peinent à survivre. Les entreprises pillent le Sud global pour ses minéraux et son pétrole, laissant derrière elles un héritage de pollution et de paysages dévastés pour les populations locales et autochtones.

Nous érigeons des routes et des aires de stationnement pour que les gens se déplacent dans des véhicules énormes et inefficaces, alimentés par des combustibles polluants et dommageables pour le climat, ou par de gigantesques batteries qui demandent beaucoup de ressources. Nous dépensons des sommes astronomiques pour extraire des minéraux et fabriquer des armes de destruction sophistiquées.

L’air, l’eau et la terre sont pollués et dégradés alors que le climat se réchauffe à des niveaux catastrophiques. Malgré cela, nous persistons à consommer des combustibles fossiles et à détruire les puits de carbone. Les conséquences deviennent de plus en plus graves et immédiates : des événements météorologiques extrêmes, des pénuries d’eau, des inondations, des sécheresses, la disparition de la faune et de la flore, une augmentation des conflits et des migrations humaines, des mauvaises récoltes, et la liste continue.

Jusqu’où irons-nous?

Plusieurs croient que ce système est inévitable et immuable. Or, il est relativement récent, et les êtres humains ont toujours su s’adapter aux changements de conditions et à l’avancement des connaissances.

On a persuadé la population que la liberté résidait dans le fait de posséder un véhicule personnel, énorme et peu efficace.

On pourrait soutenir que nous agissions en toute ignorance en remplaçant le bois par le charbon pour la production d’énergie, ou l’huile de baleine par du pétrole pour l’éclairage. Pourtant, l’effet de serre est un sujet d’étude depuis plus de 200 ans, sinon depuis 1824, lorsque Joseph Fourier, mathématicien et physicien français, l’a décrit pour la première fois.

u début du 20e siècle, alors que la population mondiale était nettement moins importante, la planète semblait offrir des richesses illimitées. Il y avait amplement de terre, de bois, de minerais et de combustibles fossiles pour générer prospérité et profits. Plus particulièrement en Amérique du Nord, les industriels ont constaté que la vente de voitures gourmandes en énergie et la construction d’infrastructures pour les accueillir pouvaient générer d’énormes bénéfices pour les industries du pétrole et de l’automobile en plein essor. On a persuadé la population que la liberté résidait dans le fait de posséder un véhicule personnel, énorme et peu efficace.

Bien que le capitalisme ait toujours reposé sur la croissance, le consumérisme a pris racine aux États-Unis au début du 20e siècle. Cependant, c’est après la Seconde Guerre mondiale que le consumérisme effréné et destructeur de ressources a vraiment pris son envol.

En 1955, Victor Lebow, analyste du commerce de détail, a écrit que « notre économie extrêmement productive exige que nous fassions de la consommation notre mode de vie, que nous convertissions en rituel l’achat et l’usage de produits, que nous comblions notre vie spirituelle et notre ego par la consommation… Il faut que les choses soient consommées, usées, remplacées et jetées toujours plus rapidement. »

La planète nous offre toutes les ressources dont nous avons besoin pour vivre et nous épanouir, mais seulement si nous mettons fin à leur exploitation et leur gaspillage excessifs.

En vérité, notre appétit vorace et insatiable nous a-t-il vraiment apporté une « satisfaction spirituelle » ou du bonheur? Des esprits plus avisés, du philosophe et économiste politique anglais John Stuart Mill en 1848 à l’économiste étatsunien John Kenneth Galbraith en 1958, se sont opposés à cette idéologie du gaspillage.

John Stuart Mill plaidait pour une économie à « état stationnaire », caractérisée par une croissance équilibrée de la population et un niveau de vie élevé, mais stable. John Kenneth Galbraith, quant à lui, écrivait : « Qu’en est-il de l’appétit en soi? C’est sans aucun doute la racine du problème. S’il continue d’augmenter à cette cadence, ne devra-t-il pas un jour être freiné? Pourtant, cette question cruciale est généralement ignorée dans les écrits sur le problème des ressources (source en anglais). »

La planète nous offre toutes les ressources dont nous avons besoin pour vivre et nous épanouir, mais seulement si nous mettons fin à leur exploitation et leur gaspillage excessifs. C’est dans le monde occidental riche que l’on consomme la plupart des ressources et que l’on génère la plus grande partie de la pollution. Il est vrai que la croissance démographique doit se stabiliser, mais la consommation effrénée constitue le problème majeur.

Or, les solutions existent. Il suffit de rejeter les idées obsolètes et néfastes sur la croissance et les bénéfices. C’est de cette manière que nous pourrons peut-être découvrir ce qui nous conduira réellement à une « satisfaction spirituelle » et au bonheur.