
L’extraction minière et les minéraux ont toujours revêtu une grande importance. Cependant, la révolution des énergies renouvelables aura besoin de plus de cuivre, de zinc, de nickel, de lithium et de minerais rares.
Dans le cadre de la Stratégie canadienne sur les minéraux critiques, le gouvernement s’est engagé à devenir « un géant dans le domaine de l’extraction et de la valorisation des minéraux critiques » en commençant par l’ouverture et l’expansion de sites miniers dans la région du « Cercle de feu », qui s’étend de la Colombie-Britannique à l’Ontario en passant par la Saskatchewan (article en anglais).
L’extraction minière et les minéraux ont toujours revêtu une grande importance. Cependant, la révolution des énergies renouvelables aura besoin de plus de cuivre, de zinc, de nickel, de lithium et de minerais rares (aussi appelés « terres rares »). Par conséquent, « l’extraction de métaux et de minéraux a presque quintuplé entre 1970 et 2017 », écrit Christopher Pollon dans Pitfall: The Race to Mine the World’s Most Vulnerable Places. Les demandes en technologies pour les énergies renouvelables, en centres de données, en intelligence artificielle et en armement stimulent de plus en plus rapidement cette croissance.
Outre les projets du Canada, le gouvernement des États-Unis convoite le Groenland et le Canada (tous deux possèdent des « minéraux critiques »). La Russie a envahi l’Ukraine, qui abonde en minéraux, et place ses pions en Arctique. Pendant ce temps, la Chine installe des mines partout dans le monde.
L’extraction minière est cependant nécessaire si nous voulons abandonner le charbon, le pétrole et le gaz tout en profitant des commodités modernes, comme l’utilisation de téléphones intelligents, de véhicules électriques, d’appareils efficaces sur le plan énergétique et plus encore.
D’après Christopher Pollon, « l’exploitation minière est, par nature, non durable ». Elle laisse des bassins de résidus miniers toxiques et des paysages ravagés, entraîne des problèmes de santé dus à la pollution et exige une quantité excessive d’eau et énormément de ressources énergétiques pour les opérations et l’exploitation de la main-d’œuvre. Le coût de l’exploitation minière est lourd. Qu’il s’agisse d’une mine à ciel ouvert ou de sites souterrains, qu’ils fonctionnent avec des équipements alimentés par des combustibles fossiles ou par des énergies renouvelables, qu’ils se trouvent sur la terre ferme, dans l’océan, dans des décharges urbaines ou dans l’espace, la réalité est toujours la même.
Les personnes habitant les régions ou les pays où se trouvent les mines n’en tirent souvent que peu de bénéfices, voire aucun. Les minéraux et les profits reviennent généralement à des sociétés étrangères, tandis que les populations locales, principalement autochtones, subissent les dommages.
L’extraction minière est cependant nécessaire si nous voulons abandonner le charbon, le pétrole et le gaz tout en profitant des commodités modernes, comme l’utilisation de téléphones intelligents, de véhicules électriques, d’appareils efficaces sur le plan énergétique et plus encore.
La plupart d’entre nous, en particulier ceux et celles qui habitent en milieu urbain, ne pensent pas souvent à l’extraction minière, bien que ses produits nous entourent. « Les téléphones cellulaires peuvent contenir jusqu’à deux tiers des éléments du tableau périodique, dont une douzaine de métaux différents », écrit Vince Beyser dans Power Metal : The Race for Resources that Will Shape the Future. En ce qui concerne le cuivre seulement, « 34 kg du minerai doivent être arrachés à la terre pour fabriquer un seul iPhone de 4,5 onces ».
Il est préférable de réutiliser, mais cela peut s’avérer ardu dans un monde dominé par l’obsolescence programmée.
Ainsi, Christopher Pollon se demande : « Comment pouvons-nous fournir les métaux nécessaires à notre société sans détruire l’environnement ni violer les droits des populations les plus vulnérables de la planète? » Les deux auteurs avancent que le changement doit venir principalement de nous, plutôt que de la manière d’extraire les minéraux.
On entend souvent parler des trois « R » : réduire, réutiliser, recycler. Bien que le recyclage soit effectivement important, il est déjà mis en pratique. Par exemple, l’« exploitation minière urbaine » consiste à récupérer les métaux mis au rebut et les déchets qui en contiennent, puis à en extraire les minéraux de valeur, tels que le cuivre. Selon Christopher Pollon, le recyclage des batteries des véhicules électriques pourrait entraîner une diminution de la demande d’extraction minière primaire de 25 % pour le lithium, de 35 % pour le cobalt et le nickel, et de 55 % pour le cuivre.
« Il est vrai que le recyclage est bénéfique, mais il est totalement insuffisant », admet Vince Beiser. « Bien que cette pratique permette d’économiser de l’énergie et de réduire notre utilisation de matières premières, les coûts qui en résultent sont exorbitants. » Le recyclage est énergivore, génère des polluants et des sous-produits toxiques et est souvent effectué par des travailleurs et travailleuses pauvres dans des conditions dangereuses.
En réalité, il est préférable de réutiliser, mais cela peut s’avérer ardu dans un monde dominé par l’obsolescence programmée. D’après Christopher Pollon, l’industrie de la réutilisation des métaux est en plein essor, « atteignant une valeur d’au moins 230 milliards de dollars en 2021 ». Pensons seulement aux appareils électroniques remis à neuf et à l’expansion des marchés asiatiques et africains pour les produits d’occasion.
Même si nous devons progressivement abandonner les combustibles fossiles, il faut surtout veiller à ne pas troquer un ensemble de problèmes contre un autre.
Les auteurs soulignent tous deux la nécessité de repenser notre relation avec l’énergie, l’extraction minière et les ressources naturelles. Pour y parvenir, une myriade de solutions doivent être envisagées, notamment l’amélioration des techniques et des pratiques d’extraction minière, le recyclage et la réutilisation. Toutefois, il est crucial de réduire notre consommation, en particulier dans les pays occidentaux, où le gaspillage est encouragé.
Nous devons surtout abandonner « l’idée que nous devons remplacer les 1,4 milliard de voitures, de camions et d’autobus à essence ou au diesel par des véhicules électriques », ajoute Christopher Pollon. Non seulement les voitures à usage personnel engendrent du gaspillage, mais elles sont également inefficaces et, surtout, inutiles. Aux yeux de Vince Beiser, « la meilleure façon de réduire la demande de métaux critiques est de réduire la demande de voitures ». Cela contribuera également à prévenir les décès liés à la pollution et aux accidents de la route.
Pour atteindre cet objectif, il est essentiel d’accroître l’offre de transport en commun électrique et d’autres modes de déplacement, en plus d’améliorer l’aménagement urbain pour rendre les villes plus propices à la marche, au vélo et à d’autres formes de mobilité durable.
Même si nous devons progressivement abandonner les combustibles fossiles, il faut surtout veiller à ne pas troquer un ensemble de problèmes contre un autre. Ces ouvrages essentiels proposent des solutions avisées.