Double victoire pour l’arrondissement montréalais Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) au mois de septembre dernier : le boisé Steinberg est à présent intégralement protégé et une réglementation en faveur de l’espacement de la collecte des déchets a été adoptée par le conseil d’arrondissement.
Afin de mettre en lumière les luttes citoyennes des membres du Réseau Demain le Québec, la Fondation David Suzuki s’est entretenue avec Laure Mabileau de l’Association québécoise Zéro Déchet (AQZD), Charline Marion et Benoît Fournier du Choeur de la transition de Montréal, ainsi que Cassandre Charbonneau de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM. Leurs témoignages démontrent le rôle essentiel de la mobilisation citoyenne dans chaque étape de ces avancées.
Créée initialement pour le Festival Zéro Déchet de Montréal en 2017, l’AQZD s’évertue à sensibiliser la population, les gouvernements, les entreprises et les groupes régionaux aux bienfaits des initiatives zéro déchet pour l’environnement, la santé et la société.
Le Chœur de la transition de Montréal est quant à lui un mouvement de chant de trois à quatre voix, dont l’objectif est de diffuser le message de la transition écologique de façon agréable et émotive auprès de personnes qui n’y sont pas encore sensibilisées.
De son côté, Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM s’active à préserver des espaces verts en friche et s’oppose à des projets industrialo-portuaires et routiers dans MHM.
Sauvegarde du boisé Steinberg : une réussite exceptionnelle
Depuis le 12 septembre dernier, aucun développement routier ou industriel ne pourra désormais être effectué dans le boisé Steinberg. Cette avancée a été rendue possible grâce à une concertation entre Hydro‑Québec et la Ville de Montréal. Celle-ci a également acquis une partie de la friche Longue-Pointe du CN, entre le quartier Viauville et le site de Ray-Mont Logistiques.
Ces deux espaces seront reliés par un corridor vert, qui reliera à terme les boisés Steinberg et Vimont, permettant de créer une zone tampon entre les activités industrielles et les quartiers résidentiels à proximité, tels que Viauville.
Cassandre Charbonneau explique que les habitant.e.s de l’arrondissement ont occupé le territoire de différentes manières et à plusieurs reprises depuis huit ans, que ce soit à travers des camps Action Climat, des spectacles, des randonnées guidées, des marchés de Noël, des projections de films, des pétitions et des rencontres avec les élu.e.s, entre autres.
Bien que des sentiers et des pistes cyclables pourront traverser le bois, la co-porte-parole du mouvement précise que la communauté tient à ce que le caractère libre de cet espace soit conservé et qu’il soit aménagé le moins possible. Une décontamination par le biais des phytotechnologies est également souhaitée.
Toutefois, puisque seule la moitié de la friche ferroviaire a été acquise par la Ville, la gare de triage pour les activités de Ray-Mont Logistiques reprendra ses activités, posant l’enjeu des nuisances qui en découleront.
La lutte continue. Il y a une incompatibilité entre les activités portuaires colossales et leur proximité avec les milieux de vie. C’est comme si le port s’installait dans le quartier plutôt que d’investir les berges situées sur l’avenue Notre-Dame.
Cassandre Charbonneau
Espacer la collecte des déchets : marier chant et mobilisation
Le 9 septembre 2024, le maire de l’arrondissement MHM, Pierre Lessard-Blais s’est engagé à espacer la collecte des déchets toutes les deux semaines afin que la population participe davantage aux autres collectes, dont le compostage.
Dans ce cadre, l’AZQD s’est rendue au conseil d’arrondissement pour montrer son appui au maire et aux élu.e.s. « Il faut défendre les politicien.ne.s qui se mobilisent pour l’environnement; on se rallie souvent contre et non en faveur d’un projet. C’est important d’être présent.e.s sur ces questions contraignantes, car elles sont à la base de plus grandes mesures », témoigne Laure Mabileau.
La cofondatrice du groupe indique que le compostage est un enjeu crucial, car l’enfouissement des déchets contribue à la création de méthane. « C’est une source de gaz à effet de serre qui est évitable et accessible à tout le monde. Il s’agit simplement de déplacer sa main et de mettre les ordures dans un autre bac » ajoute-t-elle.
Bien que des mouvements d’opposition étaient présents et cassants, l’action portée par l’AQZD s’est démarquée par son originalité. En effet, elle a été amplifiée et mise en paroles par le Chœur de la transition de Montréal, qui a apporté son soutien. Ainsi, une vingtaine de personnes se sont rassemblées et ont chanté le chant « Nous aurons », écrit par Nathalie Ainsley et d’après la musique de Charles Desjardins.
Dans le milieu militant, on agit beaucoup par devoir. Allier chant et militantisme permet de fusionner le devoir et le plaisir. Cela devient donc du militantisme plaisant : on parle de joie militante.
Charline Marion